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Et si l’industrie hi-fi investissait dans la musique qu’elle chérit ?

Le monde de la haute fidélité reçoit un électrochoc avec cet article qui dénonce le fossé entre l’opulence du matériel audio et le manque de financement pour les artistes — exhortant les marques à soutenir la création musicale, plutôt que de se contenter d’embellir la lecture des mêmes vieux morceaux.

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Et si l’industrie hi-fi investissait dans la musique qu’elle chérit ?

Le monde de la haute fidélité reçoit un électrochoc avec cet article qui dénonce le fossé entre l’opulence du matériel audio et le manque de financement pour les artistes — exhortant les marques à soutenir la création musicale, plutôt que de se contenter d’embellir la lecture des mêmes vieux morceaux.


Disons-le franchement : le monde de la haute fidélité a un petit problème d’image. Pas dans le sens où l’on remettrait en cause les prouesses techniques de ses appareils, mais plutôt dans l’écart criant entre cette quête noble de pureté sonore et la réalité bien moins reluisante des artistes qui créent la musique.

Car pendant que les audiophiles poursuivent leur nirvana sans perte avec du matériel qui coûte plus cher qu’un semestre à la Juilliard, les artistes qu’ils prétendent vénérer peinent souvent à financer quelques heures de studio via le sociofinancement ou murmurent leurs voix dans un SM58 remis à neuf, coincés dans un placard.

Et pourtant, à chaque salon de l’industrie, que réentend-on ? Les mêmes morceaux de démonstration ressassés, comme des crooners fatigués qui savent exactement où est leur intérêt. Oui, oui, Diana Krall sonne à merveille sur un système à 40 000 $. Mais peut-être – juste peut-être – qu’il serait temps de renouveler un peu le répertoire.

Voici une idée folle qui ne devrait pas l’être : et si les fabricants hi-fi soutenaient vraiment la création musicale ? Pas seulement la reproduction sonore. Imaginez que chacun de ces géants de l’audio parraine un musicien. Un artiste. Une année. C’est tout.

Ce n’est pas révolutionnaire. C’est simplement une question de chiffres. Les budgets marketing partent dans des brochures plus luxueuses ou des pubs Instagram toujours plus léchées. Redirigez-en une fraction vers le financement de vrais albums — conçus pour briller sur des systèmes audiophiles — et soudain, vous ne vous contentez plus de vendre un produit. Vous façonnez la culture qui l’accompagne.

Le résultat ? Immédiat et partout. Un artiste soutenu par une marque hi-fi obtient une véritable plateforme, des ressources, et surtout, la liberté de créer sans vivre avec l’angoisse permanente du loyer. Au lieu de croiser les doigts pour que son dernier morceau ne disparaisse pas dans l’abîme de Spotify, il peut créer quelque chose d’ambitieux, en sachant que quelqu’un croit vraiment au projet.

Et pour l’entreprise, les retombées sont tout aussi séduisantes. Commandez des performances exclusives, organisez des expériences d’écoute immersives, produisez des albums qui ne se contentent pas d’habiller le fond sonore — faites en sorte que l’œuvre soit à la hauteur des outils qui la révèlent. Ce n’est pas de la charité. C’est un alignement de marque qui a du sens.

Et voici la cerise sur le sundae : les fans le remarquent. Si un artiste adoré est soutenu par une marque hi-fi, cette marque ne sera plus un simple logo — elle deviendra une partie intégrante de l’histoire. Un allié. Et quand ces fans penseront à passer des écouteurs d’entrée de gamme à quelque chose de plus sérieux… devinez quelle marque leur reviendra en tête ?

Et puis il y a cette délicieuse ironie : offrez aux musiciens l’accès à l’équipement habituellement confiné dans les salons de retraités obsédés par l’acoustique, et soudain, ils ne se contentent plus d’enregistrer — ils expérimentent. Ils repoussent les frontières. Plutôt que de comprimer leurs ambitions sonores dans des mixages étriqués sur laptop, ils sculptent des mondes sonores immersifs, pensés pour s’épanouir en haute fidélité. Des suites ambiantes à la précision troublante. Du jazz aux nuances spatiales d’un concert en direct. Des morceaux pop qui utilisent l’audio spatial non comme un gadget, mais comme une véritable architecture.

Et en prime : plus de musique voit le jour. De la musique neuve. Étrange. Sublime, expérimentale, chaotique, transcendante. Le genre de musique qui rappelle à chacun pourquoi le son compte, fondamentalement.

Certaines entreprises commencent déjà à comprendre. Forté, par exemple, vend du matériel haut de gamme via forte-distribution.ca et soutient la musique originale sur forteartmusic.com. Audio Note UK a une longue tradition d’enregistrement et de publication de musique en accord avec sa philosophie sonore — Pure Cello de Vincent Bélanger, par exemple, a été conçu spécifiquement pour refléter leurs idéaux acoustiques. De son côté, Moon by Simaudio a soutenu des artistes émergents grâce à son MOON Music Prize, contribuant à la production de premiers albums avec un véritable temps de studio, des pressages vinyle, et l’attention que les audiophiles prétendent tant apprécier. Ces marques ne se contentent pas de vendre du matériel : elles soutiennent la force créative qui lui donne tout son sens. C’est le genre de décision empreinte de bon sens qui aurait dû être la norme dans cette industrie depuis le début.

Alors, que font les autres ? Ils courent toujours après le Saint-Graal de la pureté sonore, tout en fermant les yeux sur le désordre sacré qu’est la création. Ils continuent de polir les mêmes standards de jazz pendant que le prochain grand album meurt à petit feu sur le disque dur de quelqu’un.

Voici la vérité — au cas où elle aurait été ensevelie sous une pile de fiches techniques : sans bonne musique, votre installation immaculée n’est rien d’autre qu’un sanctuaire du silence. Le matériel n’a de sens que s’il est au service de l’art.

Alors, si le monde de la hi-fi veut vraiment compter sur le long terme, il doit arrêter de jouer les musées et commencer à se comporter en véritable mécène. Financer la musique. Soutenir le chaos. Faire partie de quelque chose de vivant.

Il est temps de prouver que la passion ne s’arrête pas à l’équipement, mais qu’elle est dirigée vers la musique elle-même. Et si des entreprises comme Forté en sont capables, les autres n’ont plus aucune excuse.

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