Rapidement, pouvez-vous citer un amplificateur intégré capable de passer d'une topologie de classe A à une topologie de classe A/B ? Que diriez-vous d'un amplificateur doté d'un réglage de tonalité pour les graves et les aigus qui fonctionne réellement ? Ou encore d'une commande de rétroaction qui vous permet d'ajuster la contre-réaction pour améliorer la transparence ? Permettez-moi de vous poser la question suivante : un tel amplificateur, avec des topologies de classe A et de classe A/B offrant respectivement 25 Wpc et 40 Wpc, avec des commandes de tonalité et de rétroaction, pourrait-il piquer votre curiosité ?

Je sais ce que certains d'entre vous pensent, car je pensais la même chose, et je continue de le penser dans la plupart des cas. Les commandes de tonalité, c'est nul. Elles dénaturent toute la gamme de fréquences. Je les ai détestées dès le premier jour : la chaîne stéréo d'une seule marque que mes parents m'avaient achetée dans un magasin de meubles dans les années 1980 était équipée d'un égaliseur graphique qui assassinait ma musique. Mais après avoir essayé le TS34, je ne déteste plus les réglages de tonalité. J'en vois maintenant le potentiel et l'utilité.

Qui l'aurait cru ? Eh bien, Thomas Tan de Galion Audio, lui, le savait. Le manuel d'utilisation du TS34 précise que le contrôle de tonalité de l'ampli n'affecte pas les fréquences comme les contrôles de tonalité classiques. Et d'après ce que j'ai entendu, c'est vrai. Il n'y avait rien de gadget, de bon marché ou de typique des égaliseurs des années 80. La commande de tonalité du TS34 a compensé des basses enfouies dans le mixage et des aigus trop agressifs. Elle "corrige" les défauts de l'enregistrement et, ce faisant, rend la musique plus naturelle, et non moins.

Voici un aperçu des caractéristiques du TS34, en commençant par le panneau avant : un bouton « Bias » flanqué d'une série de diodes électroluminescentes qui confirment que les tubes sont correctement polarisés (le manuel recommande de polariser les tubes tous les trois mois ou après que l'utilisateur change de tubes ou de type de classe) ; un bouton « Class » pour sélectionner les modes classe-A et classe-A/B ; un sélecteur « Input » ; et un bouton « Sound » qui vous permet de choisir entre les positions T, qui signifie « tone control », et A et B, deux réglages d'ajout de contre-réaction. Thomas explique : « Les positions A et B ont des réglages de contre-réaction différents, le B ajoutant le plus de contre-réaction, de sorte qu'ils sonneront différemment dans votre système. La position T signifie que vous activez le contrôle de tonalité. La commande de tonalité ne fonctionne qu'en position T. Les positions A et B la contournent. »

Au dos de l'ampli, on trouve cinq entrées RCA, dont une entrée « HT » home cinéma, qui contourne le contrôle de volume du TS34 afin que vous puissiez utiliser celui d'un appareil externe, tel qu'un récepteur AV. On trouve également une sortie « Tape-Out », une sortie « Sub-Out », des bornes pour haut-parleurs de 4 et 8 ohms, un interrupteur « Ground » en cas de ronflement excessif, ainsi qu'un interrupteur pour le réglage du type de tube, car il est également possible d'utiliser des tubes KT88 à la place des EL34. Si l'ampli est allumé alors que le mauvais type de tube est sélectionné, le TS34 se met en mode protection et s'éteint.

Le TS34 est livré avec une lourde télécommande en métal, une cage tubulaire rappelant celle de certains produits PrimaLuna, et un complément de tubes consistant en deux 12AX7, deux 12AT7 et quatre tubes EL34 (je n'ai pas reçu ou n'ai pas eu de KT88). Les autres articles trouvés dans la boîte d'expédition comprenaient un câble d'alimentation et deux manuels : un guide de démarrage rapide et un manuel complet qui, entre autres choses, suggère une période de rodage de 300 heures avant que l’ampli ne donne le meilleur de lui-même. Le TS34 utilise un redresseur à semi-conducteurs et trois types de condensateurs, de Solen, Clarity et Jupiter. Selon Thomas : « Ce qui rend le son de l’ampli si spécial, ce sont les condensateurs Jupiter Bumblebee. Il s'agit de condensateurs à film à bain d’huile, utilisés dans les électroniques des années 50 et 60. » Ils ne sont pas non plus bon marché, coûtant environ 30 $US chacun directement auprès du fabricant.

