« Postcards from London » : Le nouvel album de Guy Bélanger s'ajoute à l'héritage des studios Abbey Road

Pour souligner ses 50 ans de carrière musicale, Guy Bélanger a enregistré Postcards from London au légendaire Studio 2 d’Abbey Road — un rêve audacieux devenu réalité grâce au réalisateur Jean Ouimet et à une équipe québécoise soudée.

« Postcards from London » : Le nouvel album de Guy Bélanger s'ajoute à l'héritage des studios Abbey Road

Pour souligner ses 50 ans de carrière musicale, Guy Bélanger a enregistré Postcards from London au légendaire Studio 2 d’Abbey Road — un rêve audacieux devenu réalité grâce au réalisateur Jean Ouimet et à une équipe québécoise soudée.


Par Michel Plante et Robert Schryer

Pour souligner son 50ᵉ anniversaire de carrière, l’harmoniciste Guy Bélanger s’est vu offrir un des plus beaux cadeaux dont tout musicien rêve de vivre. C’est au mythique Studio 2 d’Abbey Road qu’il a été convié pour enregistrer son 10ᵉ album, « Postcards From London », accompagné de ses musiciens et du jeune ingénieur du son Charles-Émile Beaudin.

Guy Bélanger dans le studio 2 d'Abbey Road

Comme on peut s'en douter, très peu de Québécois ont mis les pieds dans ce studio londonien historique. Une grande partie des lieux est restée inchangée depuis la dernière session d'enregistrement des Beatles. Même « Mrs. Mills », le piano droit Steinway Vertegrand utilisé sur « Penny Lane » et « With a Little Help from My Friends » en 1967, trône toujours fièrement dans le studio.

Comment arrive-t-on à ajouter sa propre page d’histoire à ces murs qui ont tout vu et tout entendu, ou presque ? Il suffit de penser à Alan Parsons, David Bowie, Pink Floyd, Amy Winehouse, Massive Attack, Oasis, Nick Cave, Shirley Bassey, Tony Bennett, Lady Gaga, sans oublier les Fab Four, et tant d'autres qui sont devenus des légendes.

Studio 2 avec Mrs.Mill à gauche

Tout commence avec le producteur Jean Ouimet (Session 5 Entertainment), qui voit grand pour les artistes québécois et croit qu'avec des « j'aurais dû », aucune page d'histoire ne s'écrit jamais.

D'ailleurs, l'histoire de Abbey Road Studios est indissociable de celle de la musique enregistrée. En 1929, alors que les enregistrements étaient encore réalisés de manière acoustique à l'aide d'un grand cornet en bois et de disques de cire, la Gramophone Company a vu une opportunité et a commencé à chercher un site pour soutenir la nouvelle industrie de l'enregistrement électrique. Ils ont trouvé une maison de neuf chambres avec un grand jardin à vendre à St. John’s Wood, au nord-ouest de Londres, et l'achète pour 16 500 livres sterling avant de passer deux ans à construire les premiers studios d'enregistrement au monde.

Le 12 novembre 1931, lors de la cérémonie d'ouverture, la Gramophone Company avait déjà fusionné avec la Columbia Graphophone Company pour former la célèbre Electrical and Musical Industries (EMI).

Jean a fait équipe avec René Moisan, des Productions Bros, qui a coproduit tous les albums de Guy ainsi que celui-ci et qui en assure la distribution en magasin et sur les plateformes grâce à sa maison de disques Bros, ainsi qu’avec Mario Gagnon, vétéran de l’industrie de la haute fidélité et coproducteur de longue date, avec lequel il avait déjà collaboré à l’époque de Bob Walsh, pour mettre sur pied ce projet. Mario a eu l’intuition de nous inviter, Sarah et moi — ma conjointe et partenaire d’affaires — à nous joindre à lui en tant que commanditaires. Il a entamé la conversation à un coin de la rue Ontario, et nous avions accepté avant même d’arriver de l’autre côté de la rue. C’était une évidence !

Il ne manquait plus qu'un commanditaire pour boucler le budget, et c'est l'audiophile et maître brasseur Sylvain Robitaille qui s'est joint au groupe.

