
Cet article a รฉtรฉ publiรฉ pour la premiรจre fois dans Copper Magazine de PS Audio, avec qui PMA entretient un programme dโรฉchange de contenu.
La musique enregistrรฉe sur bande analogique et publiรฉe sur vinyle dans les annรฉes 1970, en particulier, possรจde une qualitรฉ captivante qui sโest ancrรฉe dans la mรฉmoire de nombreux mรฉlomanes et audiophiles. Bien que la technologie numรฉrique ait dรฉpassรฉ la bande analogique en termes de rapport signal/bruit mesurable et d'autres critรจres acoustiques, les รฉlรฉments immatรฉriels de la musique intemporelle de cette รฉpoque et de ce format continuent dโรชtre saluรฉs par beaucoup comme le sommet de lโart musical, tant sur le plan artistique que sonore.
Pour marquer son 75แต anniversaire, McIntosh Labs sโassocie au studio de masterisation Sterling Sound pour produire une sรฉrie de disques vinyles AAA enregistrรฉs sur bande analogique. Ces enregistrements visent ร tirer parti de lโengouement croissant pour le vinyle tout en illustrant ce quโun son dโavant-garde peut offrir lorsque lโon combine un รฉquipement et des studios de classe mondiale ร un niveau exceptionnel de virtuositรฉ musicale.
Acclamรฉ pour son jeu de batterie emblรฉmatique aux cรดtรฉs de Jaco Pastorius dans Weather Report, ainsi quโavec Joni Mitchell, Pat Metheny, Steely Dan, Stan Kenton et bien dโautres, Peter Erskine sโest รฉgalement illustrรฉ par ses enregistrements lรฉgendaires pour ECM, ses bandes originales de films et ses ลuvres orchestrales. Laurรฉat dโun Grammy Award, il compte plus de 700 crรฉdits dโenregistrement ร son actif et enseigne en tant que professeur de musique ร lโUniversitรฉ de Californie du Sud (USC).
Premier artiste ร prรฉsenter cette collaboration McIntosh/Sterling, Peter Erskine dirige un quartet composรฉ de lui-mรชme ร la batterie, Alan Pasqua au piano, Bob Mintzer au saxophone et Darek Oles ร la basse.ย McIntosh SESSIONS Volume 1 : The Peter Erskine Quartet. Les huit compositions ont รฉtรฉ enregistrรฉes au Studio A des studios d'enregistrement Henson (anciennement A&M) ร Hollywood et masterisรฉes au Sterling Sound ร Nashville. Produit par Jeff Levenson, il a รฉtรฉ enregistrรฉ et mixรฉ par Rich Breen.

Avec pour objectif de McIntosh de reproduire lors de la lecture le son exact perรงu par le producteur et lโingรฉnieur en studio au moment de lโenregistrement, un enregistreur classique Studer A800 MkIII โ 2 pouces, 24 pistes, similaire ร celui utilisรฉ par Prince ร Paisley Park, a รฉtรฉ employรฉ, accompagnรฉ de bandes RTM SM900. Le mixage stรฉrรฉo 2 pistes a ensuite รฉtรฉ rรฉalisรฉ sur une platine stรฉrรฉo Ampex ATR 102 1/2 pouce.
Le matรฉriel McIntosh utilisรฉ pour la lecture comprenait ses cรฉlรจbres prรฉamplis C8 ร tubes, ses amplificateurs de puissance MC830 ร semi-conducteurs, ses moniteurs XR50 ainsi que les platines MT5 et MT10.
McIntosh SESSIONS, Volume 1 dรฉmarre sur les chapeaux de roue avec ยซโฏLeaving L.A.โฏยป, introduit par Erskine et Oles avec un duo batterie-basse. Oles ouvre le bal avec un premier solo, suivi de Pasqua, Mintzer, puis Erskine lui-mรชme. Le riff principal ne fait que de brรจves apparitions, servant uniquement ร encadrer les solos et ร mettre en lumiรจre la virtuositรฉ de chaque musicien.

ยซโฏOld Friendsโฏยป รฉvoque les musiques de Henry Mancini pour The Pink Panther, avec une contrebasse fluide et un saxophone tรฉnor au timbre rauque. Le solo de piano d'Alan Pasqua fait รฉgalement รฉcho aux annรฉes 1960, rappelant le style de Vince Guaraldi. Vers la fin, lโรฉchange en call-and-response menรฉ par la batterie dโErskine illustre sa philosophie de ยซโฏcomposer avec ses tamboursโฏยป, quโil a dรฉjร รฉvoquรฉe dans des interviews passรฉes.
ยซโฏChillispoโฏยป est un morceau enjouรฉ et optimiste qui dรฉbute ร la batterie et se dรฉroule dans une ambiance lรฉgรจre et agrรฉable, ponctuรฉe de divers solos. Le solo de batterie tout en retenue dโErskine constitue le point culminant de la piste.
Erskine a expliquรฉ que lโun des dรฉfis de lโenregistrement sur bande analogique rรฉside dans la pression de ยซโฏrรฉussir en directโฏยป, car le processus dโenregistrement numรฉrique, avec sa facilitรฉ dโรฉdition et de correction des notes, peut ostensiblement conduire les musiciens ร manquer de concentration et dโintensitรฉ, compromettant leur capacitรฉ ร ยซโฏdonner le meilleur dโeux-mรชmesโฏยป lors dโune prise.
Le saxophone รฉvocateur de Mintzer et les nuances texturรฉes du piano de Pasqua sont ร lโhonneur dans ยซโฏGumbo Timeโฏยป, tandis que la remarquable contrebasse dโOle introduit et instaure lโambiance de ยซโฏInto the Darkโฏยป. Le riff ร deux accords de ce morceau, combinรฉ ร la montรฉe en tension suivie du relรขchement orchestrรฉ par la batterie dโErskine, รฉvoque les bandes originales des films dโespionnage et des drames policiers des annรฉes 1970. ยซโฏA Few Good Notesโฏยป offre ร Mintzer et Ole lโoccasion de briller sur cette mรฉlodie dynamique, avec Erskine et Pasqua les soutenant et rรฉpondant par des phrases musicales qui viennent ponctuer les lignes de saxophone et de basse.
ยซโฏDavidโs Bluesโฏยป, composรฉ par Erskine, dรฉbute par une ligne chromatique qui pourrait รฉvoquer Ornette Coleman, avant de basculer rapidement dans un groove auquel les quatre musiciens sโaccordent parfaitement. Mintzer propose un solo de saxophone lรฉgรจrement plus dissonant que sur les autres morceaux, tandis que Pasqua apporte une touche de lรฉgรจretรฉ en puisant dans des phrasรฉs ร la Chick Corea. Les solos รฉtendus dโErskine constituent le point culminant de la piรจce, illustrant sa maรฎtrise de la batterie, quโil sโagisse de phrases minimalistes aux cymbales ou de roulements polyrythmiques spectaculaires.
Le dernier morceau, ยซโฏThe Folksโฏยป, dรฉbute par une introduction au saxophone et au piano qui รฉvoque le style de Toshiko Akiyoshi et Lew Tabackin. Les phrasรฉs du piano, ainsi que la progression de la composition, sโinscrivent pleinement dans lโunivers musical de Pasqua, avant de se conclure sur les dรฉlicats roulements de balais dโErskine ร la caisse claire.

