Comme amateur de musique, nous sommes à la recherche de la meilleure qualité sonore possible. Tous les chemins mènent à Rome, dit-on, mais encore faut-il bien identifier nos besoins, notre chemin et notre budget pour y parvenir. Dans le cadre de mes prochaines chroniques, tel un guide de voyage, je vous recommanderai de bonnes adresses, des conseils, des suggestions de parcours selon le temps que vous disposez pour votre voyage à Rome. Comme avec tous les guides, vous risquez de désapprouver des recommandations ou des commentaires; c’est tout à fait normal et je dirais même sain ! Vos oreilles, vos besoins, votre budget devront être votre leitmotiv. Ne vous laissez pas influencer sans vérifier.

  Quel chemin dois-je choisir pour débuter notre périple: analogue ou numérique ? Les deux chemins sont d’excellents choix. Comme toute destination voyage, il y a des avantages et des désavantages à considérer. La qualité sonore, heureusement, ne se résume pas en fonction du format, mais plutôt à l’enregistrement de la prestation, du mixage et du matriçage. Je vois déjà à l’horizon les défenseurs de la foi analogique ou numérique me traiter d’hérétique, mais je demeurerai fidèle à mes convictions.

  Pour des fins de rédaction et de trame narrative, le premier tome de notre guide de voyages se limitera aux chemins numériques nomades (appareils mobiles) et réseaux domestiques. Les autres tomes suivront.

Des problèmes de promotion touristique

Il y a bientôt 20 ans, précisément le 3 octobre 2001, le monde numérique nomade, et le monde de la musique en général, vivaient un tremblement de terre bouleversant. Même le chemin analogue, pourtant éloigné, en a ressenti les importants contrecoups. Steve Jobs annonce un appareil révolutionnaire qui peut contenir 1000 pièces musicales et loger dans notre poche. Wow ! Arrêt sur l’image pour quelques secondes. Maintenant, vous remarquerez à 4 minutes et 23 secondes de la vidéo suivante que Jobs définit la qualité sonore de cet appareil comme « une très grande qualité de compression MP3, très grande qualité ». (1)

En théorie, plus le nombre de kilobits par seconde est élevé, meilleure sera la qualité sonore. À titre d’exemple, le débit binaire d’un CD est de 1411 kbps. 1411 kbps versus 160 kbps pour la qualité MP3 proposée par Jobs? Nous sommes très loin du compte du « très grande qualité », n’est-ce pas ? Évidemment, des informations contenues initialement dans l’enregistrement ont été supprimées et ne peuvent être récupérées. C’est pourquoi le MP3 est définit comme un format de compression avec perte.

  Malgré tout, cette ligne marketing aura des répercussions importantes pour les années à venir. En raison de la notoriété de Jobs, plusieurs voyageurs seront bernés et accepteront et défendront que la musique compressée avec perte est de même qualité que la musique contenue dans un fichier compressé sans perte.

D’ailleurs, le chanteur Neil Young a révélé que Steve Jobs reconnaissait cette duperie :

  « J’avais rencontré Steve Jobs dans le passé et je connaissais la position d’Apple, » explique Young. « S'il appréciait la musique haute résolution et écoutait lui-même des vinyles, il ne s'intéressait pas à la haute résolution pour ses produits, et cette croyance était l'une des raisons pour lesquelles notre musique se détériorait. Lorsque nous nous sommes entretenus, il m'a dit que ses clients étaient parfaitement satisfaits de la qualité MP3. Il avait une norme pour lui-même et une autre pour ses clients. Comme il l’a dit: « Nous sommes une entreprise de consommation ». (2)

Premier conseil de notre guide de voyage, vérifiez si les avantages annoncés dans un Airbnb-audio sont bien réels tant au niveau de la qualité sonore et que du confort d’écoute. Pour des fins marketing (1000 chansons dans votre poche), la musique et les artistes en ont fait les frais. Rassurez-vous, il existe plusieurs sites en audio du type TripAdvisor qui pourront vous évitez les mauvaises adresses ou les fausses promesses. Nous y reviendrons…

Avant d’amorcer notre voyage vers Rome, il est important de vous partager certaines de mes opinions concernant les éternels débats entre les partisans du format numérique versus l’analogique. En réalité, ils ont tous les deux raison. Les deux formats peuvent mener à Rome. Ils ont leurs forces et leurs faiblesses respectives.

