Nouveautés et royautés du vinyle

Le MC Rudy Radelic nous rend visite avec des rééditions méconnues, un hommage posthume à Ozzy, et une plongée en profondeur dans les secrets des vinyles de Prince — là où les véritables trésors ne se trouvaient jamais sur la face A.

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Nouveautés et royautés du vinyle

Le MC Rudy Radelic nous rend visite avec des rééditions méconnues, un hommage posthume à Ozzy, et une plongée en profondeur dans les secrets des vinyles de Prince — là où les véritables trésors ne se trouvaient jamais sur la face A.

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Cet article a été publié pour la première fois dans Copper Magazine de PS Audio, avec qui PMA entretient un programme d’échange de contenu.

Nouveaux grooves

Quelques nouveaux disques sont arrivés chez moi au cours des deux derniers mois. En voici quelques-uns — toutes des rééditions qui pourraient facilement passer inaperçues. 

Jean-Luc Ponty : L'expérience Atacama (MPS Records, 2025)
Jean-Luc Ponty : No Absolute Time (MPS Records, 2025)

Depuis août 2024, le violoniste de jazz Jean-Luc Ponty s’est retiré de la scène, à l’exception de quelques concerts occasionnels à proximité de chez lui. Dans le cadre de cette annonce, Ponty a indiqué qu’il travaillait à la remastérisation et à la réédition de certains de ses anciens enregistrements. L’an dernier, j’ai acheté une copie vinyle de Life Enigma (son album de 2001). Atacama a été réédité en mai dernier en vinyle et en CD par MPS Records, le label chargé de republier ses œuvres.

The Atacama Experience est le plus récent enregistrement studio de Jean-Luc Ponty, paru en 2007. (Depuis, il a participé à quelques projets collaboratifs, comme D-Stringz avec Stanley Clarke et Biréli Lagrène en 2015, ou encore l’album live du AndersonPonty Band, Better Late Than Never, la même année, en compagnie de Jon Anderson, du groupe Yes.) Cet album est considéré comme un retour à la musique que Ponty créait au milieu des années 1970, tout en montrant l’influence des nombreuses inspirations qu’il a intégrées au fil des décennies. L’album sonne moderne, mais évoque aussi une époque plus simple, avec un accent plus marqué sur l’acoustique et une présence réduite de l’électronique et des synthétiseurs. Allan Holdsworth et Philip Catherine y font des apparitions en invités. Ponty y retrouve également le groupe de cette époque, composé de William Lecomte (claviers), Thierry Arpino (batterie), Guy Nsangué Akwa (basse) et Taffa Cissé (percussions). Mis à part un morceau signé Lecomte et une reprise de « Parisian Thoroughfare » de Bud Powell, tous les titres sont composés par Ponty lui-même. C’est un album agréable, qui pourrait séduire de nouveaux auditeurs tout en ravissant les nombreux fans qui le suivent depuis des décennies.

No Absolute Time remonte à 1993. Cet album marque le retour de Jean-Luc Ponty chez Atlantic Records, après avoir enregistré trois albums pour Columbia ou Epic Records. Il prolonge certaines des explorations entamées sur Tchokola, son album aux influences africaines, tout en intégrant des éléments de synthèse rappelant ses précédents disques chez Atlantic, comme Open Mind et Individual Choice. (Ces deux albums ont d’ailleurs également été réédités en vinyle et en CD par MPS.) Certains morceaux, comme « Savannah » et « Forever Together », déploient une transe hypnotique similaire à celle que l’on retrouvait déjà sur ces deux albums précédents.

The Mavericks : Mono (en stéréo) (Valory Music Company, 2015/2025)

The Mavericks ont sorti Mono en 2015, un album conçu et enregistré en monophonie. Il a été publié en vinyle cette même année dans le cadre du Record Store Day. Pour son 10e anniversaire, l’album a été réédité dans un nouveau mix stéréo, et je dois dire que le résultat est bien meilleur. Le son est moins étouffé, et les nombreux instruments du groupe ne sont plus noyés dans un seul point du mix. Cette nouvelle version me semble bien plus vivante. Elle est disponible en vinyle rouge « megaphone » (un clin d’œil à la pochette de l’album), ainsi qu’en version numérique. Bien que j’apprécie certains enregistrements monophoniques, celui-ci m’a toujours paru maladroit. Musicalement, il était bon, mais je ne m’y suis jamais vraiment attaché. Cela tient peut-être aussi au rendu monophonique.

