Les essentiels du vinyle, partie 2

L’expert en musique et en vinyle Claude Lemaire met en lumière des enregistrements incontournables — et les meilleures pressions à rechercher — pour enrichir votre collection de disques, classés par année de sortie.

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Les essentiels du vinyle, partie 2

L’expert en musique et en vinyle Claude Lemaire met en lumière des enregistrements incontournables — et les meilleures pressions à rechercher — pour enrichir votre collection de disques, classés par année de sortie.

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PRÉAMBULE

Se constituer une collection de disques à partir de rien peut être à la fois extrêmement plaisant et un brin intimidant. Cela peut aussi coûter plus cher qu’autrefois, car ce format autrefois considéré comme « mourant » a fait preuve d’une résilience remarquable depuis sa résurgence amorcée en 2007. Il existe tellement de disques formidables qu’il est tout simplement impossible de tous les couvrir, tous genres confondus. Pour cette série, je concentrerai donc mon attention sur la pop, le rock et la soul, en commençant par les années 1960.

Pour inclure le plus de titres possible, je ferai l’impasse sur mes habituelles analyses de chansons et de son, et me contenterai d’indiquer les informations essentielles sur le label et le genre musical. Dans certains cas, je recommanderai aussi une réédition offrant une qualité sonore supérieure. La plupart de ces pressages devraient sonner à merveille, à condition de disposer d’un bon système audio. Si vous ne trouvez pas le pressage suggéré ou s’il dépasse votre budget, optez simplement pour une autre édition. Une simple visite sur la base de données de Discogs ou chez votre disquaire local vous montrera à quel point les prix peuvent varier, allant de quelques dollars à plusieurs milliers, même si la majorité des pressages coûtent moins de 200 $US, et la plupart sous la barre des 80 $US. Notez que le prix n’a que peu de rapport avec la qualité sonore ou la valeur musicale : il est généralement lié à la rareté, à l’état du disque et aux lois de l’offre et de la demande.

En ce qui concerne les disques d’occasion, il existe une convention d’évaluation bien établie — similaire à celle du monde de la bande dessinée — qui classe l’état du vinyle et de la pochette à l’aide d’abréviations, avec « M » (mint) et « NM » (near mint) en tête, représentant des exemplaires scellés ou « comme neufs ». Vient ensuite « VG+ » (Very Good Plus), qui indique une usure légère ou la présence de quelques « ticks » et craquements. Ce sont, dans une certaine mesure, des évaluations subjectives, mais qui méritent d’être prises en compte. Personnellement, j’ai tendance à éviter tout ce qui est classé « VG » ou en dessous.      

On me demande souvent s’il vaut mieux opter pour un pressage original ou pour une réédition de qualité. Malheureusement, il n’y a pas de réponse toute faite. Les adeptes des originaux (ou « OGs ») soutiennent que les bandes maîtresses étaient fraîches et en parfait état à l’époque, ce qui permettait de capturer dans le vernis et les premiers pressages toutes les micro-informations qu’elles contenaient. Cela se défend, surtout quand on sait que certaines formulations de bandes se détériorent avec le temps. En revanche, autrefois, les ingénieurs de gravure filtraient souvent les basses les plus profondes afin d’éviter que les cellules bon marché ne sautent hors des sillons. Les bonnes rééditions contournent généralement ce problème, avec des graves plus profonds et des aigus plus étendus — parfois au point que ces derniers deviennent si détaillés qu’ils peuvent sembler analytiques. Parmi les meilleurs labels de réédition/remastering (par ordre alphabétique) figurent : Acoustic Sounds/Analogue Productions, Classic Records, Craft Recordings, DCC, Music Matters, Rhino, Tone Poet (Blue Note) et, bien sûr, celui qui a lancé le mouvement en 1978 : Mobile Fidelity Sound Labs (MoFi, MFSL).

Après près de 50 ans d’expérience avec le vinyle, ma conclusion est qu’il s’agit d’un cas par cas, plutôt que d’un consensus clair… Comme le dit le proverbe, à chacun ses goûts.

