
PRÉAMBULE
Dans cette mini-série, j’ai voulu évoquer des moments heureux à travers des chansons d’été — ou des morceaux qui transmettent cette ambiance estivale si particulière. Elles sont présentées par ordre de parution. Pour garder un ton léger et fluide, j’ai en grande partie évité de parler de la qualité sonore. Alors, sortez la crème solaire et enfilez vos lunettes de soleil : nous allons nous amuser, nous amuser, nous amuser sous le soleil de l’été !
1 - Percy Faith – « Theme from A Summer Place ». Columbia – 4-41490 (septembre 1959), 45 tours. Genre : easy listening, mood music.
Né à Toronto, en Ontario, avant de s’installer à Chicago, en Illinois, le compositeur, chef d’orchestre, chef de groupe et orchestrateur Percy Faith est surtout connu pour sa version orchestrale instrumentale de « Theme from A Summer Place ». Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’en est pas le compositeur. Cet honneur revient à Max Steiner, le célèbre « père de la musique de film », qui est l’auteur de ce qui est sans doute le morceau le plus emblématique de la musique d’ambiance — aussi appelée easy listening — jamais produit.
Il est intéressant de noter que, même si le thème apparaît dans le film, il n’est pas considéré comme le thème principal. Quoi qu’il en soit, même après plus d’un demi-siècle, la version de Faith de ce classique estival emblématique sonne aussi fraîche aujourd’hui qu’à l’époque, plus innocente, où elle a vu le jour. Je suis certain que Molly et Johnny seraient d’accord.
2 - The Surfaris – « Surfer Joe » / « Wipe Out » DFS–11/12 (janvier 1963) – Wipe Out. Dot Records – DLP 3535 (mono) (juillet 1963), 33 1/3 tours. Genre : surf rock.
À partir des années 1960, le surf rock a émergé de l’océan pour venir s’écraser sur les plages californiennes et envahir les ondes radio. En mêlant des influences moyen-orientales et mexicaines à une généreuse dose de réverbération, le guitariste Dick Dale et les Del-Tones ont jeté les bases de ce sous-genre au son twangy grâce à leur single « Let’s Go Trippin’ » en 1961, suivi de leur premier album Surfer’s Choice [Deltone Records LPM 1001] en novembre 1962.
Les Surfaris, originaires de Glendora, en Californie, ont décroché leur premier — et plus grand — succès instrumental avec « Wipe Out ». Fait amusant : lorsque le single original est sorti en janvier 1963, « Wipe Out » avait été relégué sur la face B, un peu par défaut ; c’est « Surfer Joe », en face A, qui était censé devenir un tube. Il s’est avéré que c’est l’inverse qui s’est produit.
Il est intéressant de noter que seuls « Wipe Out » et « Surfer Joe » sur l’album Wipe Out ont réellement été interprétés par les Surfaris ; le reste des morceaux a été enregistré par des membres des Challengers et d’autres musiciens de studio. Les solos de batterie récurrents et le riff de guitare distinctif de la chanson titre sont inoubliables. Paul Buff l’a enregistré au Pal Recording Studio, à Cucamonga (Californie).

C’est la version mono qu’il faut privilégier, car la stéréo sonne artificielle. La reprise des Ventures sur leur album Let’s Go [Dolton Records BST-8024] mérite également d’être découverte.
3 - Martha and the Vandellas – « Heat Wave » (juillet 1963) – Heat Wave. Gordy – GLP 907 (mono) (septembre 1963), 33 1/3 tours. Genre : « Motown sound », pop.
Fondée par Berry Gordy en 1959, la Motown ne s’est réellement embrasée qu’en 1963, lorsque « The Motown Sound », alias « The Sound of Young America », a jailli des flammes de la Motor City grâce au grand succès de Martha and the Vandellas, « Heat Wave », qui a mis le feu aux poudres. Sorti pour la première fois en juillet de cette année-là, ce single, propulsé en tête des hit-parades, a envoyé un signal fort : l’été était officiellement arrivé.
Le reste de l’album éponyme est rempli de reprises plutôt oubliables de tubes pop de l’époque. Produit par Holland & Dozier, l’album est d’abord paru uniquement en mono, avant qu’une version stéréo [Gordy GS 907] ne voie le jour en janvier 1966.
Enregistrée au Studio A de Hitsville U.S.A. à Detroit, Martha Reeves est accompagnée par Rosalind Ashford et Annette Beard, membres des Vandellas, tandis que l’instrumentation est assurée par les Funk Brothers. Le trio connaîtra d’autres succès entre 1964 et 1967, avec des titres marquants comme « Dancing in the Street », « Nowhere to Run » et « Jimmy Mack », pour ne citer que ceux-là.
All the leaves are brown and the sky is gray…
4 - The Mamas and the Papas – « California Dreamin’ » (décembre 1965) – If You Can Believe Your Eyes and Ears. Dunhill – DS-50006 (février 1966), 33 1/3 tours. Genre : California sound, sunshine pop, folk rock.
Sortie « un jour d’hiver », « California Dreamin’ » rêve d’une journée ensoleillée — ce qui explique pourquoi je l’ai incluse parmi les « chansons à sonorité estivale ». Écrite à l’origine par John et Michelle Phillips en 1963, Barry McGuire puis les Mamas and the Papas ont tous deux interprété leur propre version, en utilisant la même piste instrumentale fournie par les membres du Wrecking Crew. Produite par Lou Adler, patron de Dunhill Records, cette dernière version — réunissant les Phillips, Cass Elliot aux harmonies et Denny Doherty au chant principal — est bien sûr la plus connue. Le musicien de jazz Bud Shank y a ajouté le célèbre solo de flûte.
