
Cet article a été publié pour la première fois dans Copper Magazine de PS Audio, avec qui PMA entretient un programme d’échange de contenu.
Le 2 octobre 2025 marquera la 10e Journée mondiale de l’audiophile, et cela me pousse à réfléchir à toute cette « chose » qu’est l’audiophilie. Surtout parce que, comme le savent tous ceux qui fréquentent un forum audio ou lisent des publications spécialisées, les audiophiles, à l’image de Rodney Dangerfield, ne reçoivent aucun respect. Un exemple ? Tapez « Journée mondiale de l’audiophile » sur Google et vous trouverez… presque rien.
Mise à jour : la personne derrière la Journée de l’audiophile m’a contacté après la publication de cet article et m’a précisé que si l’on cherche « Journée de l’audiophile » plutôt que « Journée mondiale de l’audiophile » sur Google, on obtient bien plus de résultats. J’ai essayé… et en effet, plusieurs liens sont apparus.
On nous tourne en ridicule, nous qualifiant de névrosés obsessionnels ; de naïfs à qui l’on soutire leur argent durement gagné en leur vendant les dernières lubies pseudo-scientifiques ; de crédules qui s’imaginent entendre des différences sonores qui n’existent pas ; ou encore de pauvres types qui passent plus de temps à trafiquer leur système qu’à écouter et apprécier la musique. Eh bien, parfois, c’est vrai. Mais je suis ici pour affirmer que tout cela repose surtout sur des clichés éculés (oui, c’est volontairement dit) véhiculés par de vieux râleurs sur des forums et les réseaux sociaux — des gens qui, pour une raison ou une autre, semblent prendre plaisir à rabaisser ceux d’entre nous qui aiment simplement le bon son.
Désolé les gars, mais ça ne prend pas. Du moins, pas avec moi. J’en ai assez de toute cette négativité que les audiophiles doivent encaisser, et j’ai bien l’intention d’y répondre avec mes propres arguments.
Pour commencer, cette négativité passe complètement à côté de l’essentiel. Le dictionnaire Merriam-Webster définit un « audiophile » comme « une personne qui se passionne pour la reproduction du son ». C’est bien ça, non ? C’est exactement ce qui motive la plupart d’entre nous : entendre la musique qu’on aime avec la meilleure qualité sonore possible.
Qu’y a-t-il de plus idéaliste, de plus nourrissant pour l’âme ? Quand nos systèmes audio nous immergent dans une musique qui résonne profondément avec nos vies — ou nous fait simplement vibrer au son des Ramones, du James Gang ou de Wet Leg — c’est un pur moment de bonheur, une connexion émotionnelle, un antidote au stress du quotidien.
Alors, pourquoi ne pas s’y passionner, viser l’excellence (dans les limites de nos moyens — Frank Zappa disait que ses rêves étaient limités par la taille de son compte en banque), éplucher les magazines et les critiques, attendre avec impatience les sessions d’écoute en solo ou entre amis, aller aux salons, se faire plaisir… voire se laisser emporter un peu trop par ce hobby ? Je ne connais personne qu’on ridiculise pour aimer l’ornithologie, la moto ou le scrapbooking — mais les audiophiles, eux, sont souvent la cible de moqueries. Eh bien, à mes yeux, ceux qui nous méprisent, nous et notre passion, sont tout simplement en train de passer à côté de quelque chose.
J’ai eu ma dose d’« experts » sur les forums. Vous voyez le genre : ceux qui affirment que les câbles ne peuvent absolument pas faire la moindre différence, et qui méprisent — voire attaquent — ceux qui osent prétendre le contraire. Ceux qui décrètent qu’une enceinte est une daube sans intérêt parce qu’elle présente une irrégularité dans sa réponse en fréquence. Ou encore ceux qui ricanent parce qu’on aime écouter des amplis à lampes à cause de leurs soi-disant « colorations inexactes » dues à la distorsion harmonique de second ordre.
Je n’ai aucun problème avec les gens qui croient que tout cela est vrai. Je respecte le droit de chacun d’avoir une opinion. Mais quand ça devient grossier, agressif et condescendant, là, non, ça ne passe plus. Quand je vois quelqu’un sur un forum brandir son statut autoproclamé d’« expert » pour asséner quelque chose du genre : « Moi, j’utilise la science, donc je suis une autorité, pas vous, et vous ne savez pas de quoi vous parlez », eh bien… ce n’est clairement pas quelqu’un avec qui j’aurais envie d’aller boire une bière.
Chaque fois que je lis un message où quelqu’un dénigre un produit, ma première pensée, c’est : l’as-tu seulement écouté ? Souvent, il est évident que non. Alors, qui parle vraiment depuis une position d’ignorance ?
J’ai peu de patience pour ceux qui balaient d’un revers de main les observations des audiophiles « subjectivistes ». Leur discours du genre « si ce n’est pas mesuré, ce n’est pas prouvé, donc ton avis ne vaut rien » devient franchement lassant. Vous êtes en train de me dire qu’une industrie entière — fabricants de matériel audio et, bien sûr, audiophiles — se berce d’illusions ? J’en doute fortement.