J'ai connecté le Galion TS34 à ma platine Rega P5 et à mes enceintes Focal Aria K2 936, et j'ai commencé mon écoute avec le TS34 en mode classe A, le bouton « Sound » en position T (tone control), mais avec les boutons des graves et des aigus fixés en position centrale, « neutre ». Le premier album que j'ai écouté était At the Pershing (LP, 20th Century Masterworks 350259) par le Ahmad Jamal Trio. Les applaudissements de la foule qui ouvrent la face A semblaient spontanés et vivants, presque éclatants, tout comme les notes de piano qui lancent le premier morceau, « But Not For Me ». Peut-être parce que les sons semblaient irradier des couleurs dans ma pièce, j'ai fait quelque chose que je ne fais pas d'habitude : j'ai éteint les lumières de la salle d'écoute et je me suis laissé bercer par la lueur des notes, qui résonnaient en rafales réverbérées. Les notes de contrebasse et les coups de batterie étaient clairs, parfaitement rythmés et harmoniquement riches. Cet enregistrement a mis en évidence la capacité du TS34 à séparer les instruments et à les disposer sur une scène, en leur donnant de l'espace pour respirer de manière créative et tonale. Les notes délivraient force, impact, corps et une immédiateté expressive. Il n'y avait pas de manque de basses : elles étaient pleines et agiles, offrant une base rythmique solide à la musique.

Ensuite, j'ai écouté La Marche des Hommes (LP, Capitol ST-70.038), un album québécois classique du groupe Morse Code. Le TS34 a rendu la musique de cet album, au son correct, plus harmonieuse et plus substantielle que dans mon souvenir, avec des images plus audacieuses et plus denses. Le TS34 a apporté de la chair à la musique et a semblé électrifier la présentation, la mettant un peu plus en avant qu'avec mon amplificateur intégré de référence, le Grandinote Shinai, mais sans agressivité. La scène sonore était dense mais organisée, avec une excellente séparation des instruments.

J'ai ensuite fait tourner Rock Festival des Youngbloods (LP, Warner Bros. WS 1878), un autre enregistrement à la sonorité douteuse. Pourtant, grâce au TS34, le son avait de la substance : puissant, expressif et plein de nuances. La basse électrique et la batterie, cependant, semblaient enfouies dans le mixage, ce qui a réveillé mes instincts de mixeur et m'a poussé à prendre le contrôle de la commande de tonalité. J'ai monté lentement le bouton des basses... et vlan ! La guitare basse s'est mise en avant, dansant au rythme, tandis que la batterie a gagné en poids et en ampleur. Le reste de la gamme de fréquences semblait intact. Cet album sonnait tout simplement mieux que je ne l'avais jamais entendu.

L’album de Tom Waits, Swordfishtrombones (LP, Island Records 79 00951), contient une variété de sons, principalement percussifs. Grâce au TS34, tous ces sons étaient distincts, avec une intégrité structurelle, et se déplaçaient avec une force rythmique et une physicalité bondissante. Je n'ai pas ressenti le besoin d'ajuster la tonalité, mais j'ai tout de même essayé les positions de feedback A et B, et dans les deux cas, j'ai préféré l'ampli sans feedback. Bien que l'ajout de feedback semble offrir un peu plus de détails, j'ai eu l'impression que cela se faisait au détriment d'une diminution des harmoniques.

La partie la plus surprenante pour moi s'est produite lorsque j'ai suivi la procédure en quatre étapes pour faire passer l'ampli d'une classe à l'autre, de la classe A à la classe A/B, et que j'ai réécouté les albums précédents que j'avais écoutés en classe A. Dans ma configuration salle/système — dans ma configuration — la musique en classe A/B, comparée à la classe A, sonnait un peu plus charnue, plus dimensionnelle, plus transparente et harmoniquement plus riche, avec une scène sonore plus profonde de l'avant à l'arrière. Je ne peux pas forcément expliquer pourquoi, mais c'est comme ça : aussi satisfaisant que l'ampli soit en classe A, j'avais une légère préférence pour la classe A/B. De plus, en mode classe A/B, je n'ai ressenti aucun besoin d'ajuster le contrôle de tonalité pendant l'écoute des albums susmentionnés.

En résumé

Je me suis bien amusé avec le TS34. Bien que certaines de ses fonctions ne soient pas intuitives à utiliser — gardez bien le manuel à portée de main — j'ai apprécié que l'ampli me permette d'améliorer les attributs sonores d'un enregistrement de faible qualité, ou simplement d'ajuster le son selon mon humeur ou mes préférences. Vous pouvez théoriquement trouver le type de tube idéal, le meilleur équilibre entre graves et aigus, ou la quantité parfaite de contre-réaction, pour chaque morceau que vous écoutez — vous savez, pour une de ces soirées audio folles et passionnantes.

Seul, dans son état standard et sans fonctions activées, l’amplificateur intégré Galion TS34 offre un son de très haute qualité. Il délivre un son transparent, charnu et vivant, accompagné de basses profondes. Les fonctions supplémentaires de réglage sonore constituent un véritable atout. Pour 2975 $US (environ 4230 $CA), le TS34 vous permet d’apprécier une musique d’une qualité remarquable. Je doute qu’il soit possible de trouver un amplificateur intégré offrant une telle qualité sonore combinée à autant de flexibilité pour moins du double du prix du TS34.