Comment jouer dans un groupe de rock, 16 : Répéter pour mieux réussir

Voici quelques autres pépites de sagesse sur l’art de jouer dans un groupe de rock, de la part de quelqu’un qui sait de quoi il parle : Frank Doris. Cette fois, Frank met l’accent sur l’importance des répétitions — car si vous ne répétez pas, vous allez être mauvais.

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Comment jouer dans un groupe de rock, 16 : Répéter pour mieux réussir

Voici quelques autres pépites de sagesse sur l’art de jouer dans un groupe de rock, de la part de quelqu’un qui sait de quoi il parle : Frank Doris. Cette fois, Frank met l’accent sur l’importance des répétitions — car si vous ne répétez pas, vous allez être mauvais.

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Cet article a été publié pour la première fois dans Copper Magazine de PS Audio, avec qui PMA entretient un programme d’échange de contenu.

Si vous voulez jouer dans un groupe, vous devez vous organiser. Littéralement — et cela signifie répéter. Bien sûr, certains pros peuvent simplement se réunir et jouer un concert, mais même si vous pouvez faire ça (la plupart des musiciens que je connais peuvent jouer « Wagon Wheel », « Dead Flowers » ou « Knocking on Heaven’s Door » pratiquement les yeux fermés), ce n’est pas la même chose que de sonner comme un vrai groupe. Et il y a une énorme différence entre un groupe brouillon et détendu, et un groupe qui assure vraiment.

Pour les non-musiciens parmi nous, une répétition consiste généralement à apprendre à jouer une chanson, à la fois individuellement et en groupe. Cela implique de travailler des parties spécifiques — surtout les plus difficiles —, de soigner les harmonies vocales, d’arriver à un arrangement solide (c’est-à-dire la façon dont les différentes parties jouées par chacun s’imbriquent pour former un tout cohérent), et de trouver le bon groove. L’objectif, c’est d’être à l’aise et confiant au moment de jouer le morceau en concert.

Vous devez définir vos objectifs. Pour la plupart des groupes, il s’agit de parvenir à un point où chacun sait exactement quoi jouer et chanter, et où la chanson est bien rodée, sans accroc. Pour les groupes plus professionnels, cela peut inclure des éléments très précis, comme la coordination avec les jeux de lumière, la chorégraphie, les pistes d’accompagnement, un minutage rigoureux, ainsi que les interventions parlées entre les morceaux, et tout ce qui contribue à une performance réussie. Imaginez que vous montiez un spectacle à Broadway : tout est millimétré. (On m’a dit que les mouvements « spontanés » et les plaisanteries avec le public d’un artiste très célèbre sont exactement les mêmes chaque soir.)

Certains groupes veulent simplement avoir l’occasion de se retrouver entre amis, de passer du temps ensemble, de boire quelques bières, et de consacrer la moitié du temps à répéter et l’autre à bavarder, dans l’objectif de décrocher quelques concerts dans des bars locaux, ici et là. D’autres groupes sont beaucoup plus sérieux : leur but est de devenir une machine de scène redoutable, et ils doivent répéter avec une précision chirurgicale. La plupart des groupes dans lesquels j’ai joué se situaient quelque part entre les deux : on se réunissait pour travailler les morceaux, mais aussi pour passer un bon moment.

À quelle fréquence voulez-vous — ou devez-vous — répéter, et où ? La plupart des groupes dans lesquels j’ai joué se retrouvaient une fois par semaine, mais parfois, le travail et les obligations de la vie prenaient le dessus. À l’inverse, un groupe dans lequel je jouais répétait trois fois par semaine, en plus de donner des concerts. On était dans la vingtaine et très motivés à percer. Avec le recul, c’était complètement fou. Personnellement, je pense que deux répétitions par mois, c’est un minimum, et qu’une fois par semaine, c’est l’idéal — avec des sessions de quelques heures. Au-delà, tout le monde finit par être fatigué et perdre sa concentration. Le mieux, c’est de fixer un jour précis chaque semaine pour se retrouver.

En ce qui concerne le lieu de répétition, cela peut sembler évident, mais il vaut mieux répéter toujours au même endroit. En général, cela signifie chez un membre du groupe, dans un sous-sol ou — si vous avez de la chance — dans une salle de répétition dédiée, équipée d’amplis, d’une sono et d’une batterie déjà installée. C’est pénible d’avoir à gérer un espace et un setup différents à chaque fois, alors qu’il est bien plus agréable de pouvoir arriver, se brancher et jouer directement.

