Lire la première partie de « AXPONA 2023 » ici.

Dutch & Dutch est une marque fortement promue par Roon pour mettre en valeur son logiciel de streaming et son matériel. La photo 1 montre le modèle 8c (14 950 $), une enceinte à gamme étendue, prête pour Roon, équipée d’un DSP et alimentée en classe D. Je vois cette enceinte comme une version haut de gamme du système tout-en-un Cabasse Rialto, qui suit un design similaire. Fabriquée aux Pays-Bas, la Dutch & Dutch 8c est un véritable plaisir pour les yeux, avec ses bords arrondis élégants et son guide d’ondes de tweeter courbé en douceur pour minimiser la diffraction. Le haut-parleur de médium cardioïde est conçu pour réduire le rayonnement arrière qui pourrait brouiller la clarté du son. Les évents latéraux permettent à une onde provenant de l’arrière du médium de se diffuser dans la pièce, une approche qui rappelle peut-être la conception à baffle ouvert, très en vogue ces temps-ci. Cette conception vise à offrir plus de flexibilité pour le placement des enceintes comparé aux modèles traditionnels. À l’arrière de l’enceinte, on trouve deux subwoofers de 8 pouces à longue excursion et haute puissance, intégrés dans un boîtier scellé. Les crossovers sont contrôlés numériquement, éliminant ainsi les problèmes de phase dans la zone de croisement. Sur la photo, on remarque que l’enceinte est placée dans un angle de la pièce, un emplacement généralement problématique qui peut causer une réponse irrégulière des basses ou un effet de boomerang. Pourtant, aucun effet de ce type n’a été constaté : les 8c ont rempli la pièce d’un son clair, articulé, bien trié et équilibré. Selon le manuel, un espace d’au moins 10 cm (environ 4 pouces) entre l’enceinte et le mur est nécessaire pour un bon couplage des basses, le système DSP intégré s’occupant d’ajuster le reste pour optimiser le son à votre pièce. Pour les faire fonctionner, il suffit du logiciel gratuit (ou donationware) REW, accompagné d’un ordinateur et d’un microphone adapté. Ensuite, vous aurez besoin de l’application Roon et d’une connexion Ethernet pour accéder à votre bibliothèque musicale en ligne. Une paire de supports est incluse avec chaque achat d’une paire de 8c dans la boutique Roon. Dutch & Dutch affirme que les 8c rivalisent avec des enceintes coûtant jusqu’à quatre fois plus cher. Je ne peux pas confirmer cette affirmation, mais je peux vous dire que leur son était de premier ordre.

L’utilisation de l’amplification en classe D dans le matériel audiophile est une tendance relativement récente, bien que cette technologie soit utilisée depuis des décennies pour alimenter les subwoofers en raison de son efficacité et de sa compacité. La société Amped America (photo 2), basée dans le New Jersey, présentait son tout nouvel amplificateur AMP 3250 (3 500 $), un modèle de classe D à 3 canaux délivrant 250 Wpc. Malheureusement, en raison de contraintes d’approvisionnement, l’AMP 3250 n’est pas encore disponible. Une version à 2 canaux, l’AMP 2400 (5 000 $), est cependant disponible. Elle offre 400 Wpc sous 8 ohms et 800 Wpc sous 4 ohms, et on m’a assuré qu’elle peut alimenter sans effort n’importe quelle charge d’enceinte, même désappariée. Lors du salon, l’AMP 2400 alimentait une paire d’enceintes 3 voies Acoustique Quality Passion Fever (8 000 $/paire), conçues en République tchèque, avec une sensibilité de 90 dB. 

La musique

AXPONA est également une vitrine pour la musique, comme il se doit. Ici, vous pouvez écouter les meilleurs enregistrements, présentés par des exposants qui cherchent à montrer leur matériel sous son meilleur jour. Dans presque toutes les salles d’écoute, je me suis retrouvé à utiliser Shazam pour identifier des morceaux inconnus. Certaines salles, comme celle de GoldenEar, affichaient leur liste de lecture (photo 3) à la vue de tous—une excellente idée, à mon avis. J’ai notamment entendu « You Look Good to Me » d’Oscar Peterson. Enregistré en mono dans les années 1940, le piano sonnait incroyablement authentique à travers les tours T66 de GoldenEar (prix non dévoilé, mais inférieur à 8000 $/paire), lancées à l’occasion du salon.

