Voici le courriel d'introduction que j'ai reçu de l'invité de cet épisode, Jesus (prononcé comme un appel à un dieu grec — « Hey-Zeus ! ») : « Bonjour Robert, je viens de lire votre [dernier épisode de “Non, j’ai le meilleur système…”] et j’ai adoré ! J’habite à Saint-Marguerite-du-Lac-Masson (au Québec, au nord de Montréal), et j’ai mon petit système que j’adore ! J’espère qu’on restera en contact. » J’imaginais alors ce « petit système » composé de quatre ou cinq éléments. Imaginez donc ma surprise en découvrant que la liste qu’il m’a envoyée par la suite était aussi longue qu’un parchemin ancien déroulé jusqu’au sol ! Elle contenait plus de 25 composants, dont 6 caissons de basse et 13 haut-parleurs, de quoi alimenter son système Atmos surround 7.6.6 en complément de sa chaîne stéréo.

Lorsque je lui ai demandé où il avait trouvé la place de ranger toutes ces choses, il m'a répondu : « Ma maison est devenue trop petite ! Nous avons acheté cette maison dans le cadre d'un projet de rénovation et nous commencerons la construction de notre nouvelle maison l'année prochaine. J'aurai alors une pièce réservée à tout cela. En attendant, je prends une grande partie de notre salon et ma femme n'est pas très contente. » Je parie.

« Je vais préparer un bon whisky japonais », a-t-il ajouté, comme pour me séduire davantage. « Sympa », ai-je pensé. « Un petit privilège. » J’ai fait mes bagages et mis le cap sur le cœur du soleil, direction les bucoliques montagnes des Laurentides.

Le trajet a été labyrinthique, tout en lacets et en virages sur des routes inclinées vers le haut dans une zone semi-forestière qui a fini par déboucher sur la communauté fermée de Jesus. C'est Jesus lui-même qui m'a accueilli chez lui, dans un costume bleu à béret et mouchoir parfaitement ajusté, avec un T-shirt Maxell « Blown Away Guy ». Alors que nous entrions dans sa salle d'écoute à aire ouverte, j'ai eu un flashback sur les griefs de sa femme. L'installation stéréo / home cinéma occupe une bonne partie - toute la partie, en fait - du salon du couple. Il y avait des enceintes partout ! Sur les murs, le sol et le plafond. C'était comme regarder une version réduite de l'intérieur de la sphère de Las Vegas. Je me suis dit : « La femme de Jesus a vraiment de la chance ».

Bien que j'étais impatient d'écouter l'installation surround avec de la musique — pour ma visite, Jesus avait mis de côté une version Blue-Ray Atmos du Dark Side of the Moon de Pink Floyd — mon objectif principal, pour cet article, était de me concentrer sur la stéréo. En termes d'équipement, cela comprenait un amplificateur 2 canaux ToneWinner AD-1PA, un préamplificateur Emotiva USP-1, un étage phono Graham Slee AMP 3 Fanfare, une platine Music Hall MMF-11.1 avec une cartouche Hana ML, deux caissons de basses SVS 1000 Pro, un lecteur Blu-Ray Sony 4K UHD et une paire d'enceintes Focal Electra 1038Be (Jesus : « Les Focals sont mes bébés et j'adore leur son »).

Originaire du Venezuela, Jesus a immigré au Canada en 2004. La première question que je lui ai posée, chez lui, concernait le moment où il avait été mordu par la passion de l'audio. « J'étais très jeune, » a-t-il dit en me tendant mon verre de whisky japonais (plutôt comme du caramel écossais - c'était tellement doux). « Mon père, qui écoutait beaucoup de musique, a été la première personne à influencer mes goûts en matière de musique et d'audio. Nous avions une très belle chaîne stéréo à la maison avec un récepteur et un magnétophone Optonica — tu connais Optonica ? » Quand j'ai secoué la tête, il a ajouté : « C'était une gamme haut de gamme fabriquée par Sharp. Nous avions aussi une platine Lenco. Je trouvais que le son était incroyable, et j'ai commencé à acheter des disques quand j'avais 12 ans.

