L'Aube Cosmique : Retour sur « The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars » de Bowie

L'Aube Cosmique : Retour sur « The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars » de Bowie


The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars de David Bowie est souvent considéré comme un tournant décisif, non seulement dans sa carrière, mais aussi dans le paysage du rock lui-même. Sorti le 16 juin 1972, cet album a introduit au monde Ziggy Stardust, une rock star androgyne et bisexuelle venue d'une autre planète. Mais les origines de Ziggy Stardust trouvent leurs racines dans les recoins modestes du sud-est de Londres, plus précisément aux Underhill Rehearsal Studios à Greenwich.

Studios de répétition Underhill

Au milieu de l'année 1971, Bowie et son groupe, qui allait bientôt être connu sous le nom de Spiders from Mars, ont commencé à répéter dans une cave aménagée au 2, Blackheath Hill. Conçus et construits par Will Palin, Les Copley et Lance Spencer en 1971, les Underhill Studios étaient un espace souterrain où les idées créatives s'épanouissaient. C'est là que Bowie, accompagné de Mick Ronson (guitare), Trevor Bolder (basse) et Mick Woodmansey (batterie), a peaufiné le son qui allait définir Ziggy Stardust.

Lors de la tournée Ziggy Stardust de 1972 avec Mick Woodmansey

Enregistrement aux studios Trident

Après leur passage aux Underhill Rehearsal Studios, Bowie et son groupe se sont installés aux Trident Studios à Soho, où ils ont enregistré la majeure partie de l'album d'octobre 1971 à février 1972. Notamment, ces sessions ont inclus les contributions de Rick Wakeman, qui rejoindrait plus tard Yes, aux claviers pour Hunky Dory. Les sessions aux Trident Studios sont devenues légendaires pour leur créativité et leur intensité, Bowie enregistrant les voix de « Rock ‘n’ Roll Suicide » allongé sur le sol du studio pour capturer l'essence dramatique de la chanson.

Le producteur Ken Scott, qui a travaillé en étroite collaboration avec Bowie, a déclaré : « David avait toujours une longueur d'avance. Il savait ce qu'il voulait et avait une capacité étonnante à le communiquer ». Cette atmosphère de collaboration a joué un rôle crucial dans l'élaboration du son distinctif de l'album.

Les premières représentations et les sessions de la BBC

Avant le lancement officiel de Ziggy Stardust, Bowie a tâté le terrain en donnant une série de représentations préliminaires et en participant à des sessions de la BBC. Le 8 janvier 1972, Bowie fête son 25e anniversaire au Haddon Hall, portant une tenue qui deviendra plus tard son personnage Ziggy. Quelques jours plus tard, le 11 janvier, Bowie présente le personnage de Ziggy lors d'une session de John Peel à la BBC Broadcasting House à Londres. Ces sessions comprenaient des morceaux qui allaient devenir emblématiques, tels que « Ziggy Stardust » et « Hang On to Yourself ».

Pochette d'album iconique et premiers concerts

La pochette de l'album The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars a été photographiée le 13 janvier 1972, sur Heddon Street à Soho. La séance, réalisée par le photographe Brian Ward par une nuit froide et pluvieuse, a immortalisé Bowie dans une tenue futuriste, préfigurant les déclarations audacieuses de mode qui deviendraient synonymes de Ziggy.

Le manager de Bowie, Tony deFries, a méticuleusement planifié le lancement de Ziggy Stardust. Les premiers concerts ont servi de séances d'échauffement, la première représentation notable ayant eu lieu au Friars d'Aylesbury, dans le Buckinghamshire, le 29 janvier 1972. Bien que Bowie ait joué sans sa teinture rouge caractéristique, ce concert a marqué le début du voyage de Ziggy vers les étoiles.

Lancement officiel à l'Imperial College

Le lancement officiel de Ziggy Stardust a eu lieu le 12 février 1972 à l'Imperial College de Londres. Il s'agit d'un événement majeur de relations publiques, auquel assistent les grands noms de l'industrie musicale et une équipe de télévision française. Bowie se présente sous le nom de Ziggy et interprète sept titres de l'album. Malgré un problème technique qui a coupé le son pendant la première chanson, Bowie a gardé son sang-froid et a raconté au public des anecdotes sur sa tenue.

Une critique de Melody Maker a souligné l'impact du spectacle : « David Bowie est descendu de la scène dans le public jusqu'à ce qu'on le ramasse et qu'on le porte sous les projecteurs... Mais ce n'était pas un spectacle de pédés, un numéro de travestis plein de gestes zozotants et de mains molles. Les costumes [...] sont la dorure sur le lys, mais ils n'en sont pas la substance. La musique est musclée, les performances pleines d'esprit et d'assurance ».

Photographies prises lors du concert de Ziggy, Empire Theatre, Édimbourg, près d'un an après le lancement. ©Julie Tomlinson. 6 janvier 1973.

The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars n'était pas seulement un album ; c'était un phénomène culturel. Il a brisé les normes de genre, défié les attentes sociétales et inspiré une vague d'artistes à embrasser leurs excentricités. Bowie a démontré que la musique pouvait être bien plus qu'un simple son : elle pouvait être une expérience, une histoire, une révolution.