Une dernière précision : en ce qui concerne l’analogique versus le numérique, à l’exception de quelques enregistrements classiques et jazz réalisés vers 1978-1979, tous les enregistrements originaux des années 1960 et 1970 ont été enregistrés, mixés, masterisés et gravés entièrement en analogique.

Bonne chasse !

***

1963    

Comme les années précédentes, 1963 continuait de privilégier les singles de courte durée plutôt que les albums, ces derniers étant encore largement réservés aux répertoires classique et jazz. De nombreux disques sortaient à la fois en versions mono et stéréo, la première restant la plus populaire auprès du public, tandis que la seconde offrait parfois un rendu plus brut.

En mars, les Beatles lancèrent leur tout premier album, insufflant un vent de fraîcheur à une scène musicale qui semblait connaître une brève période de stagnation. Avec ses quatorze titres, ce disque marquait le début d’une série de douze albums originaux en l’espace de sept ans, chacun se distinguant par son caractère novateur.

8 – The Beatles – Please Please Me. Parlophone – PMC 1202 (R.-U.) (mono) (mars 1963), 33 1/3 tours. Genre : Merseybeat, beat, rock and roll, pop.

Brut, tapageur et rugueux, le quintette de Portland (Oregon), The Kingsmen, fut l’un des tout premiers groupes de garage à atteindre les sommets des palmarès grâce à leur reprise du single R&B « Louie Louie » de Richard Berry, datant de 1957. Ce morceau deviendra un emblème du proto-punk. Leur premier album suivra en décembre.

9 – The Kingsmen – « Louie Louie » / « Haunted Castle ». Jerden – 712, (mai 1963), 45 tours, 7 pouces. Genre : garage rock, proto-punk, rhythm and blues.

Après trois années d’effervescence, le surf rock instrumental et les groupes vocaux comme les Beach Boys avaient atteint leur apogée en 1963, juste avant que la Beatlemania ne submerge le monde.

10 – The Surfaris – Wipe Out. Dot Records – DLP 3535 (mono) (juillet 1963), 33 1/3 tours. Genre : surf rock.

Fondé en 1959, puis suivi de près par son label sœur Motown, Tamla Records ne définira véritablement le « son Motown » qu’en juillet 1963, avec la sortie du tube « Heat Wave » de Martha and the Vandellas. Écrit et produit par le légendaire trio Holland–Dozier–Holland, ce dernier signera la majorité des succès du label, notamment pour les Supremes et les Temptations, jusqu’à leur départ en 1968 suite à un différend.

11 – Martha and the Vandellas – Heat Wave. Gordy – GLP 907 (mono) (septembre 1963), 33 1/3 tours. Genre : son Motown, soul, pop.

Typique de l’époque — une tendance qui perdurera jusqu’aux années 1970 — les artistes et groupes étaient souvent tenus de sortir deux albums par an, à environ six mois d’intervalle. Les Fab Four n’ont pas déçu : leur deuxième album est paru en novembre, dans la foulée du phénomène connu sous le nom de Beatlemania qui commencait à déferler sur le monde entier.

12 – The Beatles – With the Beatles. Parlophone – PMC 1206 (R.-U.) (mono) (novembre 1963), 33 1/3 tours. Genre : Merseybeat, beat, rock and roll, pop.

1964

Initialement intitulée « Outer Limits » et sortie en single en octobre 1963, la pièce des Marketts a dû être rebaptisée « Out of Limits » après que Rod Serling de The Twilight Zone ait poursuivi le groupe pour utilisation non autorisée de l’intro de la série. Sans surprise, les Ventures publieront leur propre version dans The Ventures in Space, sous l’étiquette Dolton.

13 – The Marketts – Out of Limits. Warner Bros. Records – 1537 (janvier 1964), 33 1/3 tours. Genre : surf rock, space rock.

Pendant leur passage au Brill Building, Burt Bacharach et Hal David découvrent Dionne Warwick et la font signer chez le tout jeune label Scepter Records, où elle débute en 1962. Son deuxième album, Anyone Who Had a Heart, incluant la chanson-titre, sort en février 1964.

