PRÉAMBULE
Bienvenue dans cette série où j'explore l'histoire du hard rock, du heavy rock et du heavy metal, y compris les nombreux sous-genres du metal. Vous y trouverez, et j'espère découvrirez, des artistes et des albums clés qui vous permettront de mieux comprendre et apprécier cette facette fascinante d'un rock puissant et souvent rebelle. Les sélections seront présentées dans un ordre chronologique basé sur leur date de sortie originale. Je n'entrerai pas dans les détails de la qualité sonore des enregistrements ; il suffit de dire que ces productions rock sont parfois crues et agressives, ce qui est tout à fait pertinent compte tenu de la nature de la bête. Ne vous attendez donc pas à des sonorités parfaitement polies dignes des démos de Steely Dan, Supertramp ou Eagles. La qualité sonore n’a pas été un critère de sélection pour cette série, ce qui signifie que vous trouverez un éventail de niveaux, allant du très médiocre (souvent en raison d'une surcompression ou de choix d'égalisation douteux) à du très impressionnant, enthousiasmant et captivant.
Le chemin de l'Eden...
1968 a été une année tumultueuse à l’échelle mondiale, particulièrement traumatisante et agitée aux États-Unis, marquée par des guerres, des émeutes et des assassinats qui ont envahi les champs, les rues et les écrans de télévision du monde entier. En janvier de cette même année, la Californie a apporté un autre poids lourd à cette liste, cette fois en provenance de San Diego plutôt que de San Francisco : Iron Butterfly. Le groupe a sorti son premier album intitulé Heavy—c’était la première fois que ce terme entrait dans le lexique musical. Le quintette, récemment devenu quatuor, a frappé un grand coup en juin avec la sortie de son deuxième album, In-A-Gadda-Da-Vida, et tout particulièrement sa pièce-titre.
4- Iron Butterfly - In-A-Gadda-Da-Vida. ATCO Records - SD 33-250 (1968, juin), Mobile Fidelity Sound Lab - MFSL 1-368, (2020, janv.), 33 1/3 tr/min, 180 grammes. Genre : acid rock, rock psychédélique, heavy rock, proto-heavy metal, rock occulte.
L'album s'est vendu à 8 millions d'exemplaires dès sa première année, atteignant 30 millions depuis sa sortie. D'une durée de tout juste 17 minutes, « In-A-Gadda-Da-Vida »—dont le titre viendrait d'une tentative ébrieuse de Doug Ingle, chanteur du groupe, pour présenter sa nouvelle chanson « In the Garden of Eden » à son camarade Ron Bushy—domine toute la deuxième face de l’album. Cette pratique, novatrice à l’époque, deviendra une tendance dans le prog rock, le space rock des années 1970 et même l’Eurodisco. « IAGDV » se distingue par une brève introduction au clavier Vox Continental jouée par Ingle, qui assoit les références psychédéliques du morceau et lui confère une ambiance occulte. Ce style sera repris plus tard dans les sous-genres du black metal et du doom metal. Le riff principal, hypnotique et modal en tonalité mineure, semble largement inspiré de « Sunshine of Your Love » de Cream. Quant au célèbre solo de batterie de Bushy, d’une durée de deux minutes et demie, il figure parmi les premiers solos enregistrés dans l’histoire du rock. Les cinq autres morceaux de la face A, bien que rarement diffusés, méritent néanmoins d’être explorés. Cependant, l’immense popularité de « IAGDV » a éclipsé les autres titres, consolidant la réputation du groupe en tant que « one-hit wonder ». L'album a été conçu par Don Casale aux Ultra-Sonic Studios à Hempstead, New York, ainsi qu’aux Gold Star Studios à Hollywood, en Californie. La réédition MoFi de 2020, remastérisée par Krieg Wunderlich, améliore nettement la gamme limitée du pressage original, en faisant une option nettement supérieure. Pour plus de détails, rendez-vous sur : https://pmamagazine.org/mofis-in-a-gadda-da-vida-and-truth-reviewed-pt-1/.
You can’t handle the truth…
À l'origine membre des Yardbirds, le guitariste britannique Jeff Beck a rassemblé le chanteur Rod Stewart, le bassiste Ron Wood et le batteur Micky Waller afin de travailler sur ce qui deviendrait son premier album.
5- Jeff Beck - Truth. Columbia - SCX 6293 (UK) (1968, juillet), 33 1/3 rpm, Mobile Fidelity Sound Lab - MFSL 1-368, (2021, juillet), (2×45 rpm), 180 grammes. Genre : blues rock, heavy rock, rock psychédélique.