Vous pouvez aussi louer un studio de répétition professionnel. Ce n’est pas très coûteux — ici, à Long Island, les tarifs vont d’environ 25 à 50 $US de l’heure — et ces studios sont généralement bien équipés, avec un backline complet et une bonne sono, ce qui est vraiment pratique. Réparti entre les membres du groupe, le coût reste modique. Cela vous place aussi dans un état d’esprit productif : tout comme on ne va pas à la salle de sport sans s’entraîner, aller dans un studio pro et le payer vous met dans de bonnes dispositions pour jouer. Autre avantage : l’espace disponible permet au groupe de s’étendre et de simuler les conditions d’un vrai concert. Certains studios ont même des miroirs sur le mur du fond, pour vous entraîner à vos déplacements sur scène. Même si vous répétez d’habitude chez quelqu’un, faire une session dans un « vrai » studio de temps à autre peut être un vrai coup de boost — ou une excellente façon de faire une « répétition générale » avant un concert important.

Salle de répétition professionnelle au JamSpot, Boston, Massachusetts. Avec l'aimable autorisation de JamSpot/Wikimedia Commons.
D'autres salles de répétition sont... disons, plus exiguës. Avec l'aimable autorisation de Wikimedia Commons/Gerold Schneider.

Soyez à l’heure. En supposant que tous les membres du groupe aient un emploi, une famille ou les deux, arriver en retard est un manque de respect envers le temps des autres. Si vous êtes coincé dans la circulation ou qu’un imprévu survient, prévenez les autres que vous allez être en retard. Et une fois arrivé à la répétition, soyez prêt. Bien sûr, il faut quelques minutes pour se brancher et s’installer, mais ne perdez pas 20 minutes à ajuster votre pédalier, accorder votre guitare ou autre.

C’est toujours une bonne idée d’avoir un objectif clair pour chaque répétition. Cela peut être : apprendre une ou plusieurs nouvelles chansons, revoir des morceaux que vous n’avez pas joués depuis un moment, ou répéter ceux que vous prévoyez de jouer lors d’un concert à venir.

Souvent, un groupe va tester un morceau pour la première fois en répétition. L’avantage, c’est que chacun peut élaborer sa partie dès la base, et que l’arrangement se construit de façon naturelle. D’autres fois, vous travaillerez sur une chanson décidée à l’avance. Dans ce cas, soyez prêt. Vous devriez avoir fait le travail en amont et passé en revue le morceau avant la répétition. Il n’y a rien de plus agaçant qu’un musicien paresseux qui arrive sans avoir préparé la chanson, et qui doit l’apprendre sur place alors que les autres maîtrisent déjà leurs parties. Non seulement ça ralentit tout le monde, mais c’est aussi un vrai manque de professionnalisme. Et si votre groupe est sérieux, cela pourrait bien vous coûter votre place.

Pete Mancini et les Hillside Airmen semblaient parfaitement à l’aise sur scène à Bradstock 2025, au Camp Pa-Qua-Tuck, à Center Moriches (New York). On n’atteint pas ce niveau de complicité sans avoir joué ensemble. Avec l’aimable autorisation de Keith Rossein Photography.

Il n’est pas nécessaire d’arriver à la répétition avec tout parfaitement maîtrisé — c’est une répétition, après tout — mais soyez aussi préparé que possible : connaissez les accords, la structure du morceau et l’ambiance générale de la chanson.

Cela suppose encore faut-il que vous aimiez la chanson. Ça peut sembler évident, mais à moins qu’il y ait un leader clair ou un directeur musical, tous les membres du groupe devraient se mettre d’accord, avant même de jouer la première note, pour travailler une chanson que tout le monde a envie de jouer. Il m’est arrivé de voir un membre du groupe détester carrément une chanson proposée. Fin de l’histoire. D’autres fois, on m’a demandé d’accompagner quelqu’un sur une chanson que je n’aimais pas. C’était son concert, alors je l’ai jouée. (Au moins, ce n’était pas « Disco Duck ».)

Soyez prêt à faire preuve de souplesse dans l’élaboration des arrangements. Parfois, la partie que vous avez préparée chez vous ne s’intègre tout simplement pas une fois que tout le groupe joue ensemble. Si vous êtes guitariste, il faudra trouver des accords, des harmonies et des parties qui complètent — et non qui entrent en conflit avec — celles du claviériste. Bassistes et batteurs doivent être parfaitement synchronisés (je l’ai déjà mentionné, mais un bon conseil de pro : le bassiste peut observer le pied du batteur sur la pédale de grosse caisse et jouer en rythme avec lui). Il peut aussi être utile de varier ce que vous jouez d’un couplet à l’autre ou entre les refrains, afin que l’interprétation ne devienne pas monotone — sauf si votre but est justement de créer un mur de son ininterrompu.