L’album If You Can Believe Your Eyes and Ears comprend également leur deuxième plus grand succès, « Monday, Monday ». Enregistré par Bones Howe, il a été capté chez United Western Recorders à Hollywood.
5 - The Lovin’ Spoonful – « Summer in the City » (juillet 1966) – Hums of the Lovin’ Spoonful. Kama Sutra – KLPS-8054 (novembre 1966), 33 1/3 tours. Genre : « hard-edge » pop, psychedelic pop.
La chanson « Summer in the City » des Lovin’ Spoonful est souvent citée comme le single estival numéro un de tous les temps. Mené par le chanteur et auteur-compositeur John Sebastian, ce groupe folk rock américano-canadien avait fait ses débuts — et percé — avec « Do You Believe in Magic » en juillet 1965. Sorti un an plus tard, « Summer in the City » a marqué l’apogée de leur succès dans les hit-parades.
Le morceau se distingue par l’utilisation d’effets sonores imitant les bruits de la ville — klaxons de voitures et marteaux-piqueurs — introduits à mi-parcours. De plus, un mélange de tonalités majeures et surtout mineures lui confère une atmosphère plus dure, légèrement agressive (pour l’époque), qui la différencie d’une concurrence plus décontractée. Produite par Erik Jacobsen et enregistrée par Roy Halee au studio Columbia de la 7e Avenue à New York, il s’agit d’un classique concis et intemporel des années 60.
6 - The Beach Boys – « Wouldn’t It Be Nice » (juillet 1966) – Pet Sounds. Capitol Records – T2458 (mono) (mai 1966), DCC LPZ-2006 (1995), 33 1/3 tours. Genre : chamber pop, psychedelic pop, power pop, experimental pop.
Il serait impensable de dresser une liste de chansons estivales sans inclure au moins une ou deux pièces des Beach Boys — ou de Brian Wilson. Bien loin de leurs débuts marqués par le surf rock et les bolides, ces chouchous de l’Amérique se sont ensuite aventurés dans la pop psychédélique et expérimentale, d’abord avec Pet Sounds en juillet 1966, puis, en octobre de la même année, avec le single suivant « Good Vibrations ». Ces deux parutions ont non seulement influencé les Beatles, mais ont aussi été influencées par eux, preuve manifeste du respect mutuel qu’ils se portaient.
Wilson s’est donné pour mission de surpasser les Fab Four, et Pet Sounds a placé la barre très haut avec des titres comme « Don’t Talk (Put Your Head on My Shoulder) », « God Only Knows » et l’ouverture de l’album, « Wouldn’t It Be Nice ». Bien que sa réalisation ait coûté une fortune — 70 000 $US à l’époque, soit environ dix fois plus en valeur actuelle — et nécessité dix mois de travail minutieux en studio, l’album n’a pas connu de succès commercial immédiat. Sa réception a été en partie éclipsée par la domination continue des Beatles dans l’opinion publique et la presse.
Bien sûr, avec le temps, et surtout depuis les années 1990, Pet Sounds a été salué de manière quasi unanime comme l’un des albums pop les plus influents de tous les temps.
L’album a été produit par Brian Wilson et enregistré par l’ingénieur en chef Chuck Britz, accompagné de Bruce Botnick, Larry Levine et H. Bowen David, dans les studios Western, Gold Star et Sunset Sound à Hollywood. À sa sortie, il n’existait pas de véritable version stéréo ; les auditeurs devaient choisir entre le mixage mono et la version dite « Duophonic » de Capitol — une fausse stéréo, ou ce qu’ils appelaient leur procédé « re-canalisation électronique pour la stéréo ». Le remaster DCC de 1995, signé Steve Hoffman et Kevin Gray, a utilisé le master mono original.
Cliquez ici pour lire Les chansons d’été les plus emblématiques de tous les temps, partie 2.
Pour en savoir plus sur Claude Lemaire, visitez...
https://soundevaluations.blogspot.ca/
Liste de référence (singles, albums et étiquettes) :
1 - Percy Faith – « Theme from A Summer Place ».
Columbia – 4-41490 (septembre 1959), 45 tours. Genre : easy listening, mood music.
2 - The Surfaris – « Surfer Joe » / « Wipe Out » DFS–11/12 (janvier 1963) – Wipe Out.
Dot Records – DLP 3535 (mono) (juillet 1963), 33 1/3 tours. Genre : surf rock.
3 - Martha and the Vandellas – « Heat Wave » (juillet 1963) – Heat Wave.
Gordy – GLP 907 (mono) (septembre 1963), 33 1/3 tours. Genre : « Motown sound », pop.
4 - The Mamas and the Papas – « California Dreamin’ » (décembre 1965) – If You Can Believe Your Eyes and Ears.
Dunhill – DS-50006 (février 1966), 33 1/3 tours. Genre : California sound, sunshine pop, folk rock.
5 - The Lovin’ Spoonful – « Summer in the City » (juillet 1966) – Hums of the Lovin’ Spoonful.
Kama Sutra – KLPS-8054 (novembre 1966), 33 1/3 tours. Genre : « hard-edge » pop, psychedelic pop.
6 - The Beach Boys – « Wouldn’t It Be Nice » (juillet 1966) – Pet Sounds.
Capitol Records – T2458 (mono) (mai 1966), DCC LPZ-2006 (1995), 33 1/3 tours. Genre : chamber pop, psychedelic pop, power pop, experimental pop.
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