  Toutefois, le monde dans lequel nous vivons est de plus en plus numérique et cette tendance est irréversible. Comme le mentionnait si bien Darth Vader dans le troisième épisode de la Guerre des étoiles : « il est inutile de résister ! ». Depuis les années 80, les enregistrements de vos artistes préférés sont réalisés, à quelques exceptions près, uniquement en numérique.

Les bandes maîtresses de vos artistes qui ont enregistré avant cette période sont sur bandes magnétiques, donc analogues. Ces bandes, avec le temps, ne peuvent que détériorer. En fait, à chaque fois qu’elles sont utilisées, leurs qualités sonores diminuent. Donc, en termes de préservation de notre patrimoine culturel et musique préférée, il est urgent de numériser la musique avec la meilleure reproduction sonore possible.

Je dis bien une reproduction, car pour reproduire le son, l’ordinateur divisera l’onde sonore en une multitude de petits échantillons sonores, de qualités suffisantes individuellement, pour artificiellement recréer l’onde sonore originale. Plus il y aura d’échantillons, plus le signal numérique devrait être fidèle à l’onde sonore, et meilleur sera le rendu final sur votre chaîne stéréo. J’emploie le conditionnel, car c’est plus compliqué que çà.

  De la captation numérique de la prestation musicale au rendu sonore analogique dans notre casque d’écoute ou sur notre chaîne stéréo, il y a beaucoup d’éléments à considérer, à affiner et à traiter.

De loin, le plus important de ces éléments sera l’enregistrement et le matriçage de l’œuvre musicale. Oubliez, de grâce, les formats. Un mauvais enregistrement demeurera un mauvais enregistrement, peu importe qu’il soit numérique ou analogique. Malheureusement, un bon enregistrement peut être complètement bousillé lors du matriçage, peu importe son format.

  Il est donc primordial de bien choisir notre source de musique matérialisée (CD ou vinyle) ou non (lecture en réseau) avant même de penser à loger nos enregistrements numériques dans sa valise (disque dur ou « solid state drive ») et définir son format (Wav, Flac, Alac, AIFF, DSD et autres).

  « Oui, mais Mario, comment savoir si le CD ou la version dématérialisée du coffret 50e anniversaire de mon artiste ou groupe préféré est de meilleure qualité sonore que la version 40e anniversaire ? ». Bonne question! J’aurai quelques petits trucs à vous partager lors de ma prochaine chronique.

  Entretemps, j’aimerais à mon tour vous poser quelques questions afin de mieux vous guider en fonction de votre budget, vos goûts et vos besoins.

  Pourquoi souhaiterez-vous emprunter le chemin numérique ? Quels sont vos objectifs ? Choisirez-vous la formule du tout inclus (écoute en réseau à la maison et le mode nomade, soit à l’extérieur de la maison) ou à la carte ? Êtes-vous un voyageur qui souhaite voyager avec beaucoup de bagages (albums, chansons, listes de lecture) ? Voyagez-vous avec de lourdes valises (plusieurs mégaoctets ou téraoctets de musique) ? Ou préférez-vous voyager léger et laisser l’organisateur vous proposer des sites à visiter (services de musiques en ligne et ses algorithmes) ? Quel est votre budget ?

  Certaines de ces questions peuvent paraître superflues, mais elles sont tous pertinentes pour bien démarrer et emprunter le meilleur chemin pour atteindre Rome. Je vous laisse y réfléchir, et n’hésitez pas à me soumettre vos questions lors de notre voyage.