Une rétrospective remarquable qui se termine bientôt.

MISE À JOUR DU 2 MARS : L'exposition a été prolongée jusqu'au 2 avril 2023.

_{Toutes les photos sont une gracieuseté de l'exposition Pink Floyd, sauf indication contraire.}

Je suis un fan de Pink Floyd depuis que je suis sorti de sous les jupes de ma mère et que j'ai voulu trouver ma place dans le monde par mes propres moyens. C'est à cette époque que j'ai fait la connaissance de Pink Floyd. Ils étaient différents des autres groupes. Ils ne jouaient pas à la radio-pop. Ce sont des expansionnistes musicaux qui dépassent le format prescrit du rock et qui, ce faisant, élargissent nos esprits. Ce sont des instrumentistes d'une compétence et d'une vision intenses. Ils étaient des artistes de la performance. Ils abordaient des thèmes sociaux lourds - inégalité économique, injustice sociale, maladie mentale, sentiment d'impuissance, angoisse et colère. Ils étaient insurrectionnels. Ils étaient radicaux. C'était le punk avant que le punk ne s'empare des thèmes de Pink Floyd, les broie et les recrache dans des accès de rage de deux minutes.

De façon moins importante, Pink Floyd a toujours fait - et fera toujours - partie de ma vie, comme un ami d'enfance que je vois régulièrement, même après toutes ces années.

L'Exposition Pink Floyd : Their Mortal Remains se tient dans le quartier Griffintown, à l'Arsenal art contemporain de Montréal, jusqu'au 5 mars 2023. J’avoue, j’arrive un peu à la fin de la fête ; l'événement a ouvert ses portes en décembre 2022. Mais j'espérais éviter la cohue, et pour ce faire, j'étais même prêt à braver l'une des périodes les plus froides de l'année et les créneaux horaires de visite les plus précoces de la journée. Disons que j'ai sous-estimé les liens qui unissent Montréal à Pink Floyd, et vice versa - l'endroit bourdonnait de gens.

Heureusement, la salle n'était pas remplie uniquement d'admirateurs du groupe ou de curieux désireux d'avoir un aperçu intime du processus créatif de l'un des groupes musicaux les plus populaires de l'histoire. L'endroit débordait d'artefacts, d'art et de faits - plus de 350 de ces choses, y compris un trésor de pièces ressemblant à des décors de films et des souvenirs de toute une carrière, dont la canne utilisée par un instituteur pour punir Roger Waters et Storm Thorgerson, le futur graphiste du groupe. Selon le batteur de Pink Floyd, Nick Mason, les violences physiques subies par Waters à l'école ont inspiré la chanson "Another Brick in the Wall".

Ce que j'ai le plus apprécié dans l'exposition ce sont les notes historiques affichées à côté des souvenirs ou racontées par les membres du groupe et leurs amis via le casque d’écoute prêté par l'exposition et tous les écrans vidéo placés stratégiquement sur le parcours. Ces histoires racontent comment le groupe a vu le jour et a grandi, comment les choses ont été créées et enregistrées, comment une série de personnes clés dans leur vie, parmi lesquelles des illustrateurs, des photographes, des décorateurs et des architectes, ont contribué à façonner et à définir à jamais l'identité de Pink Floyd. Vous serez peut-être aussi surpris que moi de découvrir à qui Waters attribue le plus de mérite pour le succès de Pink Floyd. (Non, pas David Gilmour.) Comme Waters l'explique dans l'une des vidéos, lui et Pink Floyd n'auraient pas été plus qu'une note de bas de page dans l'histoire de la musique, avec quelques tubes dans les années 60 puis disparus en un an, s'ils n'avaient pas poursuivi la vision créative définie par le leader original du groupe, Syd Barrett.

Un autre aspect satisfaisant de l’expo est son déroulement chronologique, avec des sections consacrées à des albums spécifiques. Saviez-vous que Dark Side of the Moon a été le tournant de la carrière de Pink Floyd, transformant le band de groupe culte populaire en un des groupes vendant le plus au monde ? J'ai senti ma colonne vertébrale frissonner lorsque, dans l'une des vidéos, Gilmour se rappelle qu'après avoir écouté l'intégralité du mixage de DSOTM pour la première fois, il s'est dit : "Mon Dieu, nous avons fait quelque chose de vraiment fantastique". Ce qu'ils ont fait, c'est créer un classique qui se vend encore à 7000 exemplaires par semaine.

Saviez-vous que la photo de la couverture de Wish You Were Here, réalisée par l’agence de graphistes Hipgnosis, a nécessité que l'homme d'affaires représenté en train de se faire dépouiller - "brûler" dans le jargon d'antan - soit enflammé 15 fois avant que Aubrey Powell d'Hipgnosis ne soit satisfait de l'image ? Ou que l'homme aux parties du corps invisibles sur la couverture arrière de cet album représente un vendeur de disques moralement absent ? Ou encore que sur Animals, les titres allégoriques des chansons "Dogs", "Sheep" and "Pigs" ont été inspirés par La ferme des animaux, roman de George Orwell ?

Mais je ne veux pas en dire trop. Je me contenterai de dire que l'exposition contient de nombreux éléments qui valent le détour, que vous soyez un fan de Pink Floyd ou un simple amateur de musique. Mais elle se termine bientôt, alors n'attendez pas trop longtemps et grouillez-vous. Pour paraphraser la chanson "Run Like Hell” de The Wall - ”Courez comme un diable" !