La tournée Ziggy Stardust, qui a débuté en février 1972, s'est poursuivie jusqu'à la fin de l'été et comprenait des dates aux États-Unis, en Asie et en Europe. Le succès de l'album propulse Bowie au rang de star internationale, le single « Starman » devenant un titre phare.

Morceaux inédits et évolution de l'album

Dans une interview accordée à Jon Scott en février 1972, Bowie a révélé que plusieurs morceaux enregistrés pendant les sessions de Ziggy, comme « Round and Round » de Chuck Berry et « Amsterdam » de Jacques Brel, n'ont pas été retenus pour la version finale de l'album. Bowie a expliqué : « Round & Round aurait été le genre de morceau parfait que Ziggy aurait joué sur scène… mais l'enthousiasme du jam s'est probablement estompé après que nous ayons écouté le morceau plusieurs fois et nous l'avons remplacé par une chanson appelée 'Starman'. »

Influence de la mode et du style

La mode de Ziggy Stardust était aussi révolutionnaire que sa musique. Les costumes de Bowie, conçus par Freddie Burretti, arboraient des couleurs vives, des motifs futuristes et des coupes audacieuses. Ces tenues, combinées au maquillage unique de Bowie, ont établi de nouvelles tendances et inspiré les designers pendant des décennies. Le maquillage avec l'éclair de la pochette de Aladdin Sane reste un symbole emblématique de sa phase glam rock.

Les inspirations de Bowie et la nipponophilie

Les influences éclectiques de Bowie ont façonné le son et la personnalité de Ziggy. Son admiration pour l'énergie brute d'Iggy Pop, l'art avant-gardiste du Velvet Underground et la flamboyance du T. Rex de Marc Bolan ont convergé pour créer l'esthétique unique de Ziggy. Bowie s'inspire également de la culture japonaise, en particulier de la théâtralité du Kabuki et du style androgyne de la scène glam japonaise. Sa fascination pour le Japon se manifestera plus tard dans divers aspects de sa carrière, enrichissant encore sa production artistique.

Réflexions personnelles et réactions des fans

Les fans étaient captivés par le charme d'un autre monde de Ziggy. Les lettres affluaient, l'un d'entre eux écrivant : « Ziggy m'a fait me sentir vu comme jamais auparavant. Bowie nous a donné la permission d'être nous-mêmes, peu importe à quel point nous étions étranges. » Cette connexion profonde avec son public témoignait du pouvoir transformateur de sa musique et de son personnage.

Cinematic Ventures et au-delà

L'influence de Ziggy a même atteint le grand écran. L'alter ego de Bowie a inspiré le film de 1976 The Man Who Fell to Earth, dans lequel il incarne Thomas Jerome Newton, un extraterrestre tentant de sauver sa planète frappée par la sécheresse. Ce film a solidifié la réputation de Bowie, non seulement en tant que musicien, mais aussi en tant qu'artiste capable de transcender les médias.

L'adieu et l'héritage durable

Le 3 juillet 1973, Bowie abandonne Ziggy Stardust lors d'un concert à l'Hammersmith Odeon de Londres, déclarant : « C'est le dernier spectacle que nous ferons ». Cet adieu spectaculaire a marqué la fin d'une époque, mais a aussi cimenté l'héritage de Ziggy dans l'histoire du rock.

Chronologie

  • 8 janvier 1972 : Fête du 25e anniversaire de Bowie au Haddon Hall.
  • 11 janvier 1972 : Début en direct du personnage de Ziggy lors d'une session de John Peel enregistrée au Broadcasting House de la BBC à Londres.
  • 13 janvier 1972 : Tournage de la pochette de l'album sur Heddon Street à Soho.
  • 18 janvier 1972 : Session aux Maida Vale Studios pour l'émission Sounds of the 70s de la BBC.
  • 22 janvier 1972 : Bowie déclare, « Je vais devenir énorme », lors d'une interview avec Melody Maker.
  • 28 janvier 1972 : Débuts radiophoniques de Ziggy sur BBC Radio 1.
  • 29 janvier 1972 : Première représentation d'échauffement au Friars, Aylesbury.
  • 7 février 1972 : Rediffusion de la session Sounds of the 70s de la BBC.
  • 8 février 1972 : Apparition dans l'émission Old Grey Whistle Test.
  • 10 février 1972 : Toby Jug gig.
  • 12 février 1972 : Lancement officiel de Ziggy Stardust à l'Imperial College.
  • 14 février 1972 : Représentation au Brighton Dome.
  • Octobre 1972 : Concert à San Francisco lors de la tournée américaine.

Épilogue : De la poussière d'étoiles dans nos veines

En revenant sur The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars, son héritage brille plus que jamais. La création de Bowie demeure un témoignage du pouvoir de l'imagination et des possibilités infinies de la réinvention. Ziggy Stardust est peut-être tombé, mais son esprit perdure, nous rappelant que dans l'univers de la musique, il n'y a pas de limites.

En fin de compte, David Bowie ne s'est pas contenté de nous donner un album, il nous a donné une galaxie à explorer, un riff à la fois.

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