Les Sessions McIntosh โ Volume 1 est irrรฉprochable sur le plan sonore, mรชme sur la version en streaming que jโai pu รฉcouter pour cette critique. Du point de vue des performances, ce nouvel album du Peter Erskine Quartet se hisse au mรชme niveau que ses enregistrements ECM avec John Scofield, Bill Frisell, John Abercrombie, Gary Peacock et Mark Johnson. Sans surprise, ces albums, plรฉbiscitรฉs par les audiophiles, avaient eux aussi รฉtรฉ enregistrรฉs sur bande analogique, en direct et sans overdubs.
Manfred Eicher savait que lโenregistrement en direct de musiciens de haut niveau capturait une magie qui pouvait se perdre avec lโoverdubbing, un exploit quโil a rรฉalisรฉ avec les meilleurs albums dโECM. La sรฉrie McIntosh rend hommage ร cette tradition et, espรฉrons-le, contribuera ร la faire revivre pour une nouvelle gรฉnรฉration de passionnรฉs de vinyle.
Commentaires de Frank Doris :
J'ai รฉcoutรฉ un flux haute rรฉsolution 44.1/24 sur mon ordinateur de bureau haut de gamme ainsi que sur mon systรจme principal (รฉquipรฉ dโenceintes PS Audio Aspen FR10). Comme John, je nโai pas voulu profiter dโune copie gratuite dโun LP ร 150 $ (qui sera probablement trรจs prisรฉ par les amateurs de McIntosh), donc ce nโest pas une comparaison stricte. Cela dit, le commentaire de John affirmant que cet enregistrement est ยซโฏimmaculรฉ sur le plan sonoreโฏยป rรฉsume parfaitement la situation. Les deux premiers mots de mes notes dโรฉcoute sont ยซโฏexcellente clartรฉโฏยป.
Les descriptions musicales de John sont parfaitement justes, mais je ne peux mโempรชcher de mentionner que jโai adorรฉ la citation au saxophone de Bob Mintzer tirรฉe de ยซโฏSomewhere in Paradiseโฏยป dans ยซโฏDavidโs Bluesโฏยป. Lโalbum regorge de nombreux moments musicaux mรฉmorables.
Le son penche davantage vers la luminositรฉ que vers lโobscuritรฉ, sans pour autant รชtre un enregistrement ยซโฏรฉclatantโฏยป. Les instruments bรฉnรฉficient dโune dรฉfinition et dโun poids remarquables, avec une soliditรฉ et une attaque dynamique du piano, en particulier, qui font souvent dรฉfaut dans les enregistrements de piano jazz. Les instruments sont parfaitement positionnรฉs dans le champ sonore, avec un รฉquilibre excellent. Le son est ouvert, aรฉrien, et, effectivement, รฉvoque lโampleur caractรฉristique des enregistrements ECM.
Comme on pouvait sโy attendre, รฉtant donnรฉ que le batteur Peter Erskine dirige le groupe, le son de la batterie est tout simplement sensationnel. Lโimpact dynamique peut รชtre saisissant lorsque la musique le demande (et Erskine ne surjoue jamais). La tonalitรฉ et lโaccordage de la batterie sont un pur plaisir ร รฉcouter, quโil sโagisse du caractรจre distinct de chaque tom ou du lรฉger ยซโฏafter-ringโฏยป de la caisse claire, qui ajoute tant de vivacitรฉ et de personnalitรฉ. La maรฎtrise dโErskine des nuances dynamiques et des textures percussives est remarquable. Tantรดt, la batterie apporte une subtile colorationโฏ; tantรดt, elle propulse la musique avec une autoritรฉ impressionnante.
Avant tout, cet enregistrement vous fait rรฉellement percevoir les nuances musicales qui tรฉmoignent que vous รชtes en train dโรฉcouter des maรฎtres musiciens jouer ensemble, avec une cohรฉsion que seuls des artistes de ce calibre peuvent atteindre. Bien jouรฉโฏ!
Reproduit avec l'autorisation de l'auteur. Pour plus d'articles comme celui-ci, visitezย Copper Magazine.















Laisser un commentaire