Guy Bélanger devient ainsi le troisième Québécois à enregistrer à Abbey Road. Daniel Lavoie y a enregistré en 2024, ainsi que le duo 2 Frères, qui a réenregistré la même année une version acoustique de leur chanson « Croire en nous ».

(le groupe, de g. à d.) Yves Frulla, Rob MacDonald, Guy Bélanger, Alec McElcheran, Dan Legault)

Plusieurs clips vidéo sont disponibles et rendent compte de ce qu'ont vécu Guy et ses musiciens impeccablement préparés. Après seulement quatre jours, ils ont quitté le studio après avoir enregistré 10 chansons, fiers d'avoir gravé, sinon un chapitre entier, du moins un paragraphe dans l'histoire du Studio 2.

Michel Plante et Sarah Tremblay sont les propriétaires de PMA Magazine et des Audiofests de Montréal et de Toronto.

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Un gâteau a été servi pour marquer le 50e anniversaire de la carrière musicale de Guy.

J'ai eu le plaisir d'assister à la soirée d'écoute pour le lancement du nouvel album de Guy Bélanger, Postcards From London. L'événement s'est déroulé chez Hi-Fi Pro, un magasin d'audio situé à l'est du centre-ville de Montréal et appartenant à Mario Gagnon, l'un des producteurs de l'album. Tous les acteurs principaux — ceux qui ont permis la réalisation du disque — étaient présents, se mêlant et savourant le moment, y compris l'homme sans qui ce projet n'aurait jamais vu le jour : Jean Ouimet. C'est lui qui a eu l'idée de cet album et c'est lui qui a donné le coup d'envoi. Lorsque je lui demande ce qui l'a inspiré, Jean me répond : « J'ai été inspiré par une conférence donnée par Mylène Paquette, la première personne en Amérique à avoir traversé l'Atlantique Nord à la rame en solitaire, d'ouest en est. »

Il a poursuivi en disant : « Elle a parlé d'oser réaliser ses rêves les plus fous. Cela m'a amené à me demander quel serait mon rêve le plus fou. Pour moi, c'était de réserver Abbey Road et de produire un album avec un artiste québécois ! »

Les commanditaires de l'album étaient également présents, Michel et Sarah de PMA Magazine, et l'ancien microbrasseur Sylvain Robitaille, ainsi que quelques médias, dont votre serviteur, et les membres du groupe qui étaient faciles à repérer dans la foule parce qu'ils avaient l'air plus cool que le reste d'entre nous.

Jean Ouimet (g.) et Michel Plante à l'intérieur du Studio 2

C'est lors de l'écoute de l'album que je me suis sentie le plus à l'aise musicalement et que je me suis sentie obligée d'écrire cette critique. J'étais assis parmi d'autres invités dans une salle d'écoute chaleureuse et confortable et j'ai écouté la version LP de l'album à travers une installation hi-fi composée d'une platine Stable 33.33 avec une cartouche Hana EL, un amplificateur intégré Atoll SDA300, une paire d'enceintes Muraudio SP1, avec des interconnexions Atohm et des câbles d'enceintes Nordost.

La musique sonnait merveilleusement bien, tant sur le plan sonore que créatif, remplie de riffs mémorables, d’un jeu de haut niveau et de morceaux débordant de vitalité. Mais surtout, ce qui a retenu mon attention, ce sont les nombreux moments musicaux de l’album où tout, la montée en puissance des notes, la fusion de la créativité et de la virtuosité, le ressenti, se rejoignaient de telle sorte que la musique semblait avoir pris vie d’elle-même. Pendant ces passages, il m’arrivait de lever les yeux de mon bloc-notes et de fixer le système, conscient que j’assistais à quelque chose de spécial, voire de magique.

Tout d'abord, ce groupe est très soudé. Ils jouent comme des frères de sang. Leur synergie est perceptible dès le premier morceau, « Uptown Up » de Maceo Parker, avec son rythme de refrain endiablé et ses solos alternés qui entrent et sortent de leur environnement luxuriant comme des banshees dans le monde d'Avatar. Les musiciens jouent les uns avec les autres comme des télépathes.