Dans la salle Yamaha, l’emblématique entreprise japonaise faisait une démonstration de son système avec le morceau bien connu de Stevie Ray Vaughan, « Tin Pan Alley », une piste riche en transitoires aiguës. Grâce aux enceintes NS5000 haut de gamme de Yamaha, conçues avec des amortisseurs spéciaux pour éliminer les résonances internes, les rim shots, les claquements de caisse claire et les pincements de guitare se sont détachés de façon dynamique. Les NS5000, bien qu’ayant une apparence vintage, ne sonnent pas du tout comme des enceintes d’un autre temps.

En consultant ma liste Shazam, j’ai noté plusieurs chansons à écouter plus tard sur mon système domestique, qui comprend une paire de Legacy Signature SE (8000 $/paire) alimentée par un amplificateur Outlaw Audio 7075 (700 $, vendu directement par le fabricant). Cet amplificateur Outlaw est un véritable cheval de bataille, fidèle à mon service depuis plusieurs années. Il offre suffisamment de canaux pour du 5.1 tout en me permettant de biamplifier mes enceintes, réduisant la charge de l’amplificateur et augmentant la puissance disponible pour les haut-parleurs. Je n’ai pas noté précisément quelles chansons provenaient de quelles salles, mais je voulais mentionner quelques titres qui, selon moi, feraient d’excellents enregistrements de référence pour évaluer un système audio. Aucun de ces morceaux, si je me souviens bien, n’a été joué sur des platines.

La première chanson de ma liste Shazam était « Whiskey and You » de Chris Stapleton. Il s’agit d’une simple ballade country avec uniquement la voix de Stapleton et sa guitare. Une excellente chanson, et la simplicité de l’interprétation en fait un test idéal pour évaluer la qualité de l’image du canal fantôme face à vous. J’ai noté une grande présence d’ambiance malgré le caractère légèrement « frontal » du son de mes enceintes.

     Un autre favori de Shazam à AXPONA était « These Bones » des Fairfield Four, un morceau de chant a cappella absolument époustouflant. Le chanteur basse du groupe atteint des notes graves sans effort, sans perte de puissance vocale. Les voix des autres chanteurs s’intègrent au mixage avec une clarté remarquable, tandis que l’image sonore reste parfaitement stable. Les voix sont toujours un défi à reproduire avec précision. Les voix masculines, par exemple, peuvent souvent paraître trop lourdes, étouffées ou désincarnées. La sibilance pose également souvent problème. Rien de tout cela ici : chaque voix est timbrée avec une justesse parfaite et respire la vie. À l’exception peut-être des King’s Singers, je doute qu’il existe un groupe vocal capable de rivaliser avec les Fairfield Four pour tester la reproduction vocale sur un système audio.

Parmi les autres morceaux de test remarquables, citons « Elegance on the Catwalk » de John Cain, « The Ghetto » de George Benson, « The Birds » de Dominique Fils-Aimé et « What a Wonderful World » d’Eva Cassidy. Ajoutez à cela presque tous les titres du dernier album de l’artiste canadienne Anne Bisson, Sois mon amant (45 tours 2×12" ou CD UHQ, Camillo Records CAM5-5287), y compris une reprise soignée de « From the Beginning » de Greg Lake, qui ne ressemble en rien à la version rock d’arène d’Emerson, Lake and Palmer. Anne est une chanteuse-pianiste de jazz qui se produit souvent lors de salons audio. J’ai acheté deux exemplaires de son dernier album dans l’édition limitée Ultimate HQ, dont le son est absolument remarquable. La voix de Bisson et toutes les parties instrumentales sont enregistrées en prise de son rapprochée et mixées avec une maîtrise impeccable. Je vais chérir cet enregistrement pendant très longtemps.