Ozzy Osbourne : Plus de larmes (Epic Records, réédition de 2021)

Un petit mot en passant, à la suite du décès d’Ozzy Osbourne cette année. Je ne suis pas un fan inconditionnel (sans jeu de mots) d’Ozzy ou de Black Sabbath, mais il y a tout de même plusieurs albums que j’aime beaucoup. No More Tears n’égale sans doute pas ses deux premiers albums solo (Blizzard of Ozz et Diary of a Madman), mais il reste pour moi un excellent disque rock, avec plusieurs de mes morceaux préférés d’Ozzy : la pièce-titre, « Mama I’m Coming Home » (son single le plus populaire), « I Don’t Wanna Change the World », « Desire » et « Hellraiser ». (Fait intéressant : c’est Lemmy Kilmister qui a écrit les paroles de ces morceaux.) La qualité sonore de cette réédition pourrait peut-être être légèrement meilleure, mais cela reste un pressage de bonne qualité, et je ne vais pas pinailler sur ce point. L’album est désormais réparti sur deux disques, alors que le pressage vinyle original de 1991 rassemblait tous les titres sur un seul. Les copies de cette première édition américaine se sont déjà vendues jusqu’à 499 $US (selon l’historique de Discogs), alors je considère que la mienne, acquise pour une fraction de ce prix, est une vraie bonne affaire.

Grooves 33 tours

Le roi des 12 pouces

On pourrait plaisanter en disant que ses talons faisaient 12 pouces, mais Prince s’est surtout fait remarquer, au début de sa carrière, pour ses maxis simples. Contrairement à beaucoup d’autres, ses singles ne se contentaient pas de versions rallongées ou légèrement remixées : ils avaient du contenu. Le plus souvent, ce sont les faces B qui attiraient vraiment l’attention — des titres inédits, absents des albums, parfois meilleurs que les morceaux officiels. D’ailleurs, ma station de radio préférée leur accordait autant d’importance qu’aux grands succès, ce qui en faisait des ventes solides dans la région. Je ne vais pas faire la liste complète de ses maxis, mais je vais en souligner quelques-uns qui se démarquent ou qui comptent parmi mes préférés.

« Let’s Work » b/w « Gotta Stop (Messin’ About) »

Il s’agissait du tout premier single grand format de Prince, et localement, c’est la face B — « Gotta Stop (Messin’ About) » — qui passait le plus à la radio, bien plus que la face A. J’ai découvert Prince à l’époque de l’album Controversy, mais ce n’est qu’en achetant ses disques précédents que j’ai réalisé que cette chanson n’y figurait pas. J’ai finalement découvert qu’elle était uniquement disponible sur un single au format 33 tours, et je l’ai acheté sur-le-champ — je ne l’ai plus jamais croisé depuis (sauf sur Discogs, évidemment). Quant à « Let’s Work », la version ici est rallongée : elle dépasse la fin de l’originale de l’album avec une section « Work it! » et quelques passages instrumentaux supplémentaires.

« Let’s Go Crazy » b/w « Erotic City »

« Let’s Go Crazy » méritait amplement la durée qu’on lui a donnée sur le 33 tours simple. Si je ne me trompe pas, c’est d’ailleurs cette version intégrale qui sert de fond musical dans la première partie du film Purple Rain. Elle ajoute une section centrale avec quelques bons moments de jam. Quant à la face B… disons simplement qu’elle contient des paroles plutôt intraduisibles et carrément NSFW (partiellement chantées par Sheila E.), comme on pouvait s’y attendre avec Prince. Malgré tout, c’est irrésistible — surtout à cause du groove. Inutile de préciser que cette version a nécessité un sérieux nettoyage pour passer à la radio.