Individuellement, chaque musicien se démarque. Le leader du groupe et harmoniciste Guy Bélanger chante habilement sur l'album — il prend la tête sur quelques titres — mais c'est son harmonica qui occupe le devant de la scène. Il est tellement fluide dans le langage de son instrument qu’on croirait presque entendre une voix humaine lorsqu’il en joue, tant sur le plan des tonalités que des émotions. Il a un contrôle absolu sur son instrument. Une seconde, il soufflera quelque chose de bourru et de menaçant ; la suivante, un son aussi pur qu'un hymne d'enfant de chœur sopraniste — et la transition entre les deux est tout à fait fluide. Mais quel que soit son jeu, dur ou doux, il est toujours lyrique et expressif.

Guylène Laurin (g.) et Guy Bélanger lors du lancement de l'album Postcards From London.

Un autre membre du groupe dont le talent pour l'expression musicale semble transcender l'instrument lui-même est le guitariste Rob MacDonald, qui fait preuve d'une grâce, d'un calme et d'une fluidité hors du commun dans sa technique. Comme Guy, il joue de son instrument comme s'il s'agissait d'une première langue, l'utilisant presque comme un interprète. Mais c'est le lyrisme et les arcs fulgurants de ses solos qui me font tourner la tête et me serrent le cœur.

Le pianiste et organiste Yves Frulla est un autre maître des nuances et de l’expressivité, posant des accords et faisant couler des notes en de riches motifs kaléidoscopiques. Le batteur Dan Legault est inflexible dans son rythme, qu'il agrémente de couleurs complexes qui donnent du caractère et du rebond à la musique. Le bassiste-chanteur Alec McElcheran offre un son articulé et sinueux qui aide à maintenir la musique à flot, et c'est un bon chanteur ; sa voix est bien bluesy — un peu brute, un peu profonde, avec un sens du timing qui swingue. Mon seul regret est qu'il ne chante que sur une seule chanson, « Think it Over », qui est aussi l'un de mes morceaux préférés de l'album.

Guy Bélanger

En réalité, plusieurs passages figurent parmi mes favoris sur Postcards From London. – Même sur des morceaux moins bluesy comme « London Fog » de Guy Bélanger et « The End of the Beginning » de David Ratté et Andréa Bélanger, tous deux écrits dans un style plus méditatif et évocateur, tout en mettant en valeur d’excellents solos. C’est d’ailleurs l’un des aspects que je préfère dans cet album : les solos. L’album en regorge, et toutes ces pièces résonnent avec une sincérité profonde, presque spirituelle.

C'est ce qui caractérise ce groupe — et j'étendrai cette pensée à la poignée de musiciens invités qui ont contribué à certaines chansons — vous pouvez voir qu'ils se donnent à fond et qu'ils s'éclatent dans le processus. Cet album est peut-être basé sur le blues, mais il est empreint d'une attitude joyeuse et festive.

« Postcards from London » offre un portrait d’un groupe opérant à son meilleur niveau. Bien que j'aie déjà écouté l'album une douzaine de fois, je continue à y découvrir de nouvelles choses à chaque écoute. Ce n'est pas seulement un merveilleux album de blues - c'est un merveilleux album, tout court.

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Une parenthèse : Sarah Tremblay et Michel Plante, propriétaires de PMA Magazine et co-commanditaires de Postcards from London, étaient présents lors de l’enregistrement de l’album aux studios Abbey Road en janvier lorsqu’ils ont reçu un appel les informant que le fabricant audio britannique Rega Research pourrait être à la recherche d’un nouveau distributeur canadien. Deux jours plus tard, ils étaient au siège de l’entreprise au pays de Galles avec un plan d’affaires. En mai, rejoints par trois partenaires, ils sont devenus les nouveaux distributeurs canadiens de Rega. En guise de remerciement pour leur implication dans le projet de Guy, qui leur a permis d’être présents à Londres et de devenir distributeurs Rega, ils ont créé, à partir d’une Rega P2, une édition très limitée de la platine Postcards from London. Elle est offerte à 1 099 $CA, chez Hi-Fi Pro.

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