Sorti en juillet 1968, un mois après l'album In-A-Gadda-Da-Vida d’Iron Butterfly, Truth n’a pas atteint le même niveau de succès commercial. Cependant, le disque s’est révélé tout aussi important, voire plus, pour l’évolution du heavy rock, en intégrant des éléments qui allaient devenir essentiels au développement du genre dans les années 1970. De plus, grâce à Jeff Beck, le heavy rock a exercé une influence durable sur de nombreux grands guitaristes qui lui ont emboîté le pas. Truth était une véritable révolution. Si vous ne connaissiez pas cet album, vous pourriez aisément croire, en l’écoutant, qu’il s’agit d’un album perdu de Led Zeppelin—mais il est sorti près de six mois avant les débuts de Zeppelin. Le fil conducteur qui unissait tous ces premiers groupes et disques anglais était, bien sûr, le blues—plus précisément le blues électrique ou le Chicago blues. Ce genre, amené dans les villes américaines par des artistes noirs plus âgés, a été réapproprié principalement par de jeunes musiciens britanniques blancs—à l’exception notable de Jimi Hendrix—qui ont utilisé leurs instruments pour amplifier la densité et la distorsion du son, créant ainsi un style résolument plus agressif. L’album comprend dix titres, mêlant compositions originales signées Beck et Stewart, reprises de blues et morceaux traditionnels. La voix rauque de Rod Stewart s’accorde parfaitement avec les riffs tordus et saturés de la guitare de Beck. L’album a été enregistré par Ken Scott dans les studios Abbey Road, Olympic et De Lane Lea, à Londres. La réédition double 45 tours MoFi de 2021, remastérisée par Krieg Wunderlich, offre une qualité sonore exceptionnelle et est celle à privilégier. Pour un compte rendu plus détaillé, rendez-vous sur : https://pmamagazine.org/mofis-in-a-gadda-da-vida-and-truth-reviewed-pt-2-2/.
You say you want a Revolution…
Pourquoi un album des Beatles figure-t-il dans cette série ? Parce qu’il se trouve que même les Fab Four, célèbres pour leur exploration de multiples genres musicaux au cours de leur carrière, ont apporté leur pierre à l’histoire du rock lourd.
6- The Beatles - The Beatles. Apple Records - PCS 7067/8 (UK) (1968, nov.), (2×33 1/3 rpm). Genre : rock & roll, rock psychédélique, pop, ska, pop expérimentale, folk, folk rock, music hall, pop baroque, country, country rock, ragtime, hard rock, blues rock, heavy rock, proto-heavy metal, proto-punk, soul, avant-garde, collage sonore.
Souvent accusé par les critiques de composer des ballades jugées sirupeuses ou sentimentales, McCartney souhaitait enregistrer une chanson qui remettrait ces détracteurs à leur place. Il avait découvert une interview dans laquelle Pete Townshend, le guitariste de The Who, se vantait que leur nouveau single, « I Can See for Miles », était le morceau le plus bruyant et le plus brut qu’ils aient jamais enregistré. Inspirés par l’idée de surpasser ce titre dans la catégorie du « plus bruyant et plus brut », McCartney et Harrison ont poussé leurs amplis de guitare au maximum, cherchant à produire un son saturé et rempli de distorsions. Le résultat ? « Helter Skelter ». La chanson, initialement enregistrée en juillet 1968 dans un style plus long et plus lent, a nécessité plusieurs prises supplémentaires en septembre avant d’aboutir à la version rapide et explosive que nous connaissons tous. Ce titre figure sur la face 3 de l’album éponyme du groupe, mieux connu sous le nom de L’Album blanc (The White Album). Fidèle à sa réputation, « Helter Skelter » s’impose comme l’une des chansons les plus agressives, rauques et lourdes de l’époque, et pas seulement pour les Beatles. Certains ont avancé que la présence de Yoko Ono, une source de tensions récurrentes entre les membres du groupe pendant les sessions d’enregistrement, aurait pu contribuer à ce son plus brut et plus intense. La notoriété historique de « Helter Skelter » a également été amplifiée par son appropriation par Charles Manson, le chef de la secte criminelle américaine, qui s’en est servi pour tenter de déclencher une guerre raciale entre Noirs et Blancs aux États-Unis. Les autres morceaux de ce double album éponyme explorent une multitude de genres musicaux, dans des directions très variées. Cependant, « Helter Skelter » demeure le seul titre de heavy rock. Contrairement à Sgt. Pepper et aux albums précédents, où transparaissait une réelle camaraderie et un effort collectif, L’Album blanc ressemble davantage à une collection de morceaux créés par quatre individus évoluant chacun de leur côté, signe que « la longue et sinueuse route » touchait à sa fin. L’album a été produit par George Martin et Chris Thomas, tandis que les ingénieurs Ken Scott, Geoff Emerick et Barry Sheffield ont collaboré aux studios EMI (aujourd’hui Abbey Road) et Trident à Londres. C’était le premier album des Beatles à tirer parti de la technologie alors relativement nouvelle des magnétophones à huit pistes, rendant les procédures d’enregistrement et de mixage bien plus complexes qu’auparavant, lorsque tout se faisait sur des machines à quatre pistes.
Pour en savoir plus sur Claude Lemaire, visitez...
https://soundevaluations.blogspot.ca/
Liste de référence (singles, albums et étiquettes) :
4. Iron Butterfly - In-A-Gadda-Da-Vida.
ATCO Records - SD 33-250 (1968, juin), Mobile Fidelity Sound Lab - MFSL 1-368, (2020, janv.), 33 1/3 rpm, 180 grammes. Genre : acid rock, rock psychédélique, heavy rock, proto-heavy metal, rock occulte.
5. Jeff Beck - Truth.
Columbia - SCX 6293 (UK) (1968, juillet), 33 1/3 rpm, Mobile Fidelity Sound Lab - MFSL 1-368, (2021, juillet), (2×45 rpm), 180 grammes. Genre : blues rock, heavy rock, rock psychédélique.
6. The Beatles - The Beatles (alias The White Album).
Apple Records - PCS 7067/8 (UK) (1968, nov.), (2×33 1/3 rpm). Genre : rock & roll, rock psychédélique, pop, ska, pop expérimentale, folk, folk rock, music hall, pop baroque, country, country rock, ragtime, hard rock, blues rock, heavy rock, proto-heavy metal, proto-punk, soul, avant-garde, collage sonore.
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