Je ne veux pas jouer les donneurs de leçons — bon, peut-être juste un instant — mais moi, comme une bonne partie de mes collègues dans le milieu, avons écouté des milliers, voire des dizaines de milliers de composants, enceintes, systèmes et enregistrements. On sait ce que c’est, un bon son. Est-ce que je vais m’offusquer parce qu’un type lambda sur Internet m’explique que je ne sais pas de quoi je parle, alors que j’ai sans doute écouté des centaines d’appareils de plus que lui ? Ça dépend de son niveau de goujaterie, mais la plupart du temps, je laisse couler. Et à ceux qui rejettent les impressions « subjectives » comme si elles n’avaient aucune valeur… eh bien, moi, je n’ai pas besoin d’un spectrophotomètre pour savoir que le ciel est bleu.
Qu’est-ce qui, dans les câbles, déclenche une telle hostilité chez ceux qui refusent catégoriquement l’idée qu’il puisse exister des différences entre eux ? On dit souvent qu’il ne faut pas parler de sexe, de politique ou de religion. Eh bien, dans les forums audio, on ferait peut-être bien d’ajouter les câbles à la liste.
Évidemment, je sais que les biais d’attente et l’effet placebo sont des phénomènes bien réels. Mais pourquoi est-ce si difficile d’admettre que, oui, il peut y avoir des différences sonores entre les câbles ? Il existe des paramètres mesurables comme l’inductance, la capacité et la résistance, sans oublier l’effet du blindage qui bloque les interférences indésirables dans votre système. (Je mets volontairement de côté certains aspects plus ésotériques — et peut-être plus controversés — du design des câbles.) Et puis, on ne peut pas considérer un câble d’enceinte isolément : il fait partie d’un système dans son ensemble — ampli, câble, enceinte — avec de nombreux facteurs et interactions complexes à prendre en compte.
Personne ne conteste que les enceintes sonnent différemment les unes des autres, et il existe des différences mesurables et de conception qui expliquent pourquoi. Et si certaines personnes préfèrent une enceinte qui fait moins bien certaines choses qu’une autre — et alors ? Quelqu’un qui adore les Quads ou les Magnepans n’a peut-être aucune envie d’écouter une enceinte « boîte ». Et ils ont de très bonnes raisons. Mais dès qu’on lit des discussions sur les enceintes, ça devient vite un vrai casse-tête. Est-ce qu’on ne pourrait pas simplement… s’entendre ?
Et même s’il n’y avait aucune différence sonore entre des câbles, des amplis ou quoi que ce soit d’autre — et alors ? Peut-être qu’on aime simplement l’apparence d’un ampli ou d’une enceinte. Peut-être qu’on a confiance en une marque, ou qu’on lui est fidèle. Je connais des propriétaires de McIntosh pour qui rien d’autre n’existe. Ils prennent énormément de plaisir avec leur système. La fierté de posséder un bel appareil, c’est une réalité — et franchement, pourquoi pas ?
Et même si certains d’entre nous se font des illusions, et sont peut-être complètement ignorants en matière de technologie audio — et alors ? Si on aime écouter nos systèmes, si ça nous rend heureux, où est le problème ?

Si la majorité des gens ne comprennent pas ce que signifie être audiophile, ça me va très bien. Ça ne change absolument rien au plaisir que j’éprouve — que nous éprouvons, mes amis et moi — quand on s’installe pour écouter. En fait, les audiophiles peuvent même voir ça comme un défi. Invitez vos amis non audiophiles à une session d’écoute. Montrez-leur ce que ça veut vraiment dire, être audiophile. C’est toujours un plaisir de voir quelqu’un émerveillé en entendant pour la première fois un bon système.
Les audiophiles ne sont pas des marginaux, ni des losers, ni quoi que ce soit d’autre que certains aimeraient coller comme étiquette. Nous sommes chanceux.
Nous, on est au courant. Soyez-en fiers. Peut-être qu’on devrait nous envier plutôt que nous tourner en dérision. Nous avons mis le doigt sur quelque chose de très spécial — quelque chose qui, à son meilleur, est littéralement magique. J’aime beaucoup la définition de « magique » donnée par Oxford Languages : « beau ou enchanteur d’une manière telle qu’il semble hors du quotidien. »
C’est vrai, pour la plupart des gens, la haute fidélité et la possibilité de vivre la musique avec une beauté sonore et une intensité émotionnelle aussi poussées ne font pas partie du quotidien. Mais pour nous, audiophiles, c’est le cas.
Et nous pouvons savourer cette magie quand bon nous semble.
Images avec l'aimable autorisation de Tom Gibbs.
Reproduit avec l'autorisation de l'auteur. Pour plus d'articles comme celui-ci, visitez Copper Magazine.
Laisser un commentaire