Denafrips Pontus II DAC - pourquoi je l'ai acheté et conservé

Denafrips Pontus II DAC - pourquoi je l'ai acheté et conservé


Les prix affichés sont en $CAD sauf si spécifié autrement.

Au cours de la pandémie, comme bien des amateurs de musique de 7 à 77 ans à la recherche de nouvelles façons de se divertir chez soi, je me suis acheté une platine vinyle. Par conséquent, j’ai succombé à ses charmes—succombé à nouveau en fait, puisque j’avais déjà succombé à ses charmes à l’apogée du vinyle—au point que je ne désirais plus écouter ma source numérique. Comment une platine Rega P6 avec une cellule Rega Ania pouvait me procurer plus de plaisirs qu’un lecteur/DAC qui se détaillait, à l’époque, 4 fois le prix de sa consœur analogique? Mais plus important encore : étais-je prêt à abandonner ma collection de 4 000 albums numérisés pour commencer à en bâtir une de vinyle à partir de zéro ? C'est dans cet esprit que j'ai entrepris ma mission de trouvée un nouveau DAC qui pourrait renouer ma relation avec le numérique, et qui m'a finalement emmené à acheter le DAC singapourien Denafrips Pontus ll.

Mais avant de poursuivre, j’aimerais, pour mettre les choses en contexte, vous présenter l’amateur de musique que je suis et le type de son que je recherche. Pour paraphraser le bon vieil adage : « dis-moi ce que tu écoutes et je te dirai qui tu es! ». Évidemment, mes commentaires concernant le Pontus seront en lien avec le type d’écoute et l’équipement qui accompagnera l’appareil. À défaut de posséder « la meilleure chaîne audio au monde! », celle que j’ai témoigne beaucoup de ce que je suis comme auditeur et mes préférences d’écoute. Elle est composée d’un serveur Roon Rock monté par votre humble serviteur sous un NUC (Next Unit of Computing) Intel 8i3BEH, d’un lecteur iFi Zen Stream, d’un préamplificateur à tubes McIntosh C70, d’un amplificateur à transistor McIntosh MC302, de haut-parleurs Dynaudio Focus 340, le tout relié par du câblage Audioquest.

Pour le son, j'aime mieux un son d’une tonalité plus chaude qui m’attire physiquement vers lui, qu’un son pétillant de détails. Je préfère être situé en plein milieu d’une salle de spectacle ou derrière une console en studio plutôt qu’être assis à la première rangée ou parmi les musiciens. Si j’avais le choix entre émotions ou tous les détails d’un enregistrement, je choisirais, sans hésiter, l’émotion.

Tenter d’acheter un DAC en pleine pandémie n’était pas facile. Le prêt d’appareil était impossible en raison des règles sanitaires, alors en achetant le Pontus en ligne, j’ai transgressé deux règles fondamentales que je me suis toujours imposées : acheter local et écouter avant d’acheter.

Ça ne veut pas dire que j’ai acheté le Pontus à l’aveuglette. À travers les années, j’ai possédé, ou fait l’objet d’écoute attentive, de plusieurs DACs. Je savais ce que je voulais : minimalement, qu’il me livre le même plaisir d’écoute que sur un support vinyle, qu’il puisse décoder tous les types de formats numériques disponibles sur le marché (dsd, wav, alac, flac, aiff), qu’il offre la fonction de suréchantillonnage, qu’il possède plusieurs entrées numériques (Toslink, Coax, BNC, USB) ainsi qu’une sortie analogique balancée (XLR).

Il y a quelques semaines, après plusieurs lectures, critiques et recherches sur différents DACs, j’ai finalement cliqué « acheter » sur le site de Vinshine Audio, distributeur exclusif de Denafrips. Le montant de la transaction ? 2120 $ CA. Le délai de livraison ? 5 jours. Aucun retour accepté, à moins d’un défaut de fabrication. Il faut posséder la foi pour faire un tel achat. Est-ce que ma foi fut récompensée ? Avant de répondre, abordons d'abord les caractéristiques de l’appareil.

Le Pontus a une qualité de fabrication irréprochable. Son poids est de 8,5 kg et il impressionne lorsqu’il est retiré de son emballage. Ses entrées numériques sont nombreuses : coax 1 (RCA), coax 2 (BNC 75 Ω), TOSLINK, 2 x AES/EBU, USB2.0 Type B et I²S/HDMI. Il est en mesure de décoder tous les types de fichiers musicaux en format PCM jusqu'à 24 bits/1536 kHz ainsi que le DSD natif jusqu'à DSD1024. Les entrées SPDIF coaxiales, optiques, AES/EBU permettent une résolution allant jusqu'à 24 bits/192 kHz. Le Denafrips permet le suréchantillonnage sur le PCM, mais pas sur le DSD.

Ma période d’écoute s’est déroulée pendant 3 semaines. Les entrées numériques utilisées furent l’USB et le coaxial. Le DAC a fonctionné à la fois en mode NOS (non-oversampling) et en mode suréchantillonnage avec l’option d’appliquer un filtre numérique appelé par le fabricant « slow filter ».

Au début du rodage, le son du Denafrips n'impressionne pas. Le son est léthargique et peu engageant. Les musiciens sont difficiles à situer. La scène sonore a peu de profondeur. Toutefois, je détecte quelque chose que je n’ai jamais entendu sur un autre DAC de ce prix et même sur un à prix plus élevé. Cette douceur assez similaire à une platine vinyle. Certains critiquent le format numérique pour sa dureté dans le rendu sonore, se plaignent de fatigue auditive après quelques heures d’écoute. Avec le Denafrips, je ne ressens aucunement cette fatigue.

