« La vie ne se résume pas à fréquenter le mec de l'équipe de football. » - Taylor Swift

Vraiment ?

Au cours des derniers mois de la saison de la NFL, on ne dirait pas. Alors que nous nous dirigeons vers le Swifter Bowl, tout l'univers des réseaux sociaux semble être obnubilé par la relation entre la superstar de la pop Taylor Swift et le mec du football. Sur ce point, j'aimerais souligner que Swift a marqué l'histoire la semaine dernière, à la fois en remportant son 4ème Grammy de l'album de l'année — une première pour un artiste — et en n'apparaissant pas miraculeusement comme une déesse paréidolique gravée sur mon toast du petit-déjeuner.

Eh bien, elle a été partout ailleurs. Et tandis qu'elle parcourt le globe sur des talons de 10 cm pour sa conquête totale, la question se pose : combien de Taylor est... trop de Taylor ?

Depuis des semaines, le monde des fans de football a été soit enthousiasmé ou soit indisposé par la présence flagrante et persistante de Swift aux matchs des Chiefs de Kansas City, sautillant comme une pom-pom girl dans le maillot de Travis Kelce tandis que son petit ami, allier rapproché, grimace et rugit sur le terrain, enchaînant les poses de Hulkamania de victoire en victoire vers ce qui a toujours semblé être un retour surnaturellement prédestiné pour Kelce et les Chiefs au Super Bowl.

Taylor enlaçant l'épouse de Patrick Mahomes, Brittany. Les Swifties « en miettes » à cause de l'étreinte de Taylor avec Donna la mère de Travis Kelce,! Taylor sur le Jumbotron, sur le terrain, et dans les débats enflammés alors que les fans de football célèbrent et/ou ronchonnent.

Ceci étant l'Amérique, le « backlash » est aussi inévitable qu'un post en majuscules de Trump — certains amusants, d'autres méchants. Il y a eu des moments où il a été tentant de hocher la tête en accord. Alors qu'elle n'encourageait pas son petit ami, Swift cumulait la 14ème victoire de sa carrière parmi ses 52 nominations aux Grammy, filant à une vitesse supersonique au-delà des 114 millions de ventes d'albums, et accumulant, de manière peu surprenante (et pourtant toujours choquante), une fortune estimée bien supérieure à 1 milliard de dollars (!). Peu importe qu'elle fréquente un double champion du Super Bowl ; observer la vie de Swift, c'est un peu comme voir sa sœur gagner au Powerball chaque week-end. Comment pouvez-vous nous manquer si vous ne disparaissez pas...

Et puis il y a le "backlash" contre le "backlash", les Swifties étant réputés pour leur loyauté féroce. Les fans soulignent en ligne que, « Si vous n'écoutez pas Taylor, vous ne pouvez pas objectivement l'accuser de manquer de talent. » Elle est saluée par ses admirateurs pour ses changements de genre, passant de la country et du folk à la pop, la techno-pop, le rock, le hip-hop, et même un soupçon de slumming indie.

Ajoutant au "backlash" des Swifties, Taylor est devenue un paratonnerre pour une forme plus politisée d'attaque et de défense. Fox News a affirmé que ses vols en jet privé pour les matchs de Kelce ont coûté « 138 tonnes d'émissions en trois mois, alors que la popstar continue d'être la célébrité émettant le plus de carbone au monde ». (Un représentant de Swift a noté que la chanteuse avait acheté le double des crédits carbone nécessaires pour sa tournée Eras avant son lancement en mars.)

Puis ça a tourné MAGA. Un animateur de Fox, en enfilant le chapeau en fer-blanc, de la haine, a affirmé que, « Il y a environ quatre ans, l'unité des Opérations Psychologiques du Pentagone a évoqué l'idée de transformer Taylor Swift en un atout lors d'une réunion de l'OTAN. Quel genre d'atout ? Un Psyop pour combattre la désinformation en ligne ».

Non seulement Whoopie Goldberg a dénoncé cette folie, mais le Pentagone aussi, un porte-parole déclarant, « Concernant cette théorie du complot, nous allons l'ignorer ».

Cela a suscité des réactions négatives de la part de certaines féministes en ligne, qui ont accusé les critiques de Too-Much-Taylor d'être une forme de misogynie, un sifflement de chien pour qu'une femme célèbre et éminente "soit plus petite, soit moins". Et bien qu'il y ait sans aucun doute une part d'Incel-ery vivant dans des caves au pays des râleurs, respectueusement, non, il n'est pas nécessaire d'être un misogyne haineux pour être un peu "au-dessus" du Swiftathon en ce moment, ou plutôt de la question qui l'entoure, comme je le dirai plus loin.

En tant que chroniqueur musical, je n'ai aucun intérêt à critiquer Taylor Swift. Je l'ai vue en concert trois fois, y compris avec ma fille lorsque nous avons conduit de Manhattan au Soldier Field de Chicago pour la tournée Reputation. Cela signifiait traverser toute l'étendue de Pennsyltucky — deux fois. Vraiment, il n'y a pas de plus grande preuve d'amour. Et il est d'autant plus intéressant de noter que Swift est parmi les auteurs-compositeurs les plus conscients de leur célébrité dans l'histoire de la pop : 

« J'ai peur de n'être que moyenne », a-t-elle déclaré un jour. Ses paroles ont fait référence à "ces chasseurs avec des téléphones portables", et dans une réponse plus réfléchie, elle a déclaré : "Je suis sous le regard du public depuis l'âge de 15 ans". "D'un côté, j'ai eu la chance de faire de la musique pour gagner ma vie et de voir des foules de gens aimants et pleins de vie. De l'autre côté, mes erreurs ont été utilisées contre moi, mes chagrins d'amour ont été utilisés comme un divertissement, et mes chansons ont été banalisées en tant que 'partage excessif'".

Puis il y avait ces paroles, dans laquelle elle imaginait l'histoire d'une star qui s'éloignait :

“It was a few years later, I showed up here
And they still tell the legend of how you disappeared
How you took the money and your dignity and got the hell out.”
(« C'était quelques années plus tard, je suis arrivée ici
Et ils racontent encore la légende de ta disparition
Comment tu as pris l'argent et ta dignité et t'es barré. »)

Une prédiction? Swift envisagerait-elle de faire une disparition à la DB Cooper ? Peu probable. Elle semble se délecter de la lumière, et d'avoir totalement recodifié et capturé la couronne de la Beauté Tout-Américaine, réussissant à être la fille d'à côté en talons hauts de 10 000 dollars avec deux jets privés et en s'appropriant la couleur rouge.

Il s'agit d'une douce réprimande. Détendez-vous. Je suis un fan. Et la goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour les plaignants de Fox America a été l'information selon laquelle Swift reviendrait de son spectacle au Tokyo Dome (55 000 places) dans l'un de ses jets (Dassault Falcon 900 ou Dassault Falcon 7X) pour participer à la fête du Super Bowl organisée par Kelce à Las Vegas.

À ce stade, la réplique « de se faire plus petite, de s’effacer » sonne avec une certaine vérité, n'est-ce pas ?? Se rendre au Super Bowl en jet privé est peut-être moche pour un être humain normal qui ne joue pas au Powerball, mais c'est aussi un comportement de Rock Star de rigueur, et la version nucléaire d'un texte de Swift. Et si, disons, Bono ou Jagger se laissaient aller à un tel luxe pour assister au défilé de mode de leur femme/petite amie...

Le problème mentionné ci-dessus ? Si les non-Swifties dénoncent la surexposition de Tay-Tay dans leur cri hystérique et écumant — s'ils cherchent quelqu'un à blâmer pour ce scandale — ne cherchez pas plus loin que la diffusion télévisée dans laquelle ils souhaiteraient qu'elle n'apparaisse pas. Parce que, chers fans du Super Bowl, aucun média dans l'univers des médias ne martèle, n'insiste lourdement et ne « souffle fort » comme la NFL.

La NFL n'a jamais rencontré un problème, un angle, un récit, une image ou une célébrité qu'elle ne pouvait pas surdimensionner et faire avaler de force dans les yeux des téléspectateurs. Commencez par les deux semaines de surmédiatisation que sont le prélude au Super Bowl. Surexposition ? Si Tchernobyl était une ligue sportive, ce serait la NFL, et Travis Kelce et Patrick Mahones en seraient les émissaires irradiés. Kelce est-il dans chaque publicité à la télévision ?

Pourquoi Taylor Swift est-elle sur le Jumbotron alors qu'elle saute et encourage ? A-t-elle demandé à être là ? Quand vous regardez autant de football que moi, vous savez très bien qu'elle est là parce que la NFL utilise la plus grande popstar du monde pour vendre autant d'assurances State Farm, de Budweiser, de soupes Chunky, de F-150, de Pfizer et de maillots Travis Kelce que possible. Et — pour exploiter une démographie jusqu'alors inexplorée : les femmes de 12 à 22 ans. Et-pour puiser dans un réservoir démographique jusqu'ici inexploité : les femmes de 12 à 22 ans.

Tout cela sera bientôt terminé, jusqu'à leur mariage, lorsque cette couverture brûlera ce qui reste de vos rétines. En attendant, Swift peut se consoler avec ses propres paroles : “So don’t you worry your pretty little mind because people throw rocks at things that shine”.
(« Alors ne t'en fait pas pour ta jolie petite tête, parce que les gens ne lancent des pierres que sur ce qui brille ».)