« Puis mon frère est parti vivre aux États-Unis pour étudier, » dit-il. « Quand il revenait au Venezuela, deux fois par an, il apportait de la musique. Il m’a fait découvrir Rush, Led Zeppelin, Genesis, et des trucs comme ça. » En hochant la tête comme s'il écoutait la musique pour la première fois, il a ajouté : « Je me suis dit, okay, c’est de la bonne musique. Et le plus drôle, c’est que je ne comprenais pas l’anglais. Alors, j’utilisais un dictionnaire et je traduisais les paroles sur les pochettes de disques. C’est comme ça que j’ai commencé à apprendre l’anglais. »

Après sa passion pour le chaîne stéréo de son père, Jesus a vécu un autre moment crucial dans son éveil audio, encore une fois grâce à son frère basé aux États-Unis. « Il est revenu avec un lecteur CD JVC. À l'époque, c'était le lecteur CD le plus vendu, » a déclaré Jesus. « C'était dans les années 80, et j'étais le seul dans mon quartier à avoir un lecteur CD, donc tous mes amis venaient chez moi et disaient, "hé, c'est quoi ça ?". Ils étaient curieux.

« Après avoir acheté des vinyles pendant 2 ou 3 ans, j’ai commencé à acheter des CD, » raconte Jesus. « Ce n’est qu’en arrivant au Canada que j’ai repris l’achat de vinyles. Je travaillais au centre-ville de Montréal et passais toujours devant un magasin qui exposait une platine Thorens en vitrine. Je m’arrêtais, je la regardais et je me disais : “Un jour, tu seras à moi.” Et quand j’ai eu l’argent, je l’ai achetée.

« Le premier vinyle que j’ai acheté au Canada était Brothers in Arms de Dire Straits chez HMV. Ensuite, j'ai découvert le magasin de disques Aux 33 Tours sur l'avenue Mont-Royal. J’y allais tout le temps, mais maintenant que je vis [dans les Laurentides], j’achète principalement mes vinyles en ligne. »

Cela signifiait-il qu’il écoutait plus de vinyles que de musique numérique ? « Ça dépend, » dit-il. « Je fais beaucoup de streaming — dans la voiture ou avec ma famille dans la cuisine. C’est de la musique de fond. S’asseoir pour écouter de la musique en streaming ? Non, je ne peux pas faire ça. Pour [une écoute sérieuse], j’écoute des vinyles. J’aime le rituel de me lever, de sortir mon vinyle de l’étagère, de le sortir de sa pochette, de le mettre sur la platine. Parfois, je nettoie mes disques. C’est beaucoup plus personnel que le streaming. »

Je lui ai demandé comment il choisissait son équipement. « J'ai fait des recherches sur Internet, » a-t-il dit. « Je voulais améliorer ce que j'avais, alors j'ai commencé à chercher des enceintes et j'ai trouvé les Focal Electra 1038Be. Quand je les ai entendues, j'ai fait 'wow'. Elles n’étaient pas bon marché, mais la qualité est très bonne. »

Je lui ai dit que j'aimais beaucoup l'apparence de ses supports pour composants. « Le gars qui les a fabriqués est du Québec, » a-t-il dit. « Mais je ne pense pas qu'il en fabrique encore. Ce n'était pas bon marché non plus, mais j'aime le style. » Je trouvais que cela rehaussait l'apparence de son système, tout comme les vêtements que portait Jesus lui donnaient fière allure.

« Vous savez, tout coûte de l’argent », dit-il en jetant un coup d'œil à son système. « Même les câbles. Certains disent que les câbles sont très importants. D’autres disent : “Non, un câble reste un câble. Pourquoi dépenser 5 000 $ pour un câble alors que celui dans le mur n'est pas de bonne qualité ?” Moi, je suis entre les deux. J’ai des câbles AudioQuest, Klipsch et Furutech, mais 5 000 $ pour un câble ? » Il m’a lancé un regard suspicieux et a ajouté : « Je ne sais pas. Je pense que certaines entreprises profitent des gens.

« C'est aussi très subjectif, » a-t-il ajouté. « Ce qui me semble haut de gamme peut ne pas l'être pour vous. Et si vous n'entendez pas la différence, vous ne devriez pas acheter un câble coûteux. »

Peut-il nous recommander des améliorations ou des accessoires ?

« Le conditionneur PS Audio PowerPlay IPC-9000 AC. J'entendais parfois un bourdonnement de mise à la terre provenant de mon système, et cela a cessé quand je l'ai installé. J'ai aussi un conditionneur Panamax, mais il n'est rien comparé au PS Audio. Encore une fois, le PS Audio n'était pas bon marché, mais j'ai pu entendre la différence. La qualité de l'électricité ici est très mauvaise et le PS Audio a beaucoup aidé. »

Est-il satisfait du niveau de performance de son système ?

« Je peux vous dire que je suis satisfait de ce que j'ai, » dit-il.

Vous n'êtes donc pas obligé de mettre à jour quoi que ce soit ?

« Il y a toujours des améliorations possibles, » dit-il.

Parce qu'il y avait quelque chose qui ne lui plaisait pas ?

« Non, ça touche parfois une corde sensible, » dit-il en faisant trembler ses mains comme celles d'un accro en manque. « Il me le faut, Il me le faut, Il me le faut. Vous voyez ce que je veux dire.

« Par exemple, ma platine Thorens était bonne. Je l'ai vendue. Je l'ai remplacée par une Pro-Ject RPM 1 Carbon. Ensuite, j'ai déplacé la Pro-Ject vers mon système de bureau et j'ai acheté le monstre Music Hall 11.1. »

« La Music Hall est une très belle platine, » lui ai-je dit.

« C'est un monstre », répond-il affectueusement, en donnant l'impression que l'appareil du Music Hall est une pièce maîtresse. « Il est livré avec un bras de lecture en fibre de carbone et j'ai ajouté une cartouche Hana ML. Le son est quelque chose. C'est comme... c'est comme ça », dit-il en levant son verre de whisky japonais.

Je lui ai demandé ce qu'il aimait le plus dans son système. « J'aime les basses profondes que produisent les enceintes et simplement la qualité du son. J'ai eu différentes enceintes dans ma vie, et je peux vous dire que la qualité sonore maintenant est 'wow' — pour moi. »

J'ai pris une gorgée douce de mon whisky et me suis installé sur le canapé d'écoute. Avec son système en mode 2 canaux, Jesus, en maître de cérémonie, a fait tourner une série de disques argentés et noirs. Sur un LP de Miles Davis, j'ai entendu un son de trompette doux et texturé ainsi qu'une présentation spacieuse et audacieuse sur le plan musical. J'ai perçu de la puissance, du dynamisme et un mur de son devant moi avec un CD de Depeche Mode. Et sur une version Mobile Fidelity du premier disque que Jesus a acheté au Canada, Brothers in Arms de Dire Straits, j'ai entendu une richesse de détails scintillants et des instruments qui se détachaient de l'arrière-plan avec netteté et vivacité. Sur d'autres morceaux à travers différents LPs et CDs, la caractéristique la plus notable que j'attribuerais au son global du système était sa plénitude — des notes, de la taille de la scène sonore, de l'énergie des basses et d'un sentiment sous-jacent de synergie musicale.

J'ai entendu une plénitude similaire, mais très différente dans la manière dont la musique était distribuée dans l'espace, après que Jesus a allumé son système de son surround Atmos avec ses six subs engagés et, via un disque Blu-Ray Atmos, a joué le battement de cœur pulsant - en fait, les coups de grosse caisse de Nick Mason - qui ouvre la première face de DSOTM de Pink Floyd. Je me suis sentie submergée au centre de l'œuvre, le battement de cœur devenant de plus en plus profond et de plus en plus grand, avant de me dominer. « Money » était tout aussi grand et enveloppant, avec des basses puissantes et des effets sonores qui s'entrechoquaient, tournaient et s'élevaient dans une sphère autour de moi - une sphère de Las Vegas rétrécie. C'était trippant, c'est sûr.

À la fin de tout cela, j'ai repensé au mot de trois lettres que Jesus avait évoqué à plusieurs reprises : « Wow ».

Lorsque je l'ai complimenté sur sa configuration, Jesus a souri et hoché la tête en signe d'appréciation, puis il a dit : « Je vais probablement garder les Focals, mais je vais certainement changer le reste de mon système. »

« Quoi ? » demandai-je, surpris. « Vous ne garderiez que les enceintes ? »

« Les enceintes et peut-être l'amplificateur ToneWinner, qui a remplacé un McIntosh MC462. »

« Vous changeriez la platine ? »

Il haussa les épaules. « J'aimerais avoir une Oracle, ou quelque chose comme ça. » Puis, avec un sourire timide, il baissa la tête et marmonna quelque chose contenant les mots « femme » et « approuver ». Je me suis dit : « Est-ce que Jesus vient de dire que sa femme approuve ? Quel chanceux ! »

Des conseils aux lecteurs ?

« Allez au magasin et essayez plusieurs systèmes pour voir ce que vous aimez, » dit-il. « Ici, au Canada, c'est facile — vous pouvez aller au magasin et dire, "d'accord, je veux installer ces Focal avec ceci, ou cela". Si vous achetez souvent au même endroit, vous pouvez obtenir des avantages, comme retourner l'équipement si vous ne l'aimez pas. Si vous êtes un bon client, ils ne veulent pas vous perdre. »

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