Je ne suis pas un audiophile

Je ne suis pas un audiophile


Je ne suis pas un audiophile, ni un mélomane. Je n’aime pas être catégorisé dans une petite case. Toutefois, j’adore la musique sous presque toutes ses formes. En fait, je suis tombé en amour avec elle à l’âge de 9 ans. Certains d’entre vous me diront que c’est jeune pour tomber une première fois en amour. C’est vrai. Pourtant, je connaissais bien la musique, du moins je croyais. Au début, elle n’était qu’un simple bruit de fond pour égayer les soirées entre adultes ou pour accompagner nos sorties familiales en voiture.

Retour en arrière. 16 août, 1977. Il est approximativement 22 heures. En raison d’un problème de santé de ma mère, nos vacances sur la côte-est américaine se terminent abruptement. Retour express à la maison. Mon frère et ma sœur dorment. La pluie est très forte. Je n’arrive pas à tomber dans les bras de Morphée.

Pratiquement toutes les radios sur la bande AM ou FM jouent la musique d’Elvis Presley à la suite de son décès rapporté par les médias du monde entier. C’est à ce moment que j’ai entendu Blue Moon Of Kentucky. Je n’étais pas initié à ce type de musique. Ça m’a fasciné. Ça m’a frappé, mais vraiment très fort. N’étant pas bilingue à l’époque, je ne comprenais absolument rien aux paroles, mais la musique, la musique! Je voulais davantage la connaître et en apprendre sur elle. Revivre cette émotion. Peu de temps après, mes parents ont été assez aimables pour m’acheter ma première table-tournante portative avec haut-parleurs intégrés.

Je vous parlais d’émotion, mais la puissance de la musique est également physique. Nous recherchons tous l’ambiance du son naturel, qu’il soit studio ou live.

Automne,1979. Ma mère et moi rendons visite à ma tante. Mon cousin Luc est au sous-sol. Il me montre sa nouvelle chaîne stéréo. Monte le volume. C’est Electric Light Orchestra, Don’t Bring Me Down. J’ai ressenti immédiatement l’impact et le rythme de la musique. Un nouveau choc.

Du moins, assez pour acheter ma première chaîne stéréo composée d’une table-tournante automatique, d’un récepteur avec un lecteur 8 pistes intégré (oui, madame et monsieur) et des caisses de son de marque Camden pour la modique somme de 350 $, grâce au salaire reçu pour ma livraison, porte-à-porte, du quotidien Le Soleil.

Je vous raconte ces histoires, car elles rejoignent en tous points les propos de Fran Lebowitz dans le deuxième épisode d’un documentaire réalisé par Martin Scorsese ayant pour titre « Fran Lebowitz, si c’était une ville », disponible, au moment où je rédige ce texte, sur Netflix. En voici un extrait:

« J’ai vu des captations d’énormes concerts de musiciens très populaires. Avec toutes ces caméras qui filment tout le monde. Quand je vois ça, je suis captivée par le public. On voit à quel point les gens sont heureux et reconnaissants (…). Ça évoque des souvenirs aux gens, la musique de leur premier rendez-vous. C’est important pour les gens. Ils aiment ceux qui leur ont offert cela (…). Les musiciens sont les artistes les plus aimés parce qu’ils leur permettent d’exprimer leurs émotions et leurs souvenirs. Aucun autre art ne le permet (…). Quand j’étais jeune, la musique Motown était très populaire. Quand j’en entends, je me sens plus heureuse. Ça ne fait aucun doute. Presque rien ne me fait cet effet. Est-ce que je pense qu’il s’agit du plus grand genre musical ? Pas du tout. Mais dès que j’en entends, je me sens plus heureuse. C’est important pour un être humain (…). C’est une drogue qui ne tue pas ».

La route pour me rapprocher davantage des émotions que me procure la musique ne fut pas sans embûches pour le jeune adolescent que j’étais. Heureusement, j’ai réussi, au fil du temps, à dénicher des revues spécialisées qui traitaient d’équipements audio qui répondaient parfois à mon budget, à trouver des boutiques chevronnées pour me conseiller adéquatement et des amis qui me partageaient leurs nouvelles découvertes musicales grâce aux conseils du disquaire du coin ou du grand frère.

Aujourd’hui, l’environnement a considérablement changé pour susciter une relève et la route est beaucoup plus laborieuse. À titre d’exemple, les boutiques spécialisées en audio et les disquaires sont de moins en moins nombreux. On aborde de plus en plus la musique en termes spécialisés et difficilement accessibles pour bien des gens, NAS, FLAC, WAV, BITS, DSD, MQA, etc.

Pourtant, les moyens pour écouter la musique et acquérir de nouvelles connaissances sont beaucoup plus nombreux. Alors, comment se fait-il que je rencontre presque uniquement des têtes grises ou blanches dans les boutiques, dans les salons consacrés à l’audio ou comme rédacteur dans des revues spécialisées ?

Je ne connais pas la réponse, mais j’aurai bien quelques réflexions à vous partager lors de futures chroniques. Quelles sont les vôtres ?

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