Il existe peu de famille musicale comme celle du violoncelliste Vincent Bélanger, 42 ans, qui s'étend sur quatre générations. Les réalisations musicales de ses proches sont trop nombreuses pour être énumérées ici, mais il suffit de dire que la carrière musicale que Vincent s'est choisie et le succès qu'il y a rencontré ne sont pas inhabituels pour sa lignée.

Parmi ses propres réalisations, Vincent, 6e d'une famille de sept enfants, s'est produit en concert au violoncelle pour la première fois à l'âge de 12 ans, il étudie sous le maître violoncelliste français Yvan Chiffoleau et a participé à des classes de maître de Yoyo Ma et Lluis Claret, il a reçu plusieurs premiers prix (Médailles d'or) au Conservatoire national de la région de Montpellier en France, et il a joué avec des ensembles et des orchestres aussi éloignés que la Chine et le Vietnam. Son premier album, Là (Fidelio), sorti en 2011, est resté pendant des semaines sur la liste des meilleures ventes du site américain HDTracks.

Ses parents ont été ses modèles. Il qualifie son père, ténor et chef d'orchestre qui a fondé l'Opéra de Québec, de génie musical qui l'a souvent aidé à déchiffrer des partitions compliquées. "Jouer de la musique classique, c'est être capable de lire un texte", dit Vincent. "Ce n'est pas comme le jazz, qui est un mood, un feeling, où l’on fait confiance à son intuition. Avec la musique classique, vous devez vous en tenir à une partition musicale, qui est, en réalité, un moyen limité d'expression musicale. Mais, il s'agit aussi de la beauté de votre son. Si vous respectez le texte, mais que le son n'est pas très bon, alors vous devez modifier un peu les choses. En tant qu'interprète musical, vous devez trouver cet équilibre."

Une partie de la beauté du son que Vincent semble transmettre avec tant d'aisance à travers son instrument est due à un grand-oncle, qui lui a transmis son violoncelle à titre posthume lorsque son propre violoncelle a été abîmé dans un accident de voiture suffisamment grave pour l'envoyer à l'hôpital. "J'étais en route pour jouer un hommage à la belle-mère décédée d'une cousine de mon père. J'aime beaucoup cette cousine, alors j'ai dit au médecin qu'à moins de faire une hémorragie mortelle, j'allais quitter l'hôpital pour jouer mon hommage. Le médecin a eu la gentillesse de faire rapidement une batterie de tests et de me renvoyer à mes occupations."

L'une des choses qui m'a frappé lors d'un des spectacles de Vincent auquel j'ai assisté, c'est la façon dont il s'est adressé au public, comme si nous étions tous des amis partageant un moment spécial ensemble. "Le public est ce qu'il y a de plus important pour le musicien", a déclaré Vincent. "Il est donc important de construire une relation avec eux, et une partie de cela consiste à nous rendre, moi et la musique classique, plus accessibles. Mes parents ont passé leur vie à essayer de démocratiser l'opéra. Dans ma famille, la musique classique n'était pas prétentieuse ou élitiste. C'était de la musique populaire. Fait rigolo, j'ai un ami qui, l'autre jour, m'a mis un disque que je n'avais jamais entendu auparavant et quand ce fut fini, je lui ai dit combien je l'aimais. Il m'a regardé avec incrédulité et m'a dit : "Eh bien, oui, c'était Pink Floyd", et j'ai répondu : "Oh, d'accord, désolé". (haussant les épaules avec un sourire penaud)

En Chine, il a rejoint le China Broadcasting Chinese Orchestra (CBCO). "C'était intéressant", dit-il. "Personne ne parlait anglais ou français. Le chef d'orchestre disait donc vocalement comment il voulait que je joue un certain passage. Le seul mot qu'il me disait, et que je comprenais, était "sentiment. Il gesticulait avec ses bras et son torse et disait "sentiment", avec sentiment. C'était très amusant.

Il y a une rumeur selon laquelle son téléphone portable s'est mis à sonner alors qu'il prenait place sur scène comme soliste lors d'une performance avec l’ONRC, est-ce vrai? (facepalm) "Imaginez", dit-il. "C'était le moment le plus embarrassant de ma vie. L'orchestre était tellement bouleversé. J'avais fait un live stream avec mon petit frère avant mon entrée sur scène et j'avais mis le volume à fond pour qu'il puisse mieux m'entendre. Et j'ai oublié d'éteindre mon portable. (facepalm) Ça m’a causé de sérieux problèmes, mais je joue toujours avec cet orchestre. Ils ne m'ont pas banni".

