
Regardez là-bas ! C’est Captain America ! C’est Iron Man ! C’est Thor brandissant son marteau ! Non… c’est Francis Choinière, le chef d’orchestre de FILMharmonique, brandissant sa baguette.
Francis et l’Orchestre FILMharmonique présenteront le nouveau ciné-concert Marvel Studios’ The Infinity Saga Concert Experience les 15 et 16 août à la Place des Arts de Montréal. L’événement proposera des interprétations orchestrales en direct de vingt-trois extraits musicaux, couvrant les tout premiers films Marvel jusqu’aux plus récents. Une aventure palpitante et chargée d’émotion à travers une saga cinématographique adorée, où chaque partition prendra vie grâce à un orchestre de 80 musiciens sur scène.
Les films-concerts, une tendance en pleine ascension, bouleversent l’expérience cinématographique traditionnelle en proposant au public une nouvelle perspective sur des classiques familiers : une perspective où la musique prend le dessus sur les images et les dialogues, portant à elle seule toute la charge émotionnelle du film.
Si l’image que vous vous faites d’un chef d’orchestre est celle d’un personnage vieillissant à la crinière indomptable, vous risquez d’être surpris par l’apparence jeune et soignée de Francis. Chef d’orchestre depuis plus de dix ans, il a étudié la composition classique en se spécialisant dans les œuvres chorales — une formation qui l’a mené à collaborer avec le ténor italien Andrea Bocelli au Centre Bell de Montréal. Peu après, il a dirigé un ciné-concert de Harry Potter — un événement qui a bouleversé le cours de sa carrière et consolidé sa passion pour l’interprétation d’œuvres orchestrales issues de bandes originales de films à succès.

Fondé en 2015 par Denis Chabot dans le but de rendre la musique classique plus accessible à un plus large public, l’Orchestre FILMharmonique a vu sa popularité exploser lorsque Francis, son frère Nicholas et leur ami Gabriel s’y sont associés en 2018 par l’entremise de leur entreprise de promotion musicale, GFN Productions. Depuis, l’orchestre est passé de quatre ou cinq spectacles par an avant la pandémie à plus de 100 aujourd’hui. Les films présentés en concert incluent Harry Potter, Amadeus, Star Wars, Le Parrain, Gladiator, Titanic, Fantasia, La Passion d’Augustine, Bugs Bunny et Le Seigneur des Anneaux — tous des succès.
Francis attribue le succès du format à l’attrait universel du cinéma. « Les films attirent toutes les générations », m’a-t-il confié lors de notre entretien. « C’est ça, la beauté de la musique de film. J’ai grandi avec Le Seigneur des anneaux et Harry Potter, mais mon père adorait ces films lui aussi. Ces ciné-concerts ont donc une portée très large. »
Cette réalité se reflète dans le profil du public, qu’il décrit comme « un véritable échantillon de la population, avec environ la moitié des spectateurs qui n’ont jamais assisté à un concert symphonique auparavant ». Il ajoute : « Même si c’est vrai que le cinéma a permis d’attirer un public plus jeune, l’auditoire est tout simplement plus équilibré en termes d’âge que dans un concert classique typique. Il y a plus de jeunes, certes, mais ce sont vraiment toutes les générations qui sont présentes. »
Et quelles sont les réactions du public après un de ses événements ? « Beaucoup de gens sont surpris par le nombre d’artistes qu’il faut pour créer une musique de film », explique-t-il. « Il peut y avoir jusqu’à 100 musiciens sur scène. C’est énormément de percussions, de cuivres et de cordes. Je pense que les gens en viennent vraiment à apprécier le travail artistique derrière une bande originale, et à comprendre pourquoi certaines scènes nous font ressentir autant d’émotions. Ce n’est pas comme regarder un film dans son salon, car dans le mix final, la musique est souvent très en retrait. Tandis que dans le cadre de nos concerts, elle est au premier plan. »