Au fur et à mesure que l’arrangement se construit, les parties de chacun vont elles aussi évoluer, parfois au point de mettre de côté ce que vous aviez prévu au départ pour jouer des riffs, des accords ou des phrases musicales que vous n’auriez peut-être jamais imaginés. Gardez en tête que certaines parties plus complexes demanderont plus de temps, et que vous devrez sans doute y revenir à plusieurs reprises.

À l’inverse, si vous faites partie d’un groupe hommage dont l’objectif est de reproduire les chansons aussi fidèlement que possible au groupe original, votre approche sera complètement différente. Les musiciens de ce type de formation peuvent aller très loin pour obtenir un équipement et des sons aussi précis que possible. François Gagnon, du groupe hommage à Genesis de renommée internationale The Musical Box, fabrique lui-même ses propres boîtes à fuzz. Il existe même des sites web entiers consacrés au matériel utilisé par David Gilmour, le guitariste de Pink Floyd.

N’ayez pas d’ego mal placé, et ne soyez pas trop susceptible si les autres membres du groupe ou le directeur musical vous font des suggestions, vous demandent de modifier ce que vous jouez — ou vous disent carrément que ça ne fonctionne pas. Créer un arrangement est un travail collectif, et les répétitions impliquent des ajustements, des compromis, des essais et des erreurs. Les autres ne cherchent pas à être désagréables — c’est simplement le processus normal pour trouver ce qui fonctionne… ou pas. Et s’il y a effectivement un casse-pieds dans le groupe qui laisse son ego prendre le dessus et cherche à vous rabaisser, eh bien… il est peut-être temps que lui ou vous quittiez le navire. Personne n’a envie de bosser avec ce genre de personne — sauf si vous êtes un musicien engagé pour accompagner une vedette et que vous êtes bien payé pour supporter une diva.

Dans la mesure du possible, pensez à enregistrer, ou même à filmer, les répétitions du groupe. Cela vous permettra de réécouter chez vous et de mieux travailler le morceau pour la prochaine session. Sérieusement — quand notre groupe teste un morceau pour la première fois, on l’enregistre souvent pour se rappeler ce qu’on a bien pu jouer quand on y revient une semaine plus tard ! Et entre ce que vous croyez entendre… et ce que révèle l’enregistrement, il peut y avoir un monde de différence.

Ne gratouillez pas entre les morceaux. Sérieusement. Ne le faites pas.

Parfois, après avoir travaillé encore et encore sur une chanson, les membres du groupe finissent par se rendre compte que… ça ne fonctionne tout simplement pas. N’hésitez pas à laisser tomber un morceau s’il ne prend pas forme. Ça arrive. Et pour qu’un morceau fonctionne vraiment, même après 20 ou 30 répétitions (ce qui est courant dans le groupe où je joue), il ne sera jamais totalement en place tant qu’il n’aura pas été joué en public. C’est le fait de le jouer devant un vrai public qui donne au morceau sa cohésion finale, son énergie, son impact. Et même là, il faudra parfois plusieurs concerts avant que le groupe soit vraiment à l’aise avec. C’est tout à fait normal, et inutile de s’en faire.

Une dernière chose : le répertoire de tout groupe évolue avec le temps, et les répétitions sont essentielles pour que ce processus se fasse naturellement. Parfois, on se lasse tout simplement de jouer les mêmes morceaux encore et encore. Ou bien, dans un groupe de reprises, il faut sans cesse apprendre de nouveaux titres pour rester à jour. Si vous jouez de la musique originale, vous aurez envie de continuer à créer et intégrer de nouveaux morceaux. Et si vous avez un public fidèle ou que vous jouez régulièrement en tant que groupe maison, les spectateurs finiront par se lasser si vous proposez toujours le même répertoire.

Ce qui se passe généralement, c’est que vous intégrez peu à peu des morceaux plus solides à votre setlist, pendant que les titres plus faibles passent dans la catégorie « extras »… ou finissent par disparaître. Résultat : votre répertoire devient de plus en plus solide. Et comme je l’ai déjà dit : plus on joue, plus on progresse.

Image d’en-tête : si vous devez jouer sur une scène comme la grande scène de Bradstock 2025, il faut être bien préparé. Avec l’aimable autorisation de Keith Rossein Photography.

Reproduit avec l'autorisation de l'auteur. Pour plus d'articles comme celui-ci, visitez Copper Magazine.

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