Théâtre Master Class

Le Master Class Theater, nom donné à une série de séminaires organisés dans une partie du hall d’exposition, pouvait accueillir une centaine de participants, et la salle était pleine à chaque fois que je passais. Un séminaire qui a particulièrement attiré mon attention s’intitulait « The Uncommonly Understood Nature of Common Cable Characteristics » (« La nature méconnue des caractéristiques communes des câbles »). Les câbles sont un sujet souvent controversé parmi les passionnés d’audio, alors pourquoi ne pas assister à une session dédiée ? Le présentateur, Galen Gareis, travaille pour Iconoclast, une société qui fait partie de Belden, un fournisseur renommé de fils et câbles. L’assemblage final des câbles Iconoclast est réalisé par Blue Jeans Cable, une entreprise basée à Seattle, WA, réputée pour vendre des câbles audio de haute qualité à des prix raisonnables. Gareis a principalement abordé les câbles pour haut-parleurs, expliquant comment leur capacité à transmettre un signal musical peut être compromise par des phénomènes comme l’effet de peau, la réactance, la vitesse de propagation ou encore une inadéquation de l’impédance. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site web d’Iconoclast à l’adresse suivante : https://iconoclastcable.com/story/index.htm.

Alors que Gareis terminait son discours, un écrivain et rédacteur en chef bien connu a commencé à lui poser des questions sur les câbles. Cette personne s’est révélée être le prochain intervenant de la présentation intitulée « Who Needs Audio Reviews? » (« Qui a besoin de critiques audio ?»). Son nom ? Herb Reichert. J’ai été surpris de constater à quel point Reichert est un fervent partisan du câblage audiophile. Gareis et lui étaient encore en pleine discussion 15 minutes plus tard, lorsque le modérateur d’AXPONA a décidé de faire avancer le programme. Reichert a finalement pris la parole, mais pas avant d’avoir accepté de tester et de donner son avis sur les câbles de Gareis. J’ai été ravi d’apprendre qu’Iconoclast permet aux consommateurs d’essayer leurs câbles dans leur système et de les retourner pour un remboursement complet s’ils ne sont pas entièrement satisfaits. Une offre difficile à battre ! 

     L’intervention de Herb Reichert sur le thème « Qui a besoin de critiques audio ? » s’est davantage orientée vers la collecte des réactions du public que vers une réponse directe à la question posée. En d’autres termes, qu’attendons-nous, en tant que lecteurs, des critiques ? J’ai partagé mon opinion, expliquant que j’aimerais voir davantage de critiques de produits dont le prix n’est pas astronomique. Cela a poussé un autre participant à intervenir pour dire qu’il appréciait les critiques de matériel haut de gamme. Reichert a convenu qu’il y avait une valeur à évaluer des produits extrêmement coûteux, même si peu de gens peuvent se les offrir. Ces produits incorporent souvent des technologies qui finissent par se retrouver dans des appareils plus abordables, permettant ainsi au « meilleur du meilleur » de devenir progressivement accessible.

Reichert a également mentionné que de nombreuses personnes lui demandent pourquoi il ne publie jamais de mauvaises critiques de produits. Il a expliqué que cela n’avait pas de sens, car son objectif est de mettre en lumière ce qui mérite d’être connu. S’il tombe sur un produit qui nécessiterait une critique négative, il préfère partager ses observations avec le fabricant afin qu’il puisse résoudre les problèmes et améliorer son produit, qui pourrait alors être soumis à un nouvel examen.

     Quelqu’un dans la foule a posé une autre question : comment impliquer les plus jeunes dans ce hobby ? « Bonne question ! » a déclaré M. Reichert de manière rhétorique. Quelqu’un d’autre a alors suggéré que la solution pourrait être de faire écouter aux jeunes leur musique préférée à travers un bon casque audio. Avec un peu de chance, cela pourrait les inspirer à vouloir une chaîne hi-fi de qualité à la maison. Des réflexions intéressantes, certes, mais qui avaient peu à voir avec la question « Qui a besoin de critiques audio ? »

Synthèse d'AXPONA 2023

La foule record et le nombre impressionnant d’exposants à AXPONA 2023 ont éclipsé tous les autres salons en Amérique du Nord. Il y avait tellement de merveilles pour les yeux et les oreilles qu’il était difficile de ne pas être constamment distrait par un nouveau son, un équipement inédit ou un accessoire en exposition. Même si vous possédez déjà un bon système chez vous, AXPONA 2023 a présenté suffisamment de matériel impressionnant pour tenter n’importe quel amateur audio de mettre à niveau son système principal, ou d’ajouter un deuxième, voire un troisième système dans une autre pièce de la maison. 

AXPONA 2023 a été passionnant, éducatif, divertissant et inspirant. Un véritable succès.