Mais cela ne risque-t-il pas de brouiller certains dialogues ? « Les films sont sous-titrés, mais les gens ne viennent généralement pas à ces concerts pour découvrir le film. Certains l’ont vu tellement de fois qu’ils connaissent les dialogues par cœur. Le but, ce n’est pas d’entendre les répliques avec une clarté parfaite, c’est d’entendre la musique.
« Et les gens sont souvent étonnés de se dire : “Wow, je n’avais même pas remarqué qu’il y avait de la musique à ce moment-là.” Dans une bande sonore comme celle du Seigneur des anneaux, qui dure trois heures et demie, il y a peut-être seulement 10 ou 15 minutes sans musique. »
Si vous imaginez, comme moi, que répéter pour l’un de ces événements avec 80 musiciens demande un long processus, détrompez-vous. « En général, on répète deux ou trois fois », explique Francis. « Nous avons un bassin de musiciens très talentueux, habitués à ce genre de répertoire. Et on remarque aussi que tout le monde est très passionné, parce qu’ils n’ont pas souvent l’occasion de jouer ce type de musique. Alors, quand ils ont la chance d’interpréter l’un de leurs “films d’enfance favoris”, il y a une énergie supplémentaire sur scène. Et on veut tous rendre justice à ce matériel. »
A-t-il un compositeur préféré ? « Je fais partie de ceux qui aiment un peu de tout », dit-il en riant. « Bon, je ne peux pas dire que j’aime vraiment tout. Mais j’écoute autant de musique de film que de musique classique. Pour moi, la musique de film prolonge la tradition classique. John Williams, Hans Zimmer… ils ont été influencés par les grands maîtres comme Stravinsky, Mahler ou Holst.
« En matière de musique de film, poursuit-il, John Williams est probablement mon compositeur préféré — pour le nombre de partitions, la qualité de l’écriture. Sa musique est tellement complexe, originale et réfléchie. Sa manière de faire monter la tension… il maîtrise ça à la perfection.
« J’écoute aussi de la musique chorale », ajoute-t-il. « J’en suis un grand amateur, parce que ça a fait partie de mon parcours. J’ai chanté dans des chorales pendant 13 ans, depuis l’âge de six ans environ. »
Francis est l’un de ces rares artistes qui, en plus de diriger et de composer — et d’être un pianiste accompli —, gère aussi le côté entrepreneurial via GFN Productions et l’Orchestre FILMharmonique. Mais comment trouve-t-il le temps de tout faire ?
« C’est une question que tout le monde se pose, dit-il. Je ne sais pas non plus comment je fais. Je crois que c’est parce que les deux parties de mon cerveau sont également stimulées. J’ai toujours eu un esprit commercial et un esprit créatif. Pour moi, c’est une question d’équilibre. »

Il a ajouté : « On ne peut pas être créatif en permanence, car au bout d’un moment, cela devient difficile et épuisant. En tant que compositeur, je ne peux écrire de la musique que quelques heures par jour avant d’avoir vidé mon énergie créative. Quand ça arrive, je passe en mode technique. Je crois que je vis dans un cycle de travail sans fin, où je passe simplement d’une tâche à une autre. »
Quand je lui ai demandé combien d’heures il dort par nuit, il a laissé échapper un petit rire avant de répondre : « Toujours un bon huit heures. » Mais il y a un bémol : « Quand je me lève le matin, je me mets directement au travail, que ce soit pour étudier des partitions ou répondre à des courriels, jusqu’à ce que j’aille me coucher. C’est quasiment sans arrêt. De ce point de vue, je n’ai pas vraiment un bon équilibre travail / vie personnelle, mais je me dis que ça viendra plus tard. »
Y a-t-il des musiques de films qu’il refuserait d’interpréter ? « Pour l’instant, je n’ai pas souvent dit non à des contrats. Mais tout ce qu’on programme correspond à des projets qui m’intéressent, parce que j’ai un rôle central dans la programmation. Je choisis des œuvres que je trouve particulièrement bien écrites et que le public recevra avec enthousiasme. »
Lorsque je lui ai demandé si, en tant que compositeur, chef d’orchestre et pianiste, il avait un projet de rêve qu’il aimerait réaliser, il a marqué une pause, a jeté un regard de côté, puis a répondu : « Si je reviens à mon rêve de toujours en tant que compositeur, ç’a toujours été de créer une musique de film — donc déjà ça, c’est en haut de la liste. Mais pour aller plus loin, j’aimerais composer la musique d’un grand film… et ensuite la diriger en concert. Là, la boucle serait vraiment bouclée. »
Souhaitons à Francis d’accomplir ce rêve.
Pour acheter des billets pour The Infinity Saga Concert Experience à Montréal les 18 et 19 août, cliquez ici.
Pour en savoir plus sur les concerts à venir de GFN Productions et sur le label audiophile Classics, cliquez ici. Pour plus d'informations sur l'Orchestre FILMharmonique, cliquez ici.
Laisser un commentaire