Ma foi me permet d’espérer que le meilleur est à venir. Et c’est là que ça devient intéressant. Le fabricant teste ses DAC pendant 100 heures (tout comme certains des manufacturiers les plus sérieux) afin de s’assurer du bon fonctionnement des composants. Il me faudra plus de 350 heures pour découvrir toutes les vertus du Pontus. Entretemps, mon écoute quotidienne est une vraie montagne russe—des hauts, des bas, passant de l’espoir au désespoir, quand tout à coup, sans avertir, le Pontus se révèle sous son vrai jour.

De temps à autre, j’aime bien torturer mes appareils numériques pour vérifier leurs capacités à restituer des passages difficiles pour ce médium. Mes outils de tortures, que je possède également en vinyle, sont :

  • Le début d’Electric Ladyland, « …And the Gods Made Love », de Jimi Hendrix où la distorsion de guitare est omniprésente ;
  • La dernière minute achalandée de sons d’instruments de « I Want You (She’s So Heavy) » des Beatles sur Abbey Road.

Pour les voix, rien de tortueux, mais tout de même de bons tests :

  • “The Goal” par Leonard Cohen de Thanks For The Dance;
  • “Summertime” d’Ella Fitzgerald de Ella In Berlin.

À la suite du rodage de l’appareil, la voix de Leonard Cohen est très présente, grave, et substantielle. J’ai vraiment l’impression que l’auteur me confie des histoires intimes. Le piano, situé profondément dans le champ sonore, sonne délicat et naturel, évoquant le bruit d'une douce pluie. Le Pontus découpe très bien les différents éléments dans l’espace—comme celui de la guitare acoustique, qui possède autant de mordant que de chaleur, mais surtout, le Pontus livre le cœur émotionnel de la pièce, ainsi que l'ambiance souhaitée, j'imagine, par l’artiste, l’ingénieur du son, et le producteur. Dans le cadre de cette chanson, ce DAC va au-delà de quelques concurrents que j’avais écoutés, offrant non seulement une reproduction sonore, mais une véritable expression artistique en soi. Il s'agit d'une véritable déclaration artistique.

La voix d'Ella n'est pas en reste, elle est riche et captivante ; lorsqu'elle chante les dernières paroles de la chanson, "So hush, little baby, don’t you cryyyyy" et ça se termine, je me sens sur le bord de mon siège, à bout de souffle. La musique sonne humaine, et non mécanique. Le Pontus vous aspire avec sa mélodie facile, délivrant un son qui vous amène à l'événement, plutôt qu'un son qui amène l'événement à vous. Aucun des deux points de vue n'est faux, mais c'est une question de goût personnel.

Quant aux pistes de torture ? Pour emprunter une métaphore du ménage, il s'avère que pendant plusieurs années, j'ai toléré, à mon insu, une maison en désordre. Le Pontus, telle la personne responsable du ménage à la maison, semble avoir tout remis à sa place, là où tout doit être : les musiciens, la scène, les effets de studio le rythme. Il est plus facile de saisir les relations musicales entre musiciens. Je n'entends ni distorsion ni agressivité. L'image est intelligible, sans effort. En fait, c'est peut-être la plus grande force du Pontus : il sait se faire discret au profit de la musique écoutée.

Ayant utilisé les entrées USB et coaxiale, je résumerais les différences entre elles de cette façon :

  • Le coaxial offre une présentation plus organique et plus détendue;
  • L'USB fait ressortir plus de détails et une scène sonore plus large.

Ce que vous préférerez dépendra de vos goûts, bien sûr, mais aussi de l'enregistrement. Il en va de même pour l’option de suréchantillonnage et de l’utilisation du filtre « slow filter ». Oh, et ça dépendra aussi de la synergie entre le Pontus et le reste de votre système, ainsi que de votre pièce d'écoute.

Une dernière remarque concernant la qualité sonore : le câble d'alimentation est important. Au cours de mes écoutes, j’ai constaté, assez facilement, les différences sonores entre les câbles que j’ai utilisés. Si possible, empruntez quelques câbles à votre boutique audio; vous pourriez juger vous-mêmes si oui ou non ces différences existent ou sont importantes selon vos critères d’écoute.

Alors, le Denafrips va-t-il renoué ma relation avec le numérique? Absolument! Je l’apprécie même plus que jamais! Ceci ne m’empêche pas de continuer à fréquenter ma platine Rega, qui continue à me satisfaire de façons particulières, comme pour écouter des enregistrements mono, de mix totalement différents entre la version CD et vinyle (tel, Judy At Carnegie Hall), ou pour acquérir des enregistrements indisponibles dans le marché numérique. Certains pressages audiophiles sont également intéressants à posséder.

Il existe, sans doute, d'autres DACs sur le marché qui vous feront réaliser à quel point le numérique peut bien sonner, en streaming ou sur CD. Dans mon cas, le Denafrips Pontus ll était mon chaînon manquant. Je l'aime. Jusqu’à ce que la mort nous sépare ? Qui sait ?

Pour plus d'informations sur le Denafrips Ponctus II, vous pouvez lire notre revue ici.

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