Magical 45’s, Partie 1-Groover avec Booker T. & the M.G.’s

Magical 45’s, Partie 1-Groover avec Booker T. & the M.G.’s


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Je suis né dans les années 60, une décennie où les disques et les ondes radio étaient synchroniques. On pouvait entendre tous les genres de musique à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit ; il suffisait de naviguer sur les ondes AM de haut en bas. Nous avions une station à Chicago - WVON - qui diffusait de la bonne musique urbaine. Mon père l'écoutait régulièrement. Il aimait beaucoup la musique, et en retour, elle remplissait continuellement toutes les pièces de notre maison.

À cette époque, les gens collectionnaient religieusement les 45 tours ainsi que les 33 tours. Même si je n’avais que neuf ans en 1970, j'accumulais moi-même les souvenirs musicaux. Comme lorsque mon père, qui avait alors une impressionnante collection de blues dans sa bibliothèque, jouait la face A d'un certain 45 tours si souvent, que j'en suis venu à mémoriser toutes les nuances de leur musique. Cette musique était celle de Booker T. & the M.G.'s, l'une des plus grandes sections rythmiques R&B/soul de l'histoire de la musique américaine. Le titre était "Green Onions", un morceau instrumental qui ne contient pas une seule parole, mais qui possède l'un des grooves les plus inoubliables jamais gravés sur vinyle.

  Aujourd'hui encore, je vois l'étiquette grise avec son logo Stax, conçue pour ressembler à des disques empilés comme des crêpes débordant de chaque côté. Le poids des disques étant tel qu'ils écrasaient le nom Stax. J'adorais regarder ce 45 tours tourner en rond sur notre platine, il me semblait que j'entendais mieux la musique de cette façon.

Hammond M3 orgue

Booker T. & the M.G.'s (M.G. signifie Memphis Group) était un quatuor de musiciens incroyablement soudés qui comprenait l'organiste Booker T. Jones, le guitariste Steve Cropper, le bassiste Lewie Steinberg (puis Donald "Duck" Dunn en 1965) et le batteur Al Jackson Jr. Au cours des années 60, l'orgue Hammond B3 gagna en popularité grâce à l'influence grandissante de Jimmy Smith, l'artiste légendaire de Blue Note Records, et au nombre croissant de petits bars de jazz qui engageaient des trios d'orgue pour servir d'orchestre. Le Hammond de Jones n'avait pas tout à fait le même son que celui de Jimmy Smith, puisque l’orgue de Jones était le modèle M3 et celui de Smith était le B3, qui contribua à ce qui est maintenant connu comme le "son Memphis".

  Je ne le savais pas à l'époque, mais mon père avait un exemplaire du pressage original de "Green Onions" de Stax, aujourd'hui disparu depuis longtemps. Malheureusement, ces pressages sont très difficiles à trouver de nos jours. Imaginez donc ma surprise lorsque je suis récemment tombé sur un exemplaire sur Discogs. Je l'ai acheté sur le champ ! Mais, il n’y a pas que cela dans cette histoire de label : la toute première version de ce 45 tours est apparue en mai 1962, non pas sur Stax, mais sur le label Volt [Volt 102], qui était le label jumeau de Stax. Stax et Volt appartenaient tous deux à la société mère Atlantic.

Après le succès de la chanson, il n'a pas fallu longtemps à Stax pour sortir un nouveau pressage seulement trois mois plus tard, en août 1962. Celui-ci étant lui avec l’étiquette grise que possédait mon père. Stax a fait un deuxième pressage (la troisième édition, en comptant Volt) et cette fois l'étiquette du disque était plutôt de couleur bleu coquille d'œuf.

"Green Onions" est une progression d'accords de blues à douze mesures qui suit un moelleux tempo moyen. C'était idéal pour moi : je savais jouer une gamme pentatonique blues (une gamme musicale de cinq notes par octave) et je pouvais faire un solo en même temps que Jones, ce qui témoigne du caractère accrocheur et mémorable de la mélodie basée sur le riff. Si vous avez déjà entendu "Green Onions", vous savez ce que je veux dire par accrocheur et mémorable. Si ce n'est pas le cas, vous n'avez aucune idée de ce que vous avez manqué et continuez toujours de manquer, et je vous conseille vivement d'aller écouter ce morceau dès maintenant. Je le pense vraiment. Parce que lorsque vous l'aurez fait, je ne doute pas que vous serez d'accord pour dire que c'est l'un des morceaux de musique les plus accrocheurs que vous ayez jamais entendus.

  L'un des aspects intéressants de ce morceau est que Jones lui-même n'y fait jamais de solo, il se contente d'énoncer la mélodie deux fois au début du morceau et deux fois à la fin. Le solo nasillard et insolent du guitariste Steve Cropper qui suit la mélodie de Jones est ce qui vole pratiquement le spectacle. Il prend deux chorus complets de phrasés de blues avec flexions des cordes, puis passe le relais à Jones pour qu'il joue la mélodie, chose aussi tôt faite que Jones renvoie encore la balle à Cropper. Le groupe se dirige vers un fondu enchaîné tandis que Cropper lance des rafales de staccato sur sa fidèle guitare Telecaster. C'est une fin glorieuse pour un super groove.

Voulez-vous connaître un secret ? C'est un secret que j'ai gardé pendant des années - des décennies même, mais je vais le partager avec vous aujourd'hui : aussi génial que soit "Green Onions", je vous assure que ce n'est pas le meilleur morceau du 45 tours. Le morceau vraiment étonnant se trouve sur la face B. Oui, vous m'avez bien lu. "Behave Yourself" est, à mon avis, le plat le plus gras et le plus savoureux du plateau.

La chanson coule comme de la mélasse sucrée. Jones introduit lentement la mélodie discrète avec une intensité calme ; le tempo est plus pensif et délibéré que tout ce que vous avez probablement déjà entendu. C'est un blues charbonneux qui caresse lentement vos oreilles jusqu'à ce que vous réalisiez soudainement que toute la "mélodie" n'est qu'un long solo de blues pentatonique signé Jones. Contrairement à "Green Onions", il ne passe jamais le relais à un autre membre du groupe et ne répète jamais une seule phrase. C'est ici que l'on peut entendre Booker T. Jones dans toute sa splendeur ! Sous les doigts volants de Jones, on entend la compagnie de Cropper, Jackson et Steinberg qui pose le flux le plus funky de la musique soul jamais capturée sur vinyle. La chanson s'éteint avec Jones qui fait un trille avec les doigts et une course de blues qui vous fera saliver.

  Ce n'était que le début de la magie pour Booker T. & the M.G.'s à Memphis. Par la suite, d'autres chansons de ce groupe ont été diffusées sur la station WVON et sont restées gravées à jamais dans ma mémoire. Dans la deuxième partie de ma série nostalgique des Magicals 45’s, je partagerai avec vous quelques-uns des autres délices qui ont trouvé leur chemin d’à partir des ondes jusqu’à ma platine.

  Alors à la prochaine fois, et continuez à swinguer!

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