« America b/w Girl »

Avec l’album Around the World in a Day, j’ai commencé à décrocher un peu de sa musique, et j’ai trouvé que les faces B n’avaient plus le même niveau que celles des périodes précédentes. En fait, je serais bien incapable de te dire à quoi ressemble « Girl » — je ne l’ai jamais assez aimée pour l’écouter plus de quelques fois. Cela dit, la version présente ici est plus longue que celle de la face B du 45 tours. Mais la face A de ce 33 tours reste l’une de mes préférées. Il s’agit d’une version étendue du morceau de l’album… très étendue. La version originale se termine à 3 min 40, alors que celle-ci dure plus de 21 minutes, précisément 21:46 ! Est-ce une révélation, un trésor caché longtemps oublié ? Non. Ça part un peu dans tous les sens. Mais je l’aime parce qu’elle offre un aperçu brut de ce qui se passait en studio — une longue jam funk une fois que la chanson proprement dite est terminée. (L’extension comporte peu — voire pas — de paroles.) Si seulement le reste de l’album avait été aussi groovy, je l’aurais sûrement davantage apprécié.

« Little Red Corvette (Dance Mix) » b/w « Lady Cab Driver » (Import)

Les succès de Prince sont généralement proposés sous forme de versions étendues lors de la sortie des albums, mais très rarement sous forme de remixes. “Little Red Corvette” a fait l'objet d'un des rares remixes sur un 45 tours de 12 pouces importé d'Allemagne. J'appelle cette version “double-beats”, car la grosse caisse est doublée dans la plupart des parties de la chanson. Difficile à décrire tant que l'on n'a pas comparé les deux. J'ai eu de la chance et je suis tombé sur cette version dans un magasin local favori, à l'époque où la chanson était un succès. La face B est la version album de “Lady Cab Driver” telle qu'elle apparaît sur l'album 1999 album.

« Let’s Pretend We’re Married » b/w « Irresistible Bitch »

J’ai acheté ce disque uniquement pour sa face B. Comme d’autres titres de l’époque, notre station locale en diffusait une version qu’elle avait elle-même éditée, et elle passait en boucle quand le single est sorti. À mes oreilles, cette face B est plus accrocheuse que la face A, qui fait partie des rares morceaux de 1999 que je n’écoutais pas souvent. (Et pourtant, j’ai fait tourner cet album des centaines de fois à l’époque !) La face A, ici, correspond à la version album.

« I Would Die 4 U (Extended Version) » b/w « Another Lonely Christmas »

La face B est le seul morceau à thématique de Noël que j’aie jamais vu sortir chez Prince. Ce simple fait la rend déjà remarquable, mais deux autres éléments rendent ce single encore plus intéressant. « I Would Die 4 U » figure bien sûr dans le film et sur l’album Purple Rain, mais il ne s’agit pas ici d’une version longue — c’est un enregistrement totalement différent, avec un tempo légèrement plus rapide, qui donne l’impression d’avoir été capté en direct en studio ou sur un plateau de tournage. (Ce n’est qu’une supposition — peut-être une version de répétition enregistrée sur un plateau, ou bien captée au First Avenue and 7th Street Entry, le club de Minneapolis mis en vedette dans le film.)

« Purple Rain » b/w « God »

Comme souvent, c’est la face B qui se démarquait sur ce 33 tours simple. Elle met des paroles sur l’un des thèmes instrumentaux du film. La face A, quant à elle, reprend la version album de « Purple Rain ». Musicalement, la face B n’a rien d’extraordinaire (si ce n’est qu’il s’agit d’une version longue du 45 tours), mais l’intérêt principal réside dans le fait que ce disque a été pressé sur un vinyle violet.

C’est tout pour octobre ! Je partirai à la recherche de quelques autres pépites le mois prochain.

Image d'en-tête avec l'aimable autorisation de Pixabay.com/blitzmaerker.

Reproduit avec l'autorisation de l'auteur. Pour plus d'articles comme celui-ci, visitez Copper Magazine.

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