Un petit lancer pour Townshend, une grande chute pour Moon

Un petit lancer pour Townshend, une grande chute pour Moon


Le rock 'n' roll regorge de nuits ayant frôlé le désastre, mais rares sont celles qui ont atteint le niveau de chaos légendaire qui a éclaté à Flint, dans le Michigan, le 23 août 1967. Ce fut la nuit où la guitare de Pete Townshend s’envola, où Keith Moon se fit bannir de toute la chaîne des Holiday Inn, et où The Who cimenta sa réputation de groupe le plus glorieusement incontrôlable de la planète.

Acte I : Une guitare en plein vol

L'énergie qui régnait au stade Atwood ce soir-là était électrique. The Who vivaient encore l’euphorie de leur percée, un groupe à l’aube de l’immortalité rock, livrant une performance qui ressemblait moins à un concert qu’à un exorcisme de son et de fureur bruts.

Et puis il y avait Townshend, l’architecte agité de la destruction. Ses moulinets frénétiques, ses amplis explosés et ses guitares fracassées étaient déjà entrés dans la légende, mais ce soir-là, il décida d’aller encore plus loin. Alors que le groupe fonçait vers le climax de son set, il projeta sa guitare dans les airs, la laissant tournoyer à travers les lumières enfumées de la scène telle un satellite rebelle. C’était un instant figé dans le temps—beau, insensé et totalement Who.

Bien sûr, la guitare devait bien finir par retomber. Dans un fracas jubilatoire, elle revint sur Terre, mais la nuit était loin d’être terminée. En réalité, le véritable chaos ne faisait que commencer.

Acte II : L'anniversaire destructeur de Keith Moon

C'est alors qu'entre en scène Keith Moon, batteur, homme sauvage et véritable machine à destruction déguisée en musicien. Ce soir-là, il fête son 21ᵉ anniversaire et, fidèle à lui-même, n'exige rien de moins que le chaos absolu.

L’afterparty se tient dans un Holiday Inn local, un établissement qui, avec le recul, n’avait absolument aucune idée de ce qui l’attendait. Moon, porté par un cocktail explosif d’alcool, d’adrénaline et d’un besoin maladif de faire des ravages, lance les festivités par une bataille de nourriture. Très vite, des gâteaux entiers s’envolent, des tables sont renversées, et les invités doivent esquiver bien plus que quelques amuse-bouches mal visés.

Plus la soirée avance, plus la destruction s’intensifie. Des feux d’artifice sont allumés dans les couloirs—car après tout, qu’est-ce qu’un anniversaire sans un peu de pyrotechnie en intérieur ? Les extincteurs sont vidés pour le sport, et Moon, fidèle à sa réputation, célèbre l’occasion en se mettant à nu et en traversant l’hôtel en courant, parce que… pourquoi pas ?

Selon Keith lui-même—qui, soyons honnêtes, n’a pas toujours été le narrateur le plus fiable—une Lincoln Continental flambant neuve aurait fini dans la piscine de l’Holiday Inn. Les détails restent délicieusement flous. D’après Moon, il aurait accidentellement fait rouler la voiture dans le grand bain en tentant de s’enfuir en caleçon. D’autres affirment qu’il ne s’agit que d’une exagération spectaculaire, une histoire qui a pris de l’ampleur (ou, dans ce cas, des roues) avec le temps. Mais au fond, peu importe si cela s’est réellement produit—le simple fait que tout le monde y croit en dit long sur Keith Moon.

Acte III : La grande évasion

À ce stade, les autorités avaient été appelées. La direction de l’hôtel était hors d’elle, les clients sous le choc, et les sirènes de police se rapprochaient. Comprenant que la fête était finie, Moon tenta une évasion audacieuse.

La légende raconte que, ivre et à moitié nu, il essaya de s’enfuir, mais glissa sur un morceau de gâteau (oui, vraiment) et se cassa une dent dans la chute. La police, le trouvant hébété et ridicule sur le sol, l’arrêta sans plus attendre.

Pour le Holiday Inn, ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Moon écopa d’une interdiction à vie dans tous les hôtels de la chaîne—une sanction sans précédent qui ne fit qu’alimenter davantage sa légende. Pendant ce temps, le bilan des dégâts était vertigineux : des milliers de dollars de réparations, un personnel traumatisé, et une police locale encore en train d’essayer de comprendre ce qui venait de se passer.

Épilogue : Un jour comme les autres dans le monde des Who

Pour n'importe quel autre groupe, une nuit comme celle-là aurait pu être fatale. Pour The Who, ce n'était qu'un chapitre de plus dans leur saga de destruction et de génie. Le lendemain, ils ont plié bagage, rejoint la ville suivante et fait ce qu'ils savaient faire de mieux : offrir quelques-uns des concerts de rock ‘n’ roll les plus explosifs de tous les temps.

Mais cette nuit-là, à Flint ? C'était quelque chose de spécial. Une guitare a défié la gravité, un batteur a défié la logique, et un Holiday Inn a défié sa propre patience. C'était l'excès du rock dans sa forme la plus pure et la plus absurde. Et pourtant, malgré le chaos, The Who en sont ressortis indemnes—plus bruyants, plus sauvages et encore plus légendaires qu’avant.

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