
Matrix Audio a commencé comme la plupart des grandes passions : dans le garage d’un lycée de Xi’an, vers 2001. Trois amis, riches d’ambition mais pauvres en outils, se sont dit qu’ils pouvaient, oui, fabriquer leurs propres haut-parleurs. Vingt ans plus tard, ce rêve d’adolescents s’est transformé en l’une des marques hi-fi les plus discrètement impressionnantes de la scène mondiale.
Xi’an n’est pas une ville ordinaire. Ancienne capitale de la Chine et terminus oriental de la route de la soie, c’est une cité où l’histoire vibre sous chaque pierre. C’est là que des empereurs ont fondé des dynasties, et où l’innovation fait depuis toujours partie de l’ADN culturel. Il est donc presque poétique qu’une entreprise audio moderne, alliant précision et design intemporel, ait vu le jour dans un tel décor. Matrix Audio ne vient pas seulement de Xi’an : elle incarne Xi’an. L’ingénierie y rencontre l’héritage. Le futur y dialogue avec le passé.
Officiellement fondée en 2009 et baptisée Matrix Audio en 2013, la société repose sur un principe aussi simple que révolutionnaire : offrir un son numérique exceptionnel sans que l’utilisateur ait besoin d’un diplôme d’ingénieur pour en profiter. Le nom « Matrix » évoque cet équilibre entre précision sonore et minimalisme esthétique — une manière poétique de dire que le fond compte autant que la forme. Mais cela va plus loin : la matrice est aussi un espace d’interconnexion, de circulation des signaux et de structure. La musique elle-même est une matrice — une grille de temps, de tonalités et de textures. « Into The Music » n’est pas qu’une devise. C’est une invitation à entrer pleinement dans cette grille, à s’immerger dans l’expérience.
Cette société développe son propre système d’exploitation basé sur Linux, le MA Player, afin de s’assurer que chaque parcelle du signal audio est traitée selon ses propres règles. Rien n’est standardisé. Tout est intentionnel.
Et le matériel ? C’est une démonstration d’excès sous des airs de sobriété. La plupart des modèles intègrent des puces DAC ESS Sabre ES9038 PRO — en gros, les moteurs Ferrari de l’audio numérique. Associées à des horloges femtosecondes (parce que les nanosecondes sont visiblement trop banales), à une topologie analogique symétrique et à des circuits imprimés d’une propreté irréprochable, les appareils Matrix dépassent régulièrement les performances de nombreux concurrents occidentaux valant deux fois leur prix. Pas qu’ils s’en vantent. Ça, c’est votre rôle — une fois que vous avez écouté.
Parlons maintenant des gammes de produits, car il y a, bien entendu, une taxonomie :
- Série Mini-i : Les surdoués du bureau. Conçus pour les petits espaces, ils parviennent tout de même à intégrer des XLR symétriques, une entrée HDMI ARC et la certification Roon Ready. Le véritable couteau suisse de votre poste de travail.
- Série X-SABRE : Des DAC épurés pour les puristes du minimalisme. Le X-SABRE 3 ajoute la lecture en réseau — parce que même les puristes apprécient un peu de confort.
- Série Element : Le virage décisif de la marque vers le streaming. L’Element X2 Pure fait carrément l’impasse sur l’amplificateur casque — un geste audacieux qui dit clairement : « nous ne sommes pas là pour vous ménager. »
- Série M : Leurs pièces emblématiques. Un streamer, un préampli et un amplificateur stéréo, tous modulaires et résolument haut de gamme. Si Apple se lançait dans la hi-fi, cela ressemblerait sans doute à ça.
- Interfaces numériques : Comme le X-SPDIF 3, qui transforme l’audio lamentable de votre ordinateur en quelque chose qui mérite enfin d’être écouté.
Côté logiciel, le MA Player de Matrix est l’antithèse de l’expérience haut-parleur Bluetooth. Il décode tout — du PCM au MQA en passant par le DSD natif —, indexe votre NAS comme si c’était encore 1999, et s’intègre à TIDAL Connect, AirPlay 2 et Spotify Connect. Quant à l’application MA Remote, elle a au moins le bon goût de ne pas ressembler à un projet de stage conçu avec ClipArt.
Leur matériel est, bien sûr, certifié Roon Ready. Dix appareils et ce n’est qu’un début. Car si vous optez pour Matrix, ce n’est certainement pas pour des intégrations au rabais.
Côté formats, Matrix a été l’un des premiers fabricants chinois à prendre le MQA au sérieux, offrant un décodage complet (dépliage et rendu) quand d’autres se demandaient encore ce qu’était ce sigle. HDMI ARC, DSD256+, filtres PCM personnalisables… C’est comme si quelqu’un avait pris la liste de souhaits des audiophiles et tout coché, un par un.
Matrix est désormais présent dans plus de 40 pays, se pointe au salon High End de Munich avec l’assurance d’un vétéran, et repart avec des récompenses décernées par des critiques parmi les plus difficiles à convaincre. Pensez : « bat des DAC occidentaux pour deux fois moins cher ». Un son neutre, détaillé, une construction à toute épreuve.
Et pour l’avenir, Matrix ne compte pas se reposer sur ses lauriers à faible gigue. La série M laisse entrevoir un futur orienté système complet, avec amplification GaN et modules d’horloge exclusifs. Les mises à jour du MA Player continuent d’arriver avec une précision obsessionnelle — au point qu’on imagine sans peine un tableau blanc, quelque part au siège, intitulé : « Domination mondiale, étape 5 ».
À retenir
- Ils construisent tout eux-mêmes, des puces aux applications.
- Le rapport qualité-prix frôle l’indécence.
- Ils passent du statut de « spécialiste des DAC » à celui d’« écosystème hi-fi complet » avec une élégance qui devrait sérieusement inquiéter certaines marques historiques.
Dans un univers où beaucoup de fabricants audio parlent fort pour livrer, au final, des produits tièdement rebrandés, Matrix Audio fait partie des rares acteurs qui font le travail, maîtrisent l’exécution… et laissent les résultats parler — ou plutôt chanter — d’eux-mêmes.

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