PRÉAMBULE

Bienvenue dans ma série « trésors de la voûte à vinyle ». J'y présenterai des perles sélectionnées dans ma collection de vinyles d'environ 12 000 pièces, qui ne cesse de croître, accumulée sur une période de 45 ans et plus encore*. Il ne s'agit pas d'une liste typique des « plus grands de tous les temps », mais plutôt d'une visite guidée. J'ai choisi de vous présenter, en les accompagnant parfois d'une ou deux anecdotes, les singles et les albums de ma collection qui me sont les plus précieux, tant pour leur valeur historique que pour l'impact qu'ils ont eu sur mon parcours musical. Afin de couvrir le plus grand nombre d'entre eux, je n'entrerai pas dans le détail de l'histoire du disque ou de sa qualité sonore - pour ces aspects, je vous invite à visiter mon Top 500 SuperSonic List à l'adresse suivante https://soundevaluations.blogspot.ca/.

Les disques seront présentés dans l'ordre chronologique de leur date d'enregistrement ou de leur date de sortie originale, et non de leur date de réédition, ce qui signifie, par exemple, que les disques suivants seront présentés dans l'ordre chronologique de leur date d'enregistrement ou de leur date de sortie originale. L'iconique Kind of Blue de Miles Davis ne sera présenté qu'une seule fois, en 1959, malgré ses nombreuses remasterisations et rééditions au fil des ans. En outre, tous les pressages sont américains, sauf indication contraire. Si le terme « mono » n'est pas indiqué, considérez qu'il s'agit d'une version stéréo ou que la version stéréo est mon choix de facto entre les deux. Continuons, voulez-vous ?

17- Chet Baker – Chet Baker Sings.     

Pacific Jazz - PJLP-11 (mono) (1954), 10″, PJ-1222 (1956), 12″ LP, Tone Poet Series - B0031300-01 (2020), 33 1/3 rpm. Genre : cool jazz, jazz West Coast, jazz vocal, swing.

Reconnu pour son jazz cool empreint de romantisme, Chet Baker, trompettiste et chanteur, offre des enregistrements parfaits pour ceux qui souhaitent découvrir le jazz de manière progressive. Parmi les nombreux albums que je possède—dont plusieurs sur le label Riverside—Chet Baker Sings est de loin mon préféré. Initialement enregistré en février 1954 dans les studios Capitol à Hollywood, en Californie, l'album est sorti en mai sous la forme d'un 10 pouces comprenant huit morceaux. Deux ans plus tard, il a été réédité en 33 tours de 12 pouces avec six pistes supplémentaires, toujours sous le même titre, sur le label Pacific Jazz. Ce dernier, rebaptisé World Pacific en 1957, se spécialisait dans le jazz de la côte Ouest, contrastant avec le jazz de la côte Est, davantage associé au hard bop de New York. Pour la première session, Baker était accompagné de Carson Smith et Joe Mondragon à la basse, ainsi que de Bob Neel, Shelly Man et Lawrence Marable à la batterie. Lors de la deuxième session, on retrouve Jimmy Bond à la basse et Peter Littman à la batterie, tandis que Russ Freeman, au piano et au célesta, participe aux deux enregistrements. Les quatorze morceaux oscillent entre swing subtil et ballades délicates, et incluent la signature musicale de Baker, « My Funny Valentine », interprétée avec une mélancolie poignante qui a définitivement marqué son style. Les ingénieurs Allan Emig et Phil Turetsky ont su capturer l'essence de ces sessions avec maîtrise, tandis que les musiciens démontrent une écoute réciproque remarquable. Kevin Gray, assisté de Joe Harley, a réalisé une remasterisation entièrement analogique d'exception, produisant l’un des meilleurs disques mono que j’aie entendus sur mon système. Pressé en 180g par RTI, ce disque se distingue par une chaleur, une intimité et un équilibre parfaits sur l'ensemble du spectre sonore. L'emballage et la présentation sont également impeccables. Difficile d'en demander plus.

18- Dizzy Gillespie & Roy Eldridge – Diz and Roy.     

Verve Records - VE-2-2524 (mono) (1977), (2×33 1/3 rpm), jazz, bebop, ballades.

Mon partenaire de crime en collection de disques a récemment mis la main sur cette pépite à petit prix : une compilation double LP de 1977 regroupant 15 morceaux issus des albums de Verve suivants : The Trumpet Kings, Trumpet Battle et Tour de Force. Les faces A, B et C ont été enregistrées en octobre 1954, tandis que la face D date de novembre 1955. Dizzy et Roy sont en grande forme, offrant un mélange de morceaux bebop et de ballades. Louie Bellson et Buddy Rich se partagent la batterie, Ray Brown est à la basse, Herb Ellis à la guitare, et Oscar Peterson au piano. Le son mono est impressionnant, avec des trompettes particulièrement dynamiques et naturelles, ainsi qu’un piano d’une présence mordante. La masterisation de Bob Ludwig est remarquable.

19- Horace Silver and The Jazz Messengers – Horace Silver and the Jazz Messengers.                                                                                                                

Blue Note - BLP 1518 (mono) (1956, juillet ou octobre), Classic Records - BLP 1518 (2006), 33 1/3 tr/min, jazz, hard bop.

Cet album reconditionné est le deuxième LP Blue Note le plus ancien de ma collection, juste après Detroit-New York Junction [BLP 1518] de Thad Jones. Initialement publié sur deux disques 10 pouces enregistrés en novembre 1954 et février 1955, ce disque est un parfait exemple du hard bop émergent, un sous-genre emblématique du label Blue Note. Ce style, combinant bebop, blues, rhythm & blues, et gospel, était l'apanage de Blue Note, souvent produit par Alfred Lion et enregistré par Rudy Van Gelder. Les pressages originaux arborent la célèbre inscription RVG dans le sillon mort. RVG a développé un son signature que certains apprécient et d'autres critiquent. Il excelle dans le rendu des cuivres et de la batterie, mais les basses et le piano sont souvent en retrait. Ici, l’album réunit Horace Silver au piano, Kenny Dorham à la trompette, Hank Mobley au sax ténor, Doug Watkins à la basse, et le légendaire Art Blakey à la batterie, souvent à la tête des Jazz Messengers. Les sessions, enregistrées dans le premier studio de RVG situé dans la maison familiale à Hackensack, offrent un son plus intime et moins réverbérant que ses enregistrements ultérieurs. Mon exemplaire de 200 g est une réédition de 2006 par Classic Records, gravée par Bernie Grundman. Elle est superbe, avec une fidélité sonore exceptionnelle qui met en valeur la dynamique et l’énergie de ces sessions historiques. Une véritable réussite.

20- Miles Davis and Milt Jackson – Quintet/Sextet.                                                                                                                

Prestige - PRLP 7034 (mono) (1956, août), 33 1/3 tr/min, jazz, bebop, hard bop, cool jazz.

Enregistré un an avant sa sortie, Quintet/Sextet—tout comme Relaxin’—est probablement mon album préféré de Miles Davis pendant ses années chez Prestige. L’association entre Davis et le vibraphoniste Milt Jackson, alors au sommet de sa carrière avec le Modern Jazz Quartet (MJQ), mêle l’énergie du bebop à une ambiance plus cool. Remplaçant Rollins au ténor, le jeune Jackie McLean, à l’alto, incarne l’esprit de Charlie Parker sur deux des quatre morceaux, qui sont d’ailleurs mes favoris de l’album—ce qui n’est pas surprenant vu mon admiration pour McLean dans ses albums ultérieurs chez Blue Note. Le « batteur maison » de Prestige, Art Taylor, établit le tempo, avec Percy Heath (également membre du MJQ) à la basse, et Ray Bryant au piano. L’album se termine par une ballade, tandis que les trois premiers morceaux oscillent entre un swing modéré et un bop plus rapide. Van Gelder poursuit sa recette sonore habituelle dans son célèbre studio de Hackensack, New Jersey. J’ai eu la chance, il y a des années, de dénicher un pressage original signé RVG en bon état, avant que les prix n’explosent. Fidèle aux originaux Prestige, le son met légèrement en avant les vibraphones et les cuivres, tout en maintenant une présence correcte de la section rythmique.

21- Frank Sinatra – Songs for Swingin’ Lovers!

Capitol Records - W 653 (mono) (1956, mars), 33 1/3 tr/min, swing, pop traditionnelle, ballade, chant de big band, jazz.

Enregistré entre octobre 1955 et janvier 1956, cet album est le quatrième de Frank Sinatra chez Capitol, sur un total de seize pour le label, et figure parmi mes albums préférés de l’artiste. Composé de quinze titres—principalement des standards de jazz vocal issus du Great American Songbook signés Gershwin, Cole Porter ou Johnny Mercer—chaque morceau brille sous l’interprétation de ce maître chanteur qui venait de célébrer ses quarante ans. Nelson Riddle, fidèle collaborateur, a arrangé et dirigé l’orchestre avec son style élégant et intemporel, comme lors de nombreuses collaborations avec Sinatra. Aucun titre ne se démarque par sa faiblesse : tous sont sublimés par la voix magistrale de Sinatra et les orchestrations raffinées de Riddle.

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*Je m'en voudrais de ne pas mentionner que je partage certains de ces 12 000 disques avec un autre chasseur de vinyles, un co-conspirateur et un ami de toujours

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Liste de référence (singles, albums et étiquettes) :

Chet Baker - Chet Baker Sings. Pacific Jazz - PJLP-11 (mono) (1954), 10″, PJ-1222 (1956), 12″ LP, Tone Poet Series - B0031300-01 (2020), 33 1/3 rpm. Genre : cool jazz, jazz West Coast, jazz vocal, swing.

Dizzy Gillespie & Roy Eldridge - Diz and Roy. Verve Records - VE-2-2524 (mono) (1977), (2×33 1/3 rpm), jazz, bebop, ballades.

Horace Silver and The Jazz Messengers - Horace Silver and the Jazz Messengers. Blue Note - BLP 1518 (mono) (1956, juillet ou octobre), Classic Records - BLP 1518 (2006), 33 1/3 rpm, jazz, hard bop.

Miles Davis and Milt Jackson - Quintette/Sextette. Prestige - PRLP 7034 (mono) (1956, août), 33 1/3 rpm, jazz, bebop, hard bop, cool jazz.

Frank Sinatra - Songs for Swingin’ Lovers!. Capitol Records - W 653 (mono) (1956, mars), 33 1/3 tr/min, swing, pop traditionnelle, ballade, chant de big band, jazz.