14 – Dionne Warwick – Anyone Who Had a Heart. Scepter Records – SPS-517 (février 1964), 33 1/3 tours. Genre : pop orchestrale, soul, easy listening, ballade.

Dans le sillage des Beatles, les Rolling Stones deviennent le deuxième grand groupe à bénéficier de la British Invasion. Contrairement à leurs prédécesseurs qui misaient sur la pop mélodique, les Stones s’inspirent du blues et du R&B américains, qu’ils réinterprètent à leur manière britannique. Leur premier album éponyme, sorti en avril, en est une parfaite illustration.

15 – The Rolling Stones – The Rolling Stones. Decca – LK 4605 (R.-U.) (mono) (avril 1964), 33 1/3 tours. Genre : R&B britannique, blues rock.

La première incursion des Fab Four au cinéma se fait en juillet avec A Hard Day’s Night. Tournée en noir et blanc, cette comédie musicale suit le groupe en préparation d’une performance télévisée. Elle reste aujourd’hui l’un des films musicaux les plus influents. Leur troisième album, du même nom, est aussi le premier composé exclusivement de titres originaux signés Lennon et McCartney, et le premier à être publié en véritable stéréo, aux côtés de la version mono alors dominante.

16 – The Beatles – A Hard Day’s Night. Parlophone – PCS 3058 (R.-U.) (juillet 1964), 33 1/3 tours. Genre : pop, Merseybeat, beat.

Alors que leur premier album de 1962 était plutôt discret, les Supremes percent véritablement avec leur deuxième disque, produit par Brian Holland et Lamont Dozier, et lancé en août 1964. Il comprend trois grands succès de la Motown : la chanson-titre, « Baby Love » et « Come See About Me ». Ce succès les positionne comme le groupe phare du label. Au cours des six années suivantes, elles rivaliseront avec les Beatles en matière de chansons no 1.

17 – The Supremes – Where Did Our Love Go. Motown – MS-621 (août 1964), 33 1/3 tours. Genre : son Motown, pop soul, R&B.

Produit par Burt Bacharach et Hal David, Make Way for Dionne Warwick est le troisième album de la protégée du duo. Avec le succès massif de « Walk On By », l’album ouvre la voie à une pop sophistiquée, portée par des arrangements uniques et novateurs.

18 – Dionne Warwick – Make Way for Dionne Warwick. Scepter Records – (S) 523 (août 1964), 33 1/3 tours. Genre : pop orchestrale, soul, lounge, bossa nova, easy listening, ballade.

Avant d’être baptisé le « Ministre du Super Heavy Funk », le fondateur du funk a porté plusieurs surnoms : « Mr. Dynamite », le « Parrain de la Soul », « Soul Brother No. 1 » et « l’homme le plus dur à la tâche du show-business ». Ce dernier n’a rien d’exagéré — James Brown se défonçait littéralement sur scène et, en retour, exigeait une perfection redoutable de la part de ses musiciens. Depuis son premier single en 1956, il faudra attendre juillet 1964 pour qu’il opère un tournant décisif : il met alors l’accent sur le temps frappé — le premier temps de chaque mesure, aussi appelé The One —, posant ainsi les bases d’un tout nouveau genre axé sur le groove.

19 – James Brown – Out of Sight. Smash Records – MGS 27058 (mono) (septembre 1964), 33 1/3 tours. Genre : funk, soul, rhythm and blues.

Bien avant qu’Eddie Van Halen ne fasse trembler les amplis, les frères Ray et Dave Davies, accompagnés de Pete Quaife et Mick Avory, fondent The Kinks à Londres. En s’inspirant de l’interprétation de « Louie Louie » par les Kingsmen, leur tube « You Really Got Me » se distingue par sa distorsion et ses accords puissants — des éléments qui influenceront profondément le punk et le hard rock des années 1970.

20 – The Kinks – Kinks. Pye Records – NPL 18096 (R.-U.) (mono) (octobre 1964), 33 1/3 tours. Genre : garage rock, proto-punk, R&B, pop, rock and roll, beat.

Pour en savoir plus sur Claude Lemaire, visitez...

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