Vincent attribue une grande partie de ses récents succès d'enregistrement et de tournée aux personnes qu'il a rencontrées dans l'industrie audio : Les organisateurs du Salon Audio de Montréal, Sarah et Michel, qui l'ont introduit dans la communauté audio, l'équipe de production de GFN Productions, ainsi que Lily Luo de Motet Distribution et Peter Qvortrup d'Audio Note UK, qui ont tous deux, à leur tour, parrainé ou produit certains des enregistrements et des événements live de Vincent. Vincent est également ambassadeur musical et directeur artistique d'Audio Note UK, un rôle qu'il occupe depuis 7 ans. Et puis il y a les personnes avec lesquelles Vincent se sent honoré d'avoir collaboré sur disque : la pianiste/chanteuse de jazz Anne Bisson, avec laquelle Vincent a fait un duo sur l'album à succès Conversations produit par Lily Luo, et les 9 de Montréal, un ensemble de 8 violoncelles et d'une contrebasse avec lequel Vincent continue d'enregistrer et de tourner.

"La communauté audio est le secret le mieux gardé", a déclaré Vincent. "Ces gens sont passionnés de musique et passionnés par le soutien aux arts musicaux".

Vincent est un habitué des salons audio de partout dans le monde, dans le cadre de sa fonction d'ambassadeur de la musique pour Audio Note UK, où il anime la salle d'exposition d'Audio Note UK et joue du violoncelle pour les visiteurs, nouveaux ou anciens, qu'il a appris à connaître au fil des ans. "Les audiophiles ont tendance à être des mélomanes", a-t-il déclaré. "Ils aiment toutes les musiques. Ils écouteront Daft Punk et Pure Cello et des trucs éclectiques.

"Pure Cello (Audio Note UK) est un album de Vincent composé, vous l'aurez deviné, d'œuvres pour violoncelle seul. "Mon objectif était de faire l'un des meilleurs albums de violoncelle solo sur le marché", a dit Vincent. "J'en suis très fier." Inutile de dire qu'à la lumière des personnes dont Vincent s'est entouré pour enregistrer ses albums, la qualité sonore est excellente sur toute la ligne.

Alors, Vincent est-il un audiophile ? "J'ai toujours été un audiophile, d'une certaine manière. L'audiophile achète ceci et cela pour améliorer le son de son système. C'est ce que j'ai toujours fait avec mon violoncelle. Le type d'archet que j'utilise, le chevalet, le type d'érable dont est fait le chevalet - ces choses ont toujours été importantes pour moi. J'utilise une pique en métal parce qu'elle permet au son d’être davantage précis qu'une pique en graphite. Mon cordier n'est pas en plastique, il est en ébène. J'entends les différences entre les matériaux, et j’ai toujours aimé ce genre de micro-détails. Ainsi, lorsque les audiophiles disent que tout dans un système fait une différence, je le crois, car c'est la même chose avec mon instrument. Et ce n'est pas nécessairement une question de prix. J'ai choisi un archet à 6 000 dollars plutôt qu'un autre à 10 000 dollars parce que, pour moi, il sonnait mieux. Cela ne veut pas dire que l'archet à 10 000 dollars ne sonnera pas mieux sur un autre violoncelle. C'est une question de synergie."

"C'est comme ce que j'ai toujours dit aux gens lorsqu'il s'agit de ma musique ou des produits Audio Note UK", a déclaré Vincent. "Si vous aimez ce que vous entendez, achetez-le. Si vous ne l'aimez pas, ne l'achetez pas".

En guise de coda à notre entretien, je demande à Vincent, grand admirateur des œuvres classiques russes, ce qu'il pense de la tendance actuelle dans certains pays à interdire aux musiciens russes de jouer en raison de la guerre en Ukraine. "Je suis en conflit avec ce qui se passe. Tu sais, ces musiciens travaillent tellement dur, surtout les jeunes. Ils sont indépendants de leur gouvernement. Je dis qu'il faut les laisser jouer. Pourquoi devraient-ils souffrir ou être blâmés pour quelque chose qui ne dépend pas d'eux ? “

Afin de célébrer son 30e anniversaire de carrière, Vincent Bélanger et les 9 de Montréal se produiront au Salon Audio de Montréal le 25 mars è 10h00 et les 7 et 8 septembre, à la Maison Symphonique et au Palais Montcalm, respectivement.

Les prochains enregistrements de Vincent Bélanger et des 9 de Montréal comprennent Adaptations 2 (Denis Chabot Mtl) et Chroniques de Paris (Audio Note UK).