Serez-vous musicoresponsable?

Serez-vous musicoresponsable?


Il y a plus de 30 ans, la notion de développement durable et d’achat écoresponsable prenait son envol. Issu du rapport Brundtland déposé aux Nations Unies, ce concept un peu avant-gardiste à l’époque a changé profondément notre manière de consommer.

Nous nous informons désormais de la provenance du produit — respecte-il l’environnement? Est-ce que le travailleur impliqué dans la production du produit était en âge de travailler et dûment rémunéré? Ces questions sont devenues un automatisme pour la plupart d’entre nous, même un standard.

Je crois que le monde de la musique aurait grandement besoin d’un rapport Brundtland, à tout le moins d’une réforme majeure qui fait en sorte que les revenus de l’industrie de la musique soient mieux répartis. Il y a quelques semaines, je suis tombé sur des statistiques inquiétantes. Selon les chiffres analysés par l’Association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ), en 2020, il s’est vendu au Québec 1,24 million d’albums physiques, toutes provenances confondues, dont la grande majorité était les disques vinyles (qui aurait deviné ceci il y a dix ans?). Ce chiffre a plongée de 45,8 % comparé aux 2,29 millions de disques écoulés en 2019. De 2009 à 2019, les ventes ont chuté de 66 %. La baisse est moins prononcée pour le téléchargement d’albums et les pistes numériques. Toutefois, les ventes continuent de baisser, et ce, année après année. Inquiétant, n’est-ce pas?

Avec ces chiffres, il ne reste plus que les tournées ou spectacles pour permettre aux artistes de vivre de leur art, et par le fait même, de nous en faire bénéficier. Malheureusement, en raison de la pandémie qui nous afflige, les sources de revenus dérivées des spectacles locaux ou nationaux sont pour le moins très mince, pour ne pas dire presque inexistant.

Alors, que faisons-nous, nous consommateur de musique, pour appuyer nos artistes et par le fait même notre relève musicale? Si les chiffres ci-dessus sont passablement similaires de pays en pays, la consommation de musique pour la majorité des consommateurs passe maintenant par l’abonnement aux différents services de musique en streaming.

Voici quelques statistiques concernant les versements octroyés aux artistes par ces services de streaming:

*mensuel
Streamer Bryston BDP-3
Streamer Bryston BDP-3

Ces chiffres sont alarmants pour les artistes œuvrant dans des genres dit populaires, mais ils le sont encore plus pour ceux et celles qui performent dans le jazz et la musique classique.

Comprenez-moi bien, ma chronique n’a pas pour but de dénigrer les services de streaming. En effet, le streaming est une excellente façon de découvrir de nouveaux artistes et genres de musique. Grâce à ces services, les groupes Elbow, London Grammar, et Cigarettes After Sex se sont notamment ajoutés à ma collection. D’ailleurs, pour ne rien vous cacher, je suis abonné à plusieurs services: Spotify, Apple Music, Primephonic, Qobuz, Tidal et Amazon HD. De plus, il y a une portabilité et une convivialité inégalée. Finis les disques durs et les cartes SD pour entreposer notre musique. 60 000 000 de titres sont désormais accessibles sur notre portable pour une modique somme, en moyenne, de 15$ mensuellement, soit moins que l’achat d’un compact disc au Canada dans les années 90 qui étaient près de 20$. Pourquoi payer plus cher lorsque le monde de la musique enregistrée est à notre portée?

Cocktail Audio X45 Pro Music Player/DAC
Cocktail Audio X45 Pro Music Player/DAC

Malheureusement, le modèle actuel de rémunération provenant du streaming est non viable pour plusieurs de nos artistes, surtout qu’en pandémie, ils n’ont plus les tournées et spectacles comme sources de revenus supplémentaires.

Alors que peut-on faire? Nous connaissons déjà certaines solutions: s’abonner aux séries de concerts virtuels ou à tout le moins assister aux prestations en ligne d’artistes en échange de quelques dollars. À ça, nous pouvons ajouter l’achat de marchandise (merch) officielle de l’artiste, et pourquoi pas signer notre nom sur toutes pétitions qui exigent aux compagnies de streaming de compenser l’artiste adéquatement. Mais surtout, et malgré la praticité qu’offre le streaming, si nous ajoutions tous de temps à autres quelques disques supplémentaires à notre collection, physiques ou téléchargées, le balancier se retrouverait dans une bien meilleure position.

Notre manière de consommer la musique aujourd’hui influence la relève musicale de demain, du développement des genres musicaux, de l’enrichissement de notre culture nationale, mais aussi dans le but d’intéresser les gens à une meilleure reproduction audio. Je vous rappelle qu’à présent seules Deezer, Tidal, Qobuz, Amazon, et bientôt Spotify, diffusent en qualité CD au Canada.

Alors, serez-vous musicoresponsable?

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