La première tournée américaine des Rolling Stones, en 1964, a été un véritable chaos rock 'n' roll et un choc des cultures. Voici une plongée dans les anecdotes et les aventures qui ont marqué cette tournée historique, qui a ouvert la voie au statut légendaire du groupe.
Le vol qui a failli ne pas avoir lieu
Avant même que les Stones ne posent le pied sur le sol américain, leur vol transatlantique est un drame en soi. Brian Jones, le premier guitariste du groupe, a failli rater le vol parce qu'il était trop absorbé par la préparation de sa flamboyante garde-robe. D'après Keith Richards, Jones a insisté pour apporter plusieurs valises remplies de ses vêtements de style dandy, ce qui a donné lieu à une course effrénée de dernière minute à l'aéroport. Mick Jagger, toujours pragmatique, a dû persuader Jones de laisser derrière lui certains de ses objets les plus extravagants. Cet incident a donné le ton à une tournée qui allait être remplie de défis inattendus et de personnages hauts en couleur.
L'auditorium Swing : Une scène surréaliste
Le Swing Auditorium, situé à San Bernardino, en Californie, était un lieu sans prétention, plus habitué à accueillir des spectacles de country-western et des bals locaux. Le 5 juin 1964, il s'est transformé en champ de bataille du rock 'n' roll. Le spectacle d'adolescentes hurlant à pleins poumons sur fond de bottes de foin et de chapeaux de cow-boy était surréaliste. La police locale, qui n'était pas préparée à l'intensité des fans des Stones, s'est efforcée de maintenir l'ordre alors que la foule avançait, désespérée de se rapprocher du groupe. L'énergie brute et l'attitude rebelle des Stones ont électrisé le public, marquant le début de leur conquête de l'Amérique.
Le choc culturel américain
Habitués au public britannique, plus réservé, les Stones sont surpris par les fans américains, exubérants et souvent chaotiques. Lors de leur séjour à Chicago, ils visitent Chess Records, le haut lieu du blues américain. Ils y ont rencontré leur idole, Muddy Waters, qui peignait nonchalamment le plafond. Mick Jagger et Keith Richards ont été stupéfaits et cette rencontre a renforcé leur amour pour le blues américain. Ils ont également rencontré d'autres légendes du blues, comme Willie Dixon et Buddy Guy, ce qui a renforcé leur lien avec les racines du rock 'n' roll.
L'aventure difficile de San Antonio
L'un des incidents les plus célèbres s'est produit à San Antonio, au Texas, au Municipal Auditorium. Le public, ne sachant que faire de ces envahisseurs britanniques, réagit avec un mélange d'enthousiasme et de perplexité. Le public local est composé d'amateurs de rock et de curieux, ce qui donne un mélange explosif. Lorsque le groupe se lance dans son concert, la foule devient tellement incontrôlable que la police locale finit par utiliser des lances à incendie pour disperser les fans surexcités. Mick Jagger, toujours aussi provocateur, a encouragé la foule, se délectant du chaos. Cet incident n'a fait qu'alimenter leur image de mauvais garçons et a fait la une des journaux dans tout le pays.
Éviter les paparazzis
Au fur et à mesure que leur notoriété grandit, la frénésie médiatique qui les entoure s'intensifie. Les Stones ont dû développer des réflexes rapides pour éviter les paparazzis omniprésents. Lors d'un incident légendaire, un journaliste a tenté de s'introduire dans leur hôtel en se faisant passer pour un serveur. Il fut rapidement démasqué lorsqu'il trébucha et renversa un plateau de boissons sur Charlie Watts. Ce dernier, avec l'humour pince-sans-rire qui le caractérise, a simplement tendu une serpillière à l'homme et lui a dit de nettoyer. Ce genre de réflexion rapide et d'humour a aidé le groupe à faire face à l'examen minutieux de la presse.
Le fameux incident du DJ
Lors d'un incident désormais célèbre, les Stones sont invités à participer à une émission de radio populaire animée par le DJ Murray the K. Connu pour son style d'interview très énergique et souvent envahissant, Murray pousse le groupe dans ses derniers retranchements avec ses questions rapides et son enthousiasme incessant. Brian Jones, fatigué des pitreries du DJ, a craqué et s'est retiré en plein milieu de l'interview, laissant Murray combler le vide par des excuses frénétiques et des commentaires improvisés. Ce moment est devenu le symbole du refus du groupe de se conformer aux attentes des médias et a ajouté à leur mystique rebelle.
Naviguer dans le Sud américain
La tournée dans le sud des États-Unis a présenté son lot de défis. À une époque et dans un lieu où les normes culturelles étaient radicalement différentes, les Stones ont dû faire face à la fois à l'adoration et à l'hostilité. Dans une ville, les autorités locales ont menacé de les arrêter pour incitation à l'émeute, simplement parce que leur musique mettait le public en ébullition. Dans une autre, ils ont été accueillis par des manifestants qui dénonçaient leur apparence "cheveux longs" et leur musique "immorale". Malgré ces difficultés, les performances des Stones témoignent de leur détermination et de leur résistance. Ils ont joué avec une intensité qui a conquis même les publics les plus sceptiques.
Feu d'artifice du spectacle final
La tournée se termine par un concert désormais légendaire à l'Académie de musique de New York. À cette occasion, les Stones ont peaufiné leur jeu sur le fil du rasoir et le public répond avec un enthousiasme débridé. Lors de la dernière chanson, "It's All Over Now", l'énergie du public a atteint son paroxysme et le groupe s'en est nourri, livrant une performance explosive qui a laissé tout le monde en ébullition. La soirée s'est terminée par une jam session improvisée en coulisses, où les Stones ont joué avec des musiciens locaux jusqu'au petit matin, consolidant ainsi leur lien avec la scène musicale américaine.
Une nuit inoubliable
La première tournée américaine des Rolling Stones a été un moment décisif non seulement pour le groupe, mais aussi pour le rock 'n' roll lui-même. Ce voyage chaotique et exaltant a consolidé leur réputation de mauvais garçons du rock et a ouvert la voie à leur héritage durable. Qu'il s'agisse d'éviter les paparazzis, de négocier les pièges culturels ou d'enflammer les foules avec leur énergie brute et indomptée, la tournée des Stones en 1964 est entrée dans la légende.
Alors que les derniers accords retentissaient à New York, une chose était claire : les Rolling Stones étaient arrivés, et la musique américaine ne serait plus jamais la même. Le rock 'n' roll a trouvé ses nouveaux rois, et ils sont là pour rester.
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