La harpiste montréalaise Valérie Milot a lancé son sixième album studio, Nebulæ, avec un concert à la Salle Bourgie, une salle de spectacle aménagée dans une section rénovée du Musée des beaux-arts de Montréal. Elle offre des sièges plus confortables que ceux des églises traditionnelles, tout en préservant l’agréable acoustique réverbérante qui fait le charme de ces lieux.

Je dois avouer qu’avant cet événement, je n’avais jamais entendu parler de Valérie Milot. J’ai appris par la suite qu’elle est une harpiste remarquable, récipiendaire de nombreux prix au fil de sa carrière — dont le Prix d’Europe en 2008, devenant la première harpiste en près de cent ans à le remporter — et qu’elle a joué avec de grands orchestres. Elle possède même une chaîne YouTube suivie par des milliers d’abonnés.

J’ai assisté à ce concert sur invitation. Au départ, je ne savais pas trop à quoi m’attendre d’un concert de harpe solo. J’étais accompagné de ma conjointe, installé vers l’arrière de la salle, mais avec une vue convenable sur Valérie. Elle était seule sur scène, entourée de plusieurs éléments visuels qui contribuaient à raconter l’histoire thématique de son album. Nebulæ est, en essence, un album conceptuel axé sur l’exploration interplanétaire et la place de l’humanité dans l’univers. Les interventions parlées de Valérie étaient à la fois pleines d’esprit et instructives, servant de lien entre les pièces musicales et le voyage qu’elles composaient.

C’était une expérience des plus agréables et, comme c’est souvent le cas après avoir découvert un artiste en concert et vouloir l’encourager, j’ai acheté le CD de Valérie en quittant la salle — une version vinyle est aussi disponible, tout comme des téléchargements en haute résolution. C’est à ce moment-là que j’ai remarqué que le disque était une production 2xHD, un label audiophile reconnu pour ses enregistrements naturels et riches en harmoniques. 2xHD est codétenu par René Laflamme, de la société audio suisse haut de gamme Nagra. L’autre propriétaire du label n’est nul autre que l’ingénieur vedette des superstars, André Perry.

En l’écoutant sur mon système audio à la maison, le son du CD — enregistré par Carl Talbot dans une église — correspondait à mes attentes : chaleureux, réverbérant, texturé, transparent. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’était de constater à quel point certaines mélodies, subtilités tonales et nuances du doigt sur la corde m’avaient échappé lors de la prestation en direct de Valérie.

Certes, j’étais un peu éloigné de la scène, mais à moins d’être assis bien au centre, dans les premiers rangs, sans qu’aucune tête dans le public ne bloque la trajectoire du son, il est inévitable de passer à côté de certaines subtilités techniques, envolées harmoniques ou profondeurs musicales qui rendent l’interprétation si captivante.

De la même façon, une composition peut receler un immense potentiel, mais sa véritable valeur dépend de la manière dont elle est interprétée et exécutée par l’artiste — c’est ce que nous entendons, après tout. Et si des éléments clés de cette performance sont masqués, c’est toute l’œuvre qu’on ne perçoit pas pleinement. C’est regrettable, non seulement pour nous, les auditeurs, mais aussi pour le compositeur et l’artiste, qui ont investi tant d’efforts pour faire naître quelque chose de véritablement exceptionnel.

C’est là que réside la plus grande différence entre assister à un concert depuis la douzième rangée, côté cour, et écouter un excellent enregistrement sur un système audio de qualité : la quantité de musique que l’on peut réellement percevoir. Un enregistrement a aussi l’avantage de la permanence : on peut y revenir autant de fois qu’on le souhaite, réécouter un passage qu’on aurait manqué ou qu’on veut savourer à nouveau. Un concert, en revanche, est éphémère. Dès qu’une note est jouée, elle s’évanouit à jamais. Si vous l’avez manquée ou souhaitez l’entendre une seconde fois, eh bien… tant pis.

Il ne s’agit en aucun cas d’une critique de l’expérience du concert en direct. J’adore assister à des concerts, et j’ai pris un immense plaisir à voir et entendre Valérie jouer en personne de sa majestueuse harpe dorée. Son talent est fascinant à observer, offrant un aperçu d’une virtuose au sommet de son art. Ce n’est pas non plus un reproche envers la salle elle-même : la Salle Bourgie est un lieu à l’acoustique remarquable, où le son est d’une grande qualité. Mais un concert n’est pas qu’un événement musical, c’est aussi un moment social. Et aussi agréable qu’une soirée puisse être — et celle-ci l’a été sans conteste —, lorsqu’il s’agit d’entendre l’intégralité d’une œuvre, rien n’égale un excellent enregistrement diffusé sur un système audio de qualité.

On pourrait soutenir, à juste titre, que toute musique ne requiert pas une fidélité sonore absolue. Mais selon moi, les arrangements de Valérie et son niveau de virtuosité le méritent pleinement. Son jeu est d’une telle délicatesse, si riche en nuances et en micro-expressions, qu’il récompense une écoute attentive. La façon dont elle gratte, pince et étouffe ses notes est tout simplement envoûtante. C’est un autre langage, un univers parallèle niché au cœur de celui, plus vaste, qu’évoque Nebulæ. Valérie maîtrise son instrument avec une précision absolue, et cette maîtrise se révèle avec éclat dans un enregistrement de qualité comme Nebulæ.

Il y a aussi, bien sûr, la question des compositions elles-mêmes. Les arrangements et la musicalité de Valérie leur rendent hommage, comme il se doit. Nebulæ réunit des œuvres intemporelles de maîtres tels que Claude Debussy, Franz Liszt et d’autres. L’album comprend également deux pièces de compositeurs québécois — Denis Gougeon et Amélie Fortin — tous deux présents lors du concert auquel j’ai assisté. Leurs œuvres s’intégraient parfaitement au répertoire, sans jamais sembler déplacées face à celles des grands maîtres.

Si l’occasion se présentait et si j’étais vous, j’irais, comme je l’ai fait, voir Valérie exercer sa magie sur scène — elle joue avec une grâce enivrante, et le récit qu’elle tisse autour de notre relation à l’univers est absolument fascinant. Et j’écouterais son album Nebulæ, ou l’un de ses autres enregistrements, dans le calme et l’intimité de mon chez-moi. De cette façon, vous profitez du meilleur des deux mondes.

Pour en savoir plus sur Valérie Milot, cliquez ici.
Pour en savoir plus sur